Ce vendredi 21 février 2020 marque la date du premier anniversaire du déguerpissement des habitants de Kaporo-Rails, Kipé 2 et Dimesse. Les victimes ont commémoré cette date à la Mosquée Saoudite de Kaporo.
Pour ce jour d’anniversaire, les victimes, réunis au sein d’un collectif, ont organisé une cérémonie de lecture du saint-Coran, accompagné d’un sacrifice pour implorer une justice divine en leur faveur.
« On s’est donné rendez-vous ici pour faire un sacrifice pour nous libérer du joug. Donc ce jour est mémorable, c’est comme un jour de deuil pour nous. Ça fait un an depuis qu’on nous a déguerpi à Kaporo-Rails comme des animaux. On nous a déguerpi sans aucun retour. Nous sommes des pauvres déguerpis et nous en pâtissons. C’est Dieu qui est notre recours et nous en remettons en lui » a déclaré El Hadj Alpha Oumar Diallo, président du collectif des victimes du déguerpissement de Kaporo, Kipé 2 et Dimesse de 2019.
Pour certaines victimes, ce jour rappelle juste un triste souvenir, car ayant été dépourvu de tous leurs bâtiments et terrain par l’État guinéen qui n’a pas pris précaution de les indemniser.
« C’est avec un cœur saignant que je vous parle au nom des femmes de Kaporo-Rails, Kipé 2 et Dimesse» introduit la porte-parole des femmes du collectif, « parce c’est que ce nous avons vécu à Kaporo, c’est inexplicable. On se sent étranger dans notre propre pays. Là où nous sommes, on ne se sent pas guinéens et surtout à cet anniversaire. Parmi nous y a des veuves qui ont enfants, et ces enfants sont abandonnés à eux-mêmes sans abris. Nous demandons que justice soit rendu» souhaite Mme Camara, Makia Touré, veuve de son état.
Si les victimes ont été déboutées devant le tribunal de Dixinn après avoir attaqué la décision du ministère de l’urbanisme et l’habitat, elles n’ont pas tout de même arrêté la conquête des terres qu’elles disent avoir légalement acquises.
C’est pour cette raison d’ailleurs, le collectif a attaqué la décision des autorités guinéennes devant la Cour de justice de la CEDEAO. Certes le dossier a été ouvert, mais il en phase du transport judiciaire explique le porte-parole du collectif Mamadou Samba Sow.
Il ajoute que ni été la situation d’incertitude qui règne en Guinée, le transport judiciaire allait s’effectuer sur les lieux les jours à venir.
«L’audience est fixée le 24 mars, à 10 heures, à Abuja. D’ici là, nous espérons que les juges seront là même si le contexte politique du pays a de tels déplacements» a-t-il expliqué.
Au mois de février 2019, suite à une décision de l’actuel ministre de la ville et de l’urbanisme Dr Ibrahima Kourouma une opération de déguerpissement a été lancée dans les zones Kaporo-Rails, Kipé et Dimesse. À l’époque, le gouvernement s’est dit dans l’optique de récupérer les domaines appartenant à l’État pour d’utilité publique.
Selon les statistiques fournies par le collectif des victimes, le déguerpissement a négativement impacté 1240 familles dont 1769 bâtiments, 13 écoles affectées, 12 mosquées et deux églises.
Aboubacar Diallo