La Guinée est dans la short liste des pays du continent les plus touchés par le fléau du blanchiment des capitaux dans l’immobilier ou en lien avec le terrorisme.
De l’argent sale à besoin d’être lavé pour se refaire une santé légale et entrer par la petite porte dans le circuit économique. Les auteurs de ce trafic ne misent pas sur les banques dont certaines posent trop de questions sur l’origine des fonds à domicilier. Investir dans l’immobilier, c’est l’astuce toute trouvée. Même une personne atteinte de cécité peut être éblouie par la frénésie avec laquelle les immeubles poussent à Conakry. De l’argent sale est recyclé ainsi tous les jours. Dans ces activités criminelles, il n’y a pas que des nationaux, non ; des expatriés occupent la tête de peloton. Le fossé entre riches et pauvres grandit du fait de la prise en otage de l’économie réelle par une poignée de personnes qui menacent la stabilité économique, financière, et même politique de la Guinée.
De l’argent sale, c’est le pognon qu’on pique dans les caisses de l’Etat, le fric de la corruption, c’est aussi l’argent de la drogue ou tout autre fonds dont on ne peut justifier l’origine.Et pourtant, la Guinée a adopté cette année la Loi sur le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, mieux elle dispose depuis 2007 d’une CENTIF, entendez Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières, spécialisée dans la traque du blanchiment des capitaux.
Et quand un tel phénomène croît dans un petit pays à économie faible comme la Guinée, il faut prendre peur. Cela débouche sur le financement d’organisations criminelles échappant au contrôle de la force publique, le terrorisme représente l’un de ses tentacules.
Ces caractéristiques sont facilement identifiables en Guinée. Il y a lieu de relever la prédominance du secteur informel dans l’économie guinéenne, avec une large utilisation des espèces comme moyen de paiement ainsi que la floraison des bureaux de change manuel non agréés. Ajoutons à cela l’inefficacité des mesures coercitives prises à l’encontre de ceux qui évoluent sans autorisation.
L’instabilité sociopolitique qui accompagne la succession des régimes ainsi que le trafic de drogue envenime un tel environnement.
Face à la gravité de la situation, le président va enjoindre à certains services intervenant dans le domaine de la lutte contre la corruption à se retrouver afin de faire l’état des lieux sur ce fléau dans notre pays, identifier les auteurs et le modus operandi. Mais rien n’y fait, le phénomène se porte comme un charme en Guinée. Et certains acteurs de ce monde ténébreux narguent l’Etat avec leur richesse insolente.Attendons de voir la suite. Sous d’autres cieux, ces biens sont saisis et reversés dans le portefeuille de l’Etat. Une licence de pêche appartenant également à un présumé narco-trafiquant a été annulée sur ordre du chef de l’Etat.
Face à la gravité de la situation, le président va enjoindre à certains services intervenant dans le domaine de la lutte contre la corruption à se retrouver afin de faire l’état des lieux sur ce fléau dans notre pays, identifier les auteurs et le modus operandi.
Ainsi donc l’ORDEF est de plain-pied dans cette commission restreinte avec l’appui de la Direction des Renseignements économiques financiers et Narcotiques. Un service avec un jeune Directeur à sa tête qui relève des services spéciaux du colonel Moussa Tiegboro Camara.
Le ministère de la Justice est à l’avant-garde de ce travail de fourmis, car il y a lieu de se poser des questions sur l’aboutissement d’une telle initiative quand on sait que les acteurs du blanchiment des capitaux, de la grande criminalité économique et financière, dans ce pays ont des soutiens très hauts perchés.
Attendons de voir la suite.
Henry Camara