Il y a 24 heures, la Banque mondiale rendait officiel les résultats du classement de la Guinée comme pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure de 1180 par tête d’habitant. « Cet accroissement de revenu est le résultat des performances économiques que le pays a enregistrées ces dernières années », indique la Banque mondiale dans un courrier adressé aux autorités de Conakry. Ce qui de facto met en lumière les efforts remarquables de la gouvernance d’Alpha Condé avant le 5 septembre 2021. Malheureusement, comme il fallait s’y attendre, le CNRD dans une certaine démarche inouïe de reconquête de sa « légitimité perdue », n’a pas tardé de mettre cette performance à son actif alors qu’il n’est qu’à une année et demi de son exercice économique.
C’est au début du dernier trimestre de 2021 que le CNRD avec à sa tête le Colonel Mamadi Doumbouya, s’est emparé du pouvoir en renversant l’ordre constitutionnel. Aussitôt, les activités économiques ont connu un ralenti avant de rebondir en début d’année 2022. Selon les prévisions macroéconomiques des autorités de la transition, la croissance économique de la Guinée était attendue à 5,1 % en fin 2022.
Cette prévision du taux de croissance n’a finalement pas été atteinte. Des crises endogènes et exogènes expliqueraient cet état de fait. Malgré, à l’annonce du classement de la Guinée comme pays à revenu intermédiaire, les autorités de la transition font dans la boulimie sur les données macroéconomiques de la guinée.
« Les données concernant le pays dirigé par le Président du CNRD, le Colonel Mamadi DOUMBOUYA, montrent une croissance de 5,5% en 2022 alors que la prévision était de 5,1%. Un tableau reluisant soutenu par la contribution de toutes les branches d’activités à la croissance, notamment les activités minières. Cette figure enviable de pays à économie résiliente qu’affiche ainsi la Guinée, est aussi le fruit d’une gouvernance qui cadre parfaitement avec le plan de relance économique (PRE) porté par le Ministère de l’Economie et des Finances qui a mis un accent particulier sur la diversification de l’économie (investissements dans les chantiers des travaux d’infrastructures, mécanisation du secteur agricole, amélioration du secteur non financier), lit-on dans un communiqué du ministère de l’Economie et des Finances.
Pourtant, contrairement à ce chiffre de 5,5 % de croissance économique donné par les autorités de la transition, le taux de croissance réel de la Guinée en fin 2022, est de 4,7 % selon les données de la Banque mondiale et du FMI.
Dans la même lancée, les deux institutions bancaires indiquent une légère baisse de l’inflation à 10, 5 % en 2022 contre 12, 6 % en 2021. Contrairement à ce chiffre, la junte guinéenne fait mention d’une maîtrise du taux d’inflation à 8, 6 %.
« La rigueur et la bonne gestion impulsées par la politique de refondation prônée par les autorités du pays, ont permis à la Guinée de parvenir à la réduction et à la stabilisation de son taux d’inflation à 8,6% malgré le contexte d’inflation mondiale », précise le ministère de l’économie et des finances.
Malgré ce déphasage entre les chiffres communiqués par le pouvoir de Conakry et ceux des institutions de Breton Wood, le CNRD se vante du classement de la Guinée comme pays à revenu intermédiaire faible.
« Ce samedi, 1er juillet 2023, la Banque mondiale a rendu public son traditionnel classement annuel des pays par revenu par habitant. La Guinée change de statut, passant ainsi de pays à faible revenu à pays à revenu intermédiaire. La Guinée et la Zambie sont les deux pays africains qui changent de statut de revenu dans ce nouveau classement. Une autre reconnaissance des réformes engagées après la prise de responsabilités par le CNRD », se réjouissent les autorités de la transition.
Or, ce classement de la banque mondiale est adossé aux résultats de plusieurs années de performances économiques amorcées sous la gouvernance d’Alpha Condé. Pour preuve, le PIB de la guinée qui était autour de 6 milliards de dollars est passé à 14 milliards de dollars selon les évaluations sous Alpha Condé.
« C’est ça qui nous a sortis du « faible revenu » parce que le revenu annuel du guinéen était entre 400 $ à 500 $. C’est ce qui a atteint plus de 1000 $ sous Alpha Condé. Ce classement est donc la résultante d’une décennie de réformes économiques dynamiques. Il faut être un profane pour croire que le CNRD peut atteindre un tel résultat en une année d’exercice économique, c’est impossible », nous indique un économiste.
L’autre élément qui confirme cette prouesse en termes de réformes sous le régime défunt, est le classement de 2020 du niveau de transparence budgétaire du département d’Etat américain. Dans le tableau, les efforts de la Guinée ont été reconnus devant plusieurs pays africains comme l’illustre ce tableau ci-dessous. (Tableau)
En dépit des réalités liées à la pandémie de COVID-19, la guinée a été l’un des rares pays à avoir une économie résiliente en 2020 avec une croissance de 7, 1 %. Inédit !
Contrairement à la supercherie du CNRD, les performances économiques des dernières années du régime Condé, n’ont rien à envier à l’état actuel de la gouvernance de notre pays.
Selon la BAD, le déficit du compte courant s’est creusé en 2022 à 7,4 % du PIB contre une forte réduction à 2,1 % du PIB en 2021. Les réserves de change couvraient 2,5 mois d’importations en 2022, soit une baisse par rapport à 2,8 mois en 2021. Le secteur bancaire est stable, mais les prêts non performants se sont accrus à 11 % en 2022 contre 10 % en 2019, avec une concentration dans les branches transport et commerce.
Par ailleurs, selon l’édition 2022 du rapport mondial des Nations Unies sur les crises alimentaires (Global Report on Food Crises), la Guinée enregistre une crise alimentaire majeure, une grande partie de sa population souffrant d’insécurité alimentaire aiguë et d’une malnutrition croissante.
Malgré cette triste réalité, le CNRD veut faire croire aux Guinéens que tout ce qui est mauvais, est hérité de la gouvernance Alpha et tout ce qui est bon, est le résultat de ses efforts.
Mamoudou Babila KEITA