Il y a de cela une semaine, Mory KONATE, étudiant en sciences politiques à l’université de Kindia, perdait la vie dans un accident banal de moto alors que lui et deux de ses amis revenaient d’une virée nocturne. Le jeune étudiant sera transporté d’urgence à l’hôpital régional de Kindia. Mais les médecins trouvés sur place, auraient catégoriquement refusé de s’occuper du jeune, faute de paiement de soixante milles francs guinéens et un drap de lit.
Selon la narration des faits par les parents et amis du jeune, il était 3 h du matin ce jour là quand les trois jeunes ont fini leur course dans un caniveau, précisément au quartier appelé : 142. Inconscient, Il était grièvement blessé, et le sang giclait d’une partie de sa tête. Les deux autres avaient eu des blessures légères.
Le jeune étudiant de 23 ans, sera d’urgence transporté d’abord dans la clinique la plus proche pour les premiers soins, avant d’être admis à l’hôpital régional de Kindia. Là-bas, les amis de Mory Konaté, vont se butter au refus catégorique du personnel de la chirurgie, de prendre en charge le blessé si deux préalables n’étaient pas dans l’immédiat satisfaits: soixante milles francs guinéens et un drap de lit.
Il était 3 h 40 et les jeunes gens n’avaient pas cette somme. Et pour qui connaît les conditions de vie et de traitement des étudiants notamment, de l’université de Kindia, ce n’est guère une surprise, les apprenants y mènent une vie de galériens. Des accrochages vont naître entre le personnel soignant et les amis du blessé, mais rien n’y fait, Le niet des médicaments est irréversible : soixante mille francs et un drap de lit.
De 5 heures à 8 heures du petit, le jeune blessé certes inconscient, se bat contre la mort, résiste et respire en saccade. C’est à 9 heures que ses parents vont surgir brusquement à l’hôpital, tous en pleure face à la gravité de la blessure de leur fils. Mory Konaté sera finalement admis au bloc opératoire mais il y’a problème, le chef de service s’en est allé, il est rentré chez lui en laissant des consignes à ses jeunes stagiaires.
Pendant une demie-heure, les tâtonnements de ceux-ci, vont aggraver l’état du blessé dont la respiration était devenue plus brusque. Ses parents vont alors requérir les services de la seule ambulance de cet hôpital régional, une land-cruiser, non équipée, hormis le brancard à l’intérieur.
Et comme il fallait si attendre, l’ambulance demande huit-cent cinquante milles pour transporter Mory Konaté de Kindia à l’hôpital Ignace Deen de Conakry. Les parents du blessé ne vont pas marchander car la vie de leur enfant n’a pas de prix. Aussitôt d’accord sur le montant, l’ambulance démarre en trombe avec à son bord le jeune étudiant de 23 ans, lassé de s’être battu contre la mort , il est désormais grêlement accroché à la vie.
Sur quelques dizaines de kilomètres, Mory Konaté, cesse de se battre, dépose les armes et rend son dernier soupir. C’est de cette façon tragique, que la vie de ce jeune homme a basculé irrémédiablement. Il est permis de condamner la surcharge de la moto par Mory Konaté et ses deux amis mais, il est inconcevable que l’on laisse partir une vie pour des questions mercantiles (60.000 franc guinéens).
Où est passé le sens de l’honneur et du serment d’Hippocrate chez nos médecins ? La première mission du médecin n’est-elle pas de sauver des vies que de renflouer les caisses de l’Etat ? Voilà tout le sens de la noblesse de ce métier. Il faut aussi rappeler que les budgets de tous les hôpitaux publics, comportent des lignes dédiées exclusivement aux indigents. Que fait-on de cet argent ?
L’ordre national des médecins, encore qu’il faille se poser des questions sur son existence, doit agir. L’Etat Guinéen doit installer au sein de tous les campus des cliniques modernes et équipées. L’infirmière de l’université de Kindia ne sert qu’à administrer de l’aspirine, de la quinine ou du paracétamol aux étudiants qui sont pour la plupart à milles lieues de leurs familles et dont le paiement des pécules, connaît très souvent des retards.
Mory Konaté est mort. Fàaudra-t-il d’autres morts pour que l’Etat se bouge ?
La rédaction