Le projet Simandou de nouveau au cœur de l’actualité guinéenne. Le gouvernement de la transition vient d’ordonner à Rio Tinto Simfer et Winning Consortium Simandou, l’arrêt immédiat de toutes les activités du projet. Cette décision intervient à seulement deux mois après la signature d’un accord-cadre tripartite. Au-delà des raisons évoquées par le ministre des mines et de la géologie, notre rédaction a tendu le micro à un spécialiste des questions minières.
Pour beaucoup, les mines sont à la fois une bénédiction et une malédiction dans les pays du tiers-monde. C’est le cas notamment pour le gisement de fer de Simandou. Il y a deux mois, les autorités de la transition ont signé un accord avec Rio
Tinto Simfer et Winning Consortium Simandou, pour l’exploitation du gisement. Cette entente vient d’être mise à l’eau par le ministre des mines qui accuse les deux partenaires de manque de volonté à privilégier le partenariat gagnant-gagnant. Mohamed Nana KABA, ingénieur des mines, semble comprendre le problème.
<<le problème est très complexe parce que les sociétés exploitantes regardent leurs marges bénéficiaires et l’Etat aussi regarde son intérêt. Mais l’objectif principal de l’Etat à ce que je sache est principalement focalisé sur l’expédition des produits exportés à partir du port de la Guinée. >>
Justement, selon les termes de l’accord tripartite signé le 26 mars 2022 entre le gouvernement et les deux sociétés, il est prévu co-investissement et un co-développement d’une ligne ferