Dès l’entame, il est nécessaire de signaler que ceci est plus qu’un article, c’est une rencontre musicale en ce 21 février 2021 très beau et très doux au sommet du Sacré-Cœur de la ville de Paris qui nous a vraisemblablement ouvert son cœur.
Derrière l’artiste aux multiples punchlines natif de la Guinée, se cache l’homme : Souleymane Camara (AKA SOULBY THB). Puisqu’il faut porter un œil sur la diaspora, on les scrute désormais à la loupe dans tous les domaines. Soulby THB n’est donc pas une exception. Ce jeune rappeur d’origine guinéenne et titulaire d’un bachelor en marketing vient de sortir un nouvel EP intitulé ‘’ça vient du bled’’. Alors pourquoi ce titre qui interpelle plus d’un à première vue ? Caché derrière un sourire, il se lâche sans détour sur le sujet avec une fierté à peine simulée « Ça vient du bled ? D’abord Parce que c’est le cas, de deux, pour montrer qu’on peut venir de là-bas et faire de bonnes voire de grandes choses et aussi pour affirmer que pour moi ce n’est pas un handicap ni un complexe mais une fierté »
Après une longue écoute de ses titres parmi lesquels ‘’Kama pleure’’ où il évoque la situation de l’Afrique en général, ‘’Conakryka’’ qui mélange la Kora à d’autres instruments, on est amené à penser à un étalage de talent. Ce qui pour lui n’est « Pas forcément le cas. C’est juste que c’est des sonorités que j’aime bien et par lesquels j’ai été bercé, j’ai toujours voulu essayer de les mélanger à mon rap pour voir ce que ça pouvait donner. Du coup Je l’ai fait et j’ai eu de bon retours donc c’est cool ».
Ça vient du bled c’est aussi des textes très riches en mots et en émotion qui dénoncent les maux de l’Afrique. ‘’Kama pleure’’ en est l’illustration : « Plus ça avance plus le continent recule, les richesses abondent la pauvreté se décuple » des phrases qui laissent penser à une alternative pour calmer Kama. Pour lui, c’est d’abord une prise de conscience effective des fils et filles de Guinée et d’Afrique « Il n’y a que ses enfants qui pourront la consoler. Déjà en se rendant compte de la chance qu’ils ont de l’avoir. Ensuite en la mettant en avant dans tous les domaines, en pensant plus à elle qu’à l’occident et surtout pour ses fils qui l’ont quitté, de songer à revenir vers elle car elle n’attend que ça ».
Ce n’était pas du tout prémédité !
Cet EP écrit en 5 mois à Paris est le rendez-vous de multiples sujets de société. En parler c’est s’inscrire dans son temps car toute musique se fait par une société, dans une société et pour une société. Soulby THB est donc de sa société quand il affirme « Moi dans presque tous mes sons j’essaye de ressortir l’état d’esprit dans lequel je suis quand j’écris. Je parle beaucoup de ce que je vois, j’entends autour de moi, ce que j’apprends et surtout mon vécu ou celui de mes proches… je penses pas que j’avais gros sur le cœur, ce n’était pas du tout prémédité c’est vraiment les moods dans lesquels j’étais en réalisant ce projet ».
La collaboration avec Black M
L’hexagone sourit vraisemblablement aux artistes guinéens. Après Black M et MHD, Soulby THB auquel on prête dans les textes une patte de Youssoupha est sans doute sur le bon chemin. Produit par Black M, il l’a d’ailleurs invité dans le morceau Conakryka (Habitant.e de Conakry Ndlr) et il en parle
« Oui la relation avec black est particulière parce qu’il faut savoir que c’est mon producteur, de deux c’est un guinéen et de trois il fait partir de cette courte liste de d’artistes qui nous ont inspiré quand on était plus jeune (dans la musique en tout cas) donc pour moi c’était sûr qu’il devait être dans mon projet »
Avec déjà des milliers d’écoute sur YouTube et toutes les plateformes d’écoute, on peut d’ores et déjà dire que le rap guinéen par extension africain a de beaux jours devant lui car ça vient du bled est un chef d’œuvre.