Á Son Excellence, COLONEL MAMADI DOUMBOUYA, Président de la République de Guinée.
Objet : Appel à l’humanisme du Président de la République, pour la libération d’Ousmane Gnelloy DIALLO dit Gnelloy.
Excellence, Monsieur le Président de la République,
Au moment où je vous écris cette lettre, une seule question taraude mon esprit : « Est-ce peine perdue » ?
Au même moment, une voix s’élève au fond de moi et me dit : « écris ! écris, parce que celui à qui tu t’adresses est un humain comme toi ; il éprouve des sentiments et, qui plus est un père de famille ».
Excellence, Monsieur le Président de la République,
Il y a 5 mois et quelques jours, dans le même élan de mon combat de citoyens, il est détenu le communicant de l’ancien parti au pouvoir. Chaque soir, derrière les barreaux, loin de ma famille et de mes amis, je réalisais la valeur intrinsèque de la tranquillité de l’esprit et de la paix intérieure. Habité par un sentiment de solitude, je prenais la mesure de la liberté, entendue comme expression de la dignité humaine.
Je vous raconte cette histoire, Monsieur le Président, pour la simple raison que, je peux ressentir et partager la douleur d’un détenu. Je peux encore sentir, aujourd’hui, cette odeur de prison et ressentir cette lourdeur d’esprit due à cet océan de pensées, pensées envers toutes ces personnes qui s’inquiétaient pour moi.
C’est parce que je peux encore ressentir cela, que je suis, après le coup de force du 05 Septembre 2021, chagriné et meurtri au plus profond de mon être, à chaque fois que je pense à la situation de détention d’Ousmane Gnelloy DIALLO dit Gnelloy , aujourd’hui, croupissent derrière les barreaux, loin de sa famille, de leurs enfants, de leurs amis et de tous ces Guinéens qui partagent leurs convictions d’opinions.
Cette situation dérange ma tranquillité et me fait questionner sur que sont devenues nos valeurs traditionnelles et notre culture bantu.
Ma tâche historique devenait donc double : redonner du courage à ces jeunes tout au long du processus de la Transition et réussir à les conduire sereinement vers la plus haute bataille de notre vie politique. Même quand nous l’avions fait, beaucoup continuaient de penser que le pire n’était pas encore arrivé ! Pourquoi ? Parce que les souvenirs de l’évènement du 05 septembre de 2021 étaient encore frais dans leurs esprits.
Excellence, Monsieur le Président de la République,
Je ne fais pas ici mon apologie. Je vous décris tout simplement une réalité de notre pays. Un pays qui se divise et se morcèle à cause des égos politiques, alors qu’il a besoin, pour mieux affronter les problèmes de l’heure, de l’unité et de la cohésion de toutes ses filles et de tous ses fils.
Malheureusement, aujourd’hui, ce sont des familles entières qui sont endeuillées ; elles pleurent et crient tous les jours. Ce sont des enfants, nos compatriotes, qui sont privés de l’affection de leurs pères ; des épouses privées de la direction et du soutien de leurs maris ; des formations politiques privées de leur communicant.
Quel chagrin !
Vous l’aurez compris, Monsieur le Président, que je ne m’adresse pas ici, tout simplement, au‘ Président de la République ’, mais d’abord et avant tout à ce père de famille et à l’humain que vous êtes. Car, c’est à votre cœur que je parle !
J’aimerai vivement, Monsieur le Président, que dans le laps de temps que durera la lecture de cette lettre, vous mettez de côté votre veste de ‘ Président de la République ’, afin de mieux apprécier, en tant qu’humain, l’esprit de la lettre.
Mon souhait le plus profond, est que cette lettre soit lue parce Colonel Mamadi DOUMBOUYA, qui, humblement, reconnaissait, et qui pouvait déclarer devant le peuple Guinéens :
« Chers compatriotes, que signifie les assises nationales que nous avons voulue ? La grande introspection qu’elle représente doit avant tout viser la vérité, la réconciliation et la construction nationales. Il s’agit de panser nos plaies et non de provoquer de nouvelles déchirures. [..] Faut-il enjamber d’autres corps pour arriver à la démocratie ? Ma réponse est non ! Le Président Ahmed Sékou TOURÉ n’a pas eu le temps d’expérimenter le système monopartite. Le Président Ahmed Sékou TOURE, qui a dirigé la première organisation monopartite, le mouvement national de la révolution, n’est plus ; De même que le Général Lansana CONTE, qui a créé le parti l’unité et du progrès. Le Président Prof. Alpha CONDE, qui a poursuivi l’expérience avec son parti RPG ARC- EN -CIEL, n’est plus aux affaires. Le Mal, vous êtes donc le seul à l’assumer, et vous devez l’assume à titre individuel, au nom de tous les dirigeants de ce pays qui ne sont plus. Moi, j’assume pour nous tous, tout notre passé, toute cette histoire commune dans ses errements comme dans ses mérites ».
Monsieur le Président,
quand vous prononciez ces paroles, je suis qu’un jeune de 28 ans, dans son innocence des évènements du 05 Septembre du pays. Aujourd’hui, devenu acteur, je puis vous avouer que c’était un discours de grandeur et l’histoire témoigne que les Guinéens avaient pardonné ce que vous qualifiez, vous-même, « d’errements ».
