La Caisse Nationale de Prévoyance Sociale des Agents de l’Etat (CNPSAE) vaut désormais d’être appelée Caisse Nationale des Prédateurs d’Argent de l’Etat. Chaque mois, ce sont des milliards de nos francs destinés aux pensionnés de l’Etat qui s’envolent des caisses pour alimenter le trésor de fonds des hauts commis tant civils que militaires. Cette enquête met en lumière une corruption d’Etat érigée en système de
De la gestion du fichier des pensionnés
En effet, l’Etat Guinéen avec un peu plus de 120.000 fonctionnaires, dispose d’un total de 86.845 pensionnés officiellement enregistrés à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale des Agents de l’Etat sans compter les retraités de décembre 2021. Chaque mois, le montant consacré au paiement des pensions (civile et militaire), s’élève à plus de 120 milliards de francs Guinéens. Cette année, dans le budget de 2022, le gouvernement du Colonel Doumbouya prévoit de payer 1 600 milliards de nos francs pour le même objectif.
Le recensement biométrique et la détection des fictifs
Avant Alpha Condé, les pensions étaient gérées par la direction nationale du Trésor. Après la création de la CNPSAE, il a été initié par les autorités d’alors de procéder au recensement de l’ensemble des pensionnés de l’Etat. C’est la société INOVATECH qui a été recruté pour mener cette opération qui aurait coûté plus de 15 milliards à l’Etat.
Selon les informations, ce recensement a permis de déceler plus de 21 000 pensionnés fictifs dont 17 000 nouveaux ajouts avec des documents et 4000 inexistants sans aucun fond de dossier. Le montant des 4 000 s’élevait à 3 milliards de francs guinéens par mois. Cette somme a été régulièrement empochée par les différents ministres de la fonction publique. Il a fallu attendre l’arrivée de Dr Mamadou Ballo à la tête du département pour assister à l’arrêt du décaissement frauduleux de cet argent.
Sur le cas des 17 000 faux dossiers, les auteurs se sont servis de leurs complices syndicalistes pour rencontrer le Président Alpha Condé. Tout a été mis en œuvre pour le faire à l’existence des 17 000 pensionnés. Ils déclarent au Président Condé que l’opération d’enrôlement s’est mal déroulée et que cela pourrait occasionner une révolte des soi-disant pensionnés.
Ne voulant pas assister à la prétendue révolte, Alpha a ordonné à la société INOVATECH de retourner avec les syndicalistes pour recenser les 17 000. Sauf que malheureusement les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. En lieu et place de la société de recensement, ce sont les syndicalistes, le patronat, des cadres de la caisse et de l’inspection générale de la fonction publique qui ont exigé la mise à disposition des fiches pour qu’ils aillent eux-mêmes enregistrer les 17 000 sur le terrain. Certains sont allés remplir 500 fiches, d’autres 200, etc.
Le Mémo confidentiel suite à la non application des recommandations de l’enrôlement
Dans ce mémo confidentiel adressé au nouveau patron de la CNPS d’alors et dont avons pu obtenir copie, il était mentionné ce qui suit :
– La branche de la pension n’a pas un fichier stable
– Le fichier est garni de fictifs et de titres recyclés qui continuent à être payés et malheureusement vont dans les poches des individus
– De nos jours, le fichier comporte des titres des années 60 et 80 qui sont déjà reversés aux veuves des ayant-causes, mais qui continuent à être payés
– Techniquement, il n’est pas évident de trouver actuellement en vie quelqu’un qui a été à la retraite en 1970
– Pourtant, le fichier comporte des titres de pensions qui ont été liquidés dans les années 70
– Ceci nécessite impérativement une grande inspection pour assainir le fichier qui d’ailleurs a été commencé et non achevé par un recensement biométrique
– Autre aspect de cette magouille, c’est la majoration fantaisiste des montants de la pension
– Une pension normale qui est payée entre 440 000 et 1 000 000, est majoré jusqu’à 3 millions
– Des titres bloqués sont débloqués et majorés par la complicité du service informatique
– Courant la période de paie, il y a toujours un montant non payé qui reste et qui est partagé entre quelques responsables de la CNPSAE et les chefs d’agences des communes et préfectures
– Actuellement, ni la CNPSAE, ni le ministère du Budget ne peuvent fournir un fichier qui reflète les réalités du terrain. L’Etat débourse pour le paiement de la pension civile, plus de 100 milliards sans compter le budget de fonctionnement
NB : ces informations ne concernent que la pension civile.
De la magouille dans le paiement des pensions
Malgré cela, l’État a continué de payer les pensions des 17 000 sans arrêt. Le montant fait plus de 13 milliards de francs par mois.
Parallèlement à cela, de la prise du pouvoir par le CNRD jusqu’à la nomination de Docteur Cissé comme DG de la CNPEAE, l’Etat Guinéen payait également des milliards chaque mois soit entre 1 500 000 et 3 millions par personne pour un autre lot de 3500 pensionnés dont les arrêtés de concession n’étaient jamais signés. Or, le paiement des pensions est subordonné à la signature de ce document.
A côté de cette honteuse situation, les responsables des agences de la Caisse ont réussi à s’octroyer des titres de pensions pour un total de 1.300 pensionnés dont le montant s’élève à 1 milliards 300 mille.
L’autre magouille à la CNPS, est la gestion des reversions. C’est-à-dire, le paiement de la pension aux ayant-causes après le décès des ayant-droits. Le principe voudrait d’une réduction du montant de la pension destinée aux veuves ou veufs. Malheureusement à ce niveau, la plupart des pensionnés hommes décédés se voient attribuer 2, 3 ou 4 femmes alors qu’ils n’en avaient qu’une ou deux. Et, au lieu que le montant de la pension baisse, on assiste à une majoration fantaisiste parfois à plus de 1000%. Cet argent est empoché par des cadres civils et militaires.
A cela, s’ajoutent également des pensionnés payés sur la base de faux arrêtés de départ à la retraite. C’est-à-dire, des listes de soi-disant fonctionnaires nouvellement retraités avec des faux arrêtés de départ à la retraite.
L’autre situation, c’est le cas des doublons. Les dossiers des nouveaux pensionnés sont copiés et leurs photos remplacées pour créer des pensions parallèles. Ce sont généralement ces pensionnés qui courent des années avant de percevoir leur argent.
A l’intérieur du pays, c’est une triste réalité. On nous apprend que les directions préfectorales du Trésor qui avaient la charge de payer les pensions, déterminent le délai de paiement. Tout pensionné qui ne se présente pas dans ce délai, voit sa pension bloquée pour le mois et les montants ne sont jamais reversés à l’Etat.
Aussi, dans le fichier géré par les services informatiques, jusqu’à date, les pensionnés de 1960 continuent d’être payés la plupart avec des majorations. Cela coûte encore des milliards à l’Etat.
Les pratiques de la déviation
A la Caisse, chaque fin de mois, le service informatique procède au calcul des pensions. Les pensions civiles sont orientées dans les agences de paiement et les pensions militaires dans les camps. Sauf que, l’on constate le transfert des pensions civiles de centaines de personnes dans les camps avec pour motif réversion militaire. Par exemple, pour un total de 51 pensionnés dont j’ai pu faire le calcul de la pension nette qui fait 8273 000 par mois, une majoration de 39.691 000 a été appliquée pour donner une somme de 47.964.570 francs. Cette autre liste comporte plus de 1000 noms. Le pire, les pensions sont payées sans aucune comptabilité, parce que tout simplement dans la nomenclature des pièces justificatives des dépenses publiques, les pensions ne sont nullement mentionnées. Autrement dit, toutes les dépenses de l’Etat sont justifiées par des documents comptables sauf la gestion des pensions.
La gestion du fichier des pensionnés
D’après nos enquêtes, le fichier détenu par l’informaticien de la Caisse n’a pas le même montant que celui des agences, également différents du montant de la liste du Trésor. Le circuit de cette mafia tourne entre la Caisse, le système informatique du Budget, la Direction du Trésor et le Ministère de la Fonction Publique. Malgré cela, la Caisse restait devoir au Trésor public à hauteur de 2 milliards 800 millions au moment où Docteur Cissé prenait fonction.
De la Situation du siège de la CNPSAE
Selon nos informations, la location du siège de la Caisse de Prévoyance Sociale des Agents de l’Etat, coûte 550 millions par mois. Dr Fodé Cissé, après sa nomination, a demandé à avoir la copie du contrat de location sans succès. En août 2019, le ministère de la Fonction Publique dirigé à l’époque par Billy Nankouman Doumbouya, a signé un contrat de construction du siège de l’institution. Le coût de l’infrastructure a été chiffré à 84 milliards 955 millions 400 mille francs Guinéens pour un délai de 3 ans. C’est après l’avènement du CNRD que 7 milliards du montant ont été payés à l’entreprise contractante.
Du limogeage de Docteur Fodé Cissé à la tête de la CNPSEA
Nommé Directeur Général de la Caisse de Prévoyance Sociale le 17 décembre 2021, Dr Fodé Cissé n’aura fait que 4 mois 24 jours à son poste avant d’être limogé pour des faits présumés de détournement. Le montant évoqué serait de 1 milliards 200 millions. Qu’en est-il de cette situation ? Comment en est-on arrivé là ?
D’abord, au lendemain de sa prise de fonction, Dr Cissé découvre un montant de 3 milliards sur le compte de la CNPS. La somme représentait le dernier paiement des 4 000 et quelques pensionnés non enrôlés et dont l’absence n’a jamais été justifiée. Cet argent, le Ministre de la fonction publique aurait demandé le décaissement pour le paiement du reliquat de l’entreprise INOVATECH, dans le cadre du recensement biométrique qui aurait coûté plus d’un milliard cinq cent millions. Cissé aurait refusé cela parce qu’il ne revenait pas à la Caisse de payer ce montant des ressources de la caisse, mais plutôt à la Fonction Publique elle-même. Premier problème.
Le deuxième point de discorde a été le contrat de construction du nouveau Siège. Dr Cissé aurait jugé le montant exorbitant et demandé la réévaluation du contrat. Le ministère se serait opposé à cela et exigeait qu’une avance de 7 milliards soit payée à l’entrepreneur. En réponse, l’ancien DG de la Caisse aurait dit au ministre qu’il pourrait lui-même faire un siège à 7 milliards contre 84 milliards. Cette demande a été également refusée. Deuxième problème.
Constatant l’énormité des charges, il négocie un nouveau local à 350 millions par mois contre 550 millions de l’ancien siège. Troisième souci.
Toujours selon nos renseignements, un haut gradé membre du CNRD, aurait mis la pression sur Cissé de nommer un de ses recommandés comme chef d’Agence de la Caisse à Matoto. Cette demande n’a pas été satisfaite. Dixinn a été proposée, mais Cissé finit par nommer le type à Matam. Quatrième souci.
En cinquième lieu, c’est un autre membre non des moindres du CNRD qui aurait intercédé en faveur de l’informaticien de la Caisse, afin que Cissé le maintienne à son poste sous prétexte que ses affaires dépendent de lui. Cissé cède à la demande mais s’offre un système informatique pour assainir le fichier des pensionnés sans impliquer l’informaticien de la Caisse. Des cas de fraudes majeures qui font perdre plusieurs milliards à l’Etat sont détectés.
Le sixième cas, des pensions déjà éteintes qui continuaient à être payées à certains membres des familles des pensionnés ont été descellées. Cissé aurait ordonné de bloquer ces montants. Suite à cela, d’autres officiers membres du CNRD auraient passé des coups de fil à Cissé pour demander le rétablissement de la pension des siens.
Un autre souci est lié à la gestion d’une liste de 900 personnes soi-disant militaires nouvellement retraités. Des noms sans aucun contact téléphonique. Cissé renvoie la liste pour fournir les numéros de téléphones en conformité à la nouvelle donne informatique qu’il a instaurée. Une autre source de problème avec des officiers militaires.
La fusion de l’INAMO à la CNPSAE
Selon nos sources, l’une des missions que Dr Cissé s’était assigné après sa nomination à la tête de la CNPS, a été la rationalisation des dépenses de fonctionnement des deux (2) institutions de protection sociale du secteur public. A cet effet, il a été entrepris la fusion de l’INAMO à la CNPSAE pour donner naissance à une seule caisse avec pour objectif d’assurer à la fois la prise en charge des pensionnés et le traitement médical des fonctionnaires.
Cette œuvre salvatrice, a permis à l’Etat d’économiser les montants qui partaient à la fois dans le fonctionnement des deux (2) entités dans le cadre du traitement des membres deux (2) Conseils d’Administrations dont les primes de carburants et les indemnités s’élevaient à 216 millions par mois. Soit 108 millions par mois et par CA dont 36 millions pour chacun des Présidents et 8 millions par membre.
Quant aux 1 milliards 200, destinés au départ à Matam, Cissé aurait bloqué le montant après la découverte des cas de fraudes massives dans cette commune. Son informaticien lui conseille de payer l’argent. A ce niveau, on nous apprend une relation d’intimité entre le chef d’agence de Matam, recommandé d’un membre du CNRD et l’informaticien le protégé d’un autre membre du CNRD. Cissé décide d’envoyer l’argent au Trésor de N’Zérékoré pour des raisons de confiance au nouveau responsable de l’agence de là-bas. Ce sont toutes ces tempêtes accumulées qui seraient à l’origine de son interpellation et de son limogeage.
Visiblement, le changement tant promis au « misérable » peuple de Guinée n’est pas pour demain. Alors que la CRIEF tente de guérir les conséquences dévastatrices de la tempête de détournements de deniers publics qui a longtemps envahi le pays, une autre ingénierie du vol d’argent public continue de s’emparer de plusieurs services de l’administration. C’est sans nul doute la roue de l’histoire qui se réinvente de plus belle avec le CNRD du Colonel Mamadi DOUMBOUYA. Font-ils semblant de combattre le mal ou c’est le mal qui semble plus fort que la vision et les instruments du CNRD ?
Mamoudou Babila KEITA
Salu monsieur Babila
S’il vous plait veillez scanner ces dossiers et envoyer a la place publique et a la crief pour sauver notre pays.
Pardon pour l’amour de Dieu.
S’ils avaient réellement la volonté de combattre le mal, ils nous auraient contacté depuis les révélations de notre enquête.