Les scrutins couplés de ce dimanche 22 mars 2020 arrivent dans un contexte où le pays est instruit à une mesure sanitaire, qui recommande le lavage régulier des mains et l’observation d’une distance d’un mètre dans des lieux publics. Or dans les bureaux de vote sillonnés, seul le lavage des mains qui est observé.
Après la confirmation deux cas du Covid 19 sur le sol guinéen, les citoyens n’ont hésité de manifester leurs craintes sur la propagation de la pandémie en allant aux scrutins. Et lors de nos observations dans les bureaux de vote, nous avons veillé de près sur le strict respect des règles hygiéniques édictées en cette période de pandémie du Covid 19.
Il était 09h quand nous nous rendions dans trois bureaux de vote à Matoto Khabitaya dans la Commune de Matoto. Au bureau de vote du groupe scolaire ‘‘Mes fruits’’, le lavage des mains n’est pas suivi, à plus forte raison exigé. Seuls quelques rares électeurs qui se lavent les mains avant de s’insérer dans le rang, puis qui s’éloignent d’un mètre.
Par contre dans l’enceinte du groupe scolaire‘‘Souaré et frères’’, le lavage des mains est exigé. Puisque le kit est lui-même placé au seuil de la rentrée, et des agents de l’USSEL obligent les électeurs à passer par-là.
Il était dix heures et demie quand nous sommes allés au troisième bureau de vote. « Aicha Blaky, cet espace restreint, regorge trois fois l’effectif des deux précédents bureaux. Repartis devant cinq salles de classe, ces citoyens remontés à cause du retard accusé, ne s’adonnent pas au lavage des mains. Dépassé par la situation, le chef du centre n’a même pas instruit le lavage des mains, nous a –t-il avoué.
«Les gens se suivent au fur et à mesure, on ne peut aller à l’encontre. Sinon les gens se lavent les mains quand même », a justifié Elhadj Daouda Konaté, chef du centre de vote Aicha Blaky.
Du retour aux groupes scolaires Mes fruits et Souaré et Frères, deux centres où nous avons commencé notre périple. Motif, savoir quel a été le niveau de vigilance pour le respect hygiénique. Nous entamons la conversation avec Billy Nankouma Keita, chef du centre mes fruits.
Dans un ton tremblotant et peu rassurant, M. Keita se justifie : « on a instruit aux électeurs de se laver les mains avant d’être là», répond-il. Mais ils sont très coincés, demande notre reporter. «Ça c’est une mesure très dérisoire », nous a justifié Billy Nankouma.
Au groupe scolaire Souaré et frères, le responsable de la jeunesse de Matoto Khabitaya tente de nous convaincre : «La prévention pour éviter ce virus nous préoccupe. C’est pourquoi nous avons bien aménagé la cours de l’école et les salles de classes avant d’accueillir les citoyens», s’est-t-il blanchi. Ces propos de Moustapha Daleb sont antipodes à la réalité, car une photo, des saletés sont visibles derrière l’isoloir.
Depuis l’annonce de l’existence de la pandémie du coronavirus, des voix se sont élevées en faveur du report de ces élections couplées, qui sont sources de mobilisation. Mais, le camp présidentiel qui ne voulait se faire distraire, balayer d’un revers de main ces doléances et a maintenu la date d’aujourd’hui dimanche pour procéder au vote de l’adoption de la nouvelle constitution.
Reste à savoir au lendemain de ces scrutins qui ont regroupé plus de cent personnes par endroit, si le régime Condé ne serait pas responsable du taux élevé des cas du Covid 19.
Mariam KANTE