Après le huis-clos, l’audience publique dans le procès des événements du 28 septembre a repris ce mercredi 15 mars au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la cour d’appel. À la barre, c’est Fatoumata Barry, l’une des victimes de viol au moment des faits qui a comparu pour donner sa version des faits dans ce procès historique de Guinée.
Dans sa narration, elle affirme avoir reconnu Marcel Guilavogui au stade faisant des actes de séquestration dès sa rentrée au stade. Les faits sont graves. C’est pourquoi Fatoumata Barry se dit touchée dans sa dignité et qu’elle n’oubliera jamais les actes dont elle a été victime. Tout de même, elle reconnaît les efforts de sauvetage dit-elle de Toumba Diakité.
« Remercions le bon Dieu et remercions Toumba… Son arrivée nous a beaucoup aidés. Il nous a sauvés d’une guerre civile. Il faut le remercier pour cela», déclare t-elle avant de noter ceci: « Même si ça fait mille ans, les faits qu’on a vus là-bas, moi, depuis que je suis née, j’ai participé à beaucoup de manifestations en Guinée, mais le carnage, les faits que j’ai subis, je ne vais jamais oublier. On peut pardonner, mais on ne peut oublier.»
En réponse à une des questions de maître Sidiki Bérété sur les cadavres, la victime indique que le nombre de morts dont parlent les rapports nationaux et internationaux (157 morts) est inférieur au nombre exact.
« Les gens disent 157 morts, mais c’est plus que ça. Que leurs âmes reposent en paix.»
Poursuivant, Fatoumata Barry explique comment elle a tenté de s’échapper de ses bourreaux sans succès.
« Il y a une dame que j’ai vue. Pensant qu’on allait m’épargner à cause de la dame. Un groupe militaire est venu vers nous en nous demandant : qui vous a dit de venir ici ? C’est en ce moment que je me suis échappée. Je suis allée de l’autre côté, je n’ai pas eu la route. Je me suis retrouvée au niveau de la grande porte du stade et là-bas, on nous donnait des coups de matraque. Arrivée juste à la sortie, c’est là qu’on m’a prise », se souvient Fatoumata Barry à la barre.
Mariame Sylla