Depuis plus d’un an, plusieurs anciens dignitaires du régime Condé sont privés de liberté par le parquet de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). C’est notamment l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, l’ancien Président de l’Assemblée Amadou Damaro Camara, les anciens ministres Mohamed Diané, Oyé Guilavogui, Rémy Lamah, Fréderic Loua et l’ancien directeur du FER Souleymane Traoré pour ne citer que cela. Ils sont tous accusés de détournement de deniers publics, de blanchiment de capitaux et plusieurs autres infractions.
Après plus d’une année de détention pour certains et de contrôle judiciaire pour d’autres, leur procès s’est ouvert le 15 mars dernier à la chambre de jugement de la CRIEF. Pour aider à la manifestation de la vérité, la rédaction d’inquisiteur.net, décide de porter le regard dans le fond de chacun des dossiers d’accusation qui font l’objet de jugement. La première étape de ce travail d’enquête journalistique à titre de contribution pour la manifestation de la vérité, porte sur la poursuite judiciaire de l’Etat guinéen contre le Médecin Général Rémy Lamah et la société SOGUIMAP.
D’abord, il faut dire que le contrat qui fait l’objet d’accusations est celui de la fourniture de Kits Césariennes en 2019. Le marché a été attribué à la société SOGUIMAP appartenant à Mme Pauline BAKOLI, de nationalité guinéenne, installée en Allemagne. Selon des sources proches du dossier, le marché a été attribué en toute légalité conformément aux dispositions du code des marchés publics. Par ailleurs, l’une des conditions ayant favorisé cette société, est la qualité et le prix de ses produits avec plus d’une trentaine d’années de collaboration avec le ministère guinéen de la Santé.
La société concurrente à laquelle SOGUIMAP a arraché le marché est dénommée ZMC. Elle appartient au Dr Pathé SOW, qui avait le monopole de la fourniture de Kits Césariennes au ministère de la Santé et de l’hygiène publique de 2011 à 2018. Cette société s’approvisionne en Chine.
Différence de qualité
Selon les informations de sources médicales, les produits livrés par la société ZMC ne seraient pas de bonne qualité. C’est ce qui ressort également de plusieurs témoignages dans les différentes maternités du pays, d’où les plaintes venaient régulièrement vers le département. Pourquoi leur silence face à ce dossier alors que leurs témoignages officiels pourraient aider à la manifestation de la vérité. La Cour peut s’y pencher pour aider à éclairer sa lanterne.
C’est d’ailleurs la prise en compte des différentes plaintes des maternités du pays, que le ministère de la Santé a décidé d’ouvrir l’acquisition des Kits Césariennes à la concurrence. C’est-à-dire, organiser un appel d’offres ouvert, pour pouvoir bénéficier de la livraison des produits de qualité. Surtout que le contrat de ZMC était déjà à terme, nous apprend-on.
Des sociétés comme GUIBIOMED, SOGUIPREM et SOGUIMAP, ont participé à cet appel d’offres ouvert. Par contre, la société ZMC a refusé de prendre part à cette concurrence ouverte en dépit d’une invitation qui lui aurait été faite dans ce sens par le département. Son patron ne tiendait qu’au renouvellement de son contrat pour la continuation de son monopole.
Malheureusement pour elle, la procédure de passation du marché va suivre son cours normal. Après le dépouillement à la Direction Nationale des Marchés Publics, et sur la base du cahier des charges définis par les spécialistes du ministère de la Santé, la société SOGUIMAP, a été retenue pour l’adjudication du contrat de fourniture de Kits Césariennes aux structures sanitaires du pays. Les témoignages des autres sociétés soumissionnaires peuvent être aussi importants pour la manifestation de la vérité.
L’autre réalité qui pourrait justifier la légalité de ce marché et qui est connue de tous les professionnels de la pharmacie et du médicament, est le fait que les produits pharmaceutiques Européens ne peuvent être comparés aux produits pharmaceutiques Chinois en termes de qualité et de prix.
Selon nos enquêtes, après l’obtention du marché par la société SOGUIMAP, un travail de synthèse de tous les services techniques, en l’occurrence, la Direction de la Comptabilité Matière, la Direction du Contrôle financier, l’Administration et Contrôle des Grands Projets, l’Autorité de Régulation des Marchés publics et la Direction Nationale des Marchés publics, que le ministre Remy Lamah va valider l’attribution. Il faut aussi souligner que les services cités ci-haut, ne relèvent aucunement pas du ministère de la Santé. En d’autres termes, ils n’ont pas d’ordres à recevoir de Monsieur Rémy. Ces différents services peuvent aussi apporter leurs témoignages.
En dépit de toutes ces procédures légales, il va être reproché au ministre Remy d’avoir favorisé la société SOGUIMAP, par le simple fait d’être de la région que Dame Pauline BAKOLI. Tout serait parti de ce fait pour parler de corruption dans l’attribution de ce contrat. Mais les magistrats doivent comprendre que de la manière la forme commande le fond dans les procédures judiciaires, il en est de même pour la passation des marchés publics. Le juge du droit doit donc porter le regard sur les conditions d’attribution du marché par rapport à la loi, que sur l’identité, le patronyme ou la provenance des personnes.
Par ailleurs, ce marché, pour lequel le ministre Rémy Lamah et dame Pauline sont poursuivis, n’est toujours pas payé et se trouve dans les instances de la BCRG. Ce qui amène à poser des questions sur les motifs réels de ce procès alors qu’une mission d’inspection ou d’enquête sur les conditions de passation dudit marché, pouvait aider à établir la vérité.
Oui à la justice, oui à la vérité. Également, oui au respect de l’honneur et la dignité des hommes. C’est en cela que la Guinée peut véritablement devenir un Etat fort, mais aussi un Etat de droit.
La Rédaction