En Guinée, l’extrême pauvreté conduit la plupart de la population à la mendicité. Aujourd’hui, ce phénomène qui est devenu un quotidien pour les pratiquants, se passe sous diverses formes. C’est le cas des femmes qui possèdent des jumeaux ou des triplés.
A Conakry, ce ne sont plus des personnes infirmes, ni des albinos ou des enfants en situation difficile qui sont seulement exposés à cette pratique. Les mères des jumeaux et des triplés, sont les premières à envahir les différents lieux de mendicité.
C’est le cas de Djénabou Bangoura, venue de Benna Moussaya avec son septième geste. Rencontrée au marché matoto, la mère des jumeaux de six mois, nous explique les motifs de sa mendicité.
« C’est par manque de moyen que je fais cette pratique. Je suis à mon septième geste et les enfants sont nombreux. Mon mari et moi ne pouvons pas prendre toutes ces charges. C’est pourquoi je viens mendier auprès des patrons pour avoir de quoi manger, mais je ne compte pas en faire une habitude. Après la saison sèche, je compte retourner au village pour au moins faire des cultures», a laissé entendre Djénabou, assise sous un soleil de plomb.
Pour Nabintou Touré, veuve et mère des jumelles de trois semaines, leur présence s’explique par le manque de moyen et de soutien. Un avis que ne partage pas cette autre mère des jumelles, Sitan Kaba. Pour elle, cette situation devient une opportunité pour ces femmes de se livrer à la paresse sinon, elles peuvent entreprendre des activités génératrices de revenues.
« Les femmes qui passent toute la journée dans les rues pour quémander au nom des jumeaux, se livrent à la paresse et aux dangers. Elles peuvent entreprendre des activités qui pourront leur permettre de nourrir leurs enfants sans pour autant tendre les mains à quelqu’un d’autre.
Quand Dieu te donne des jumeaux ou triplés, tu es comme une reine. Mais cela ne doit pas te pousser à abandonner ton travail et aller t’exposer aux dangers. Pendant ma maternité, je n’ai jamais fait marcher mes jumelles, ni aller mendier, car ce que tu prétends gagner ne suffira rien pour votre prise en charge», raconte Sitan Kaba.
Malgré les quelques initiatives gouvernementales, appuyées par les partenaires internationaux pour la réduction de la pauvreté, la mendicité reste encore une pratique courante qui connaît de plus en plus d’adhérents dans la capitale Guinéenne. Pourtant, les risques liés à cette pratique dans les rues, sont nombreuses notamment, les accidents de la circulation.
Mariam KANTE