Où est ce COLONEL MAMADI DOUMBOUYA? Je le cherche. Je le cherche, parce qu’aujourd’hui, c’est à son tour de « pardonner » ses frères. Aujourd’hui, ce sont peut-être eux qui sont comptables d’errements. Mais, hier, c’était le parti RPG ARC- EN -CIEL ! Et les Guinéens s vous avaient pardonné. Qu’est-ce qui peut bien vous retenir de le faire, à votre tour ?
N’est-il pas temps pour vous, d’affirmer un peu plus de votre grandeur, par le Pardon ?
Pensez-vous, Monsieur le Président, que la meilleure façon de démontrer votre puissance politique est de libérer tes compatriotes en détention ?
Je suis conscient des enjeux d’une telle décision et du fait qu’elle doit certainement recueillir des avis divergents au sein de votre CNRD. Mais, imaginez un seul instant, Monsieur le Président, que ce soit vous qui vous retrouviez dans cette situation, qu’auriez-vous aimé qui soit fait à votre égard ? Vous laissez en détention, après tout ce que vous avez fait pour le pays ? Pensez-vous, Monsieur le Président, que vos enfants auraient eu la paix ? Forts sont mes doutes !
Que ressentez-vous, Monsieur le Président, après tant d’années de collaboration, quand vous apprenez qu’un Ousmane Gnelloy DIALLO dit Gnelloy est malade ? Eux, qui vous ont rendu, à vous-même et à votre propre famille, d’innombrables services ?
Que ressentez-vous, Monsieur le Président, quand vous apprenez qu’un opposant, un de vos compatriotes, a perdu la vie en pleine détention ?
Ne sommes-nous pas en train de revivre cette « démocratie à l’invective, celle qui se nourrit du sang et des larmes » ? Démocratie que vous condamniez et refusiez en 2021 ?
Permettez-moi de vous rappeler, Monsieur le Président, que vous venez de gracier beaucoup des détenus de toutes bords pendant 6 mois. Comment expliquer que tout ce temps Ousmane Gnelloy DIALLO soit passé en détention ? Je suis d’accord avec vous en pensant que tous se sont égarés, d’une manière ou d’une autre. Mais, a-t-on pris le soin d’interroger l’histoire et de trouver la véritable cause de tous ces égarements ? Ces détenus d’opinions, a- il toujours eu tort dans leur revendication ? A-t-on vraiment trouvé la racine du problème ?
Excellence, Monsieur le Président de la République,
Croyez-moi, les Guinéens souffrent dans leurs consciences, à cause de cette situation. Ils souffrent, parce que si certains sont détenus de façon physique, beaucoup d’autres de nos compatriotes le sont de façon affective et même sur le plan social.
Monsieur le Président,
c’est vous qui reconnaissiez en 2021, que « la paix superficielle ressemble au repos d’un prisonnier dans sa prison ».
Oui, Ousmane Gnelloy DIQLLO dit Gnelloy et tous ces autres prisonniers, ne sont pas en paix, sinon qu’une paix superficielle, eux, leurs familles respectives et beaucoup de Guinéen.
La paix et l’unité nationale que vous avez juré garantir aux Guinéens, lorsque vous prêtiez serment, ne devrait-elles pas vous pousser à trouver une issue favorable pour ces compatriotes ?
Ne pensez-vous pas, Monsieur le Président, qu’il est temps pour vous, de sauver votre propre histoire et celle de la Guinée, afin de donner à la jeunesse actuelle des raisons d’affronter l’avenir sans peur ?
Cette situation, ne devrait-elle pas vous permettre de forger, pour la jeunesse actuelle, un bon modèle de gestion de crise interne, si tant est que l’avenir n’a pas de visage et que l’alternance sera effective d’ici-là ?
Ne pensez-vous pas, Monsieur le Président, qu’il est temps de donner aux Guinéens des raisons d’oublier notre passé douloureux ?
Avez-vous pris le soin d’interroger, Monsieur le Président, le point de vue des sages et intellectuels de notre pays sur cette question ?
Pensez-vous que s’il vous était donné d’organiser un référendum sur la question de les garder ou non, le « Oui » l’emporterait-il, réellement ?
Ou que, si vous consultiez toutes les instances de votre formation du CNRD, elles toutes vous soutiendrez ?
*Au nom de quoi devrons-nous être divisés ?*
Quel plaisir ressent-on d’un pouvoir quand celui-ci enferme filles et fils, déchire les familles et divise les Guinéens ?
Excellence, Monsieur le Président de la République,
Je vous formule ces interrogations, dans le respect total de votre rang et de votre personne, parce que vous seul, détenez les clés de libération de tous ces détenus, par les prérogatives qui vous sont reconnues par notre Charte de la Transition. Je pense profondément que les libérer serait un acte fort et réparateur.
Si jusqu’ici, je continue de me demander, si tout ceci en vaut la peine, je reste néanmoins convaincu de ce que la stabilité politique d’un pays est une des conditions nécessaires à son développement économique ; et qu’au vue de la situation économique et financière actuelle, la Guinée en a grandement besoin.
Je crois ici, m’être adressé, à Mon COLONEL MAMADI DOUMBOUYA, non pas seulement dans sa veste de Président de la République, mais en tant que celui-ci est, avant tout, un humain.
Monsieur le Président, j’en appelle à votre humanisme et à votre sagesse dont je crois capables de vous orienter vers une décision historique de paix généralisée.
Que l’histoire me soit témoin !
Avec mes pensées de santé et d’humanité,
Votre compatriote,
Nankouman KEITA, Citoyen libre.
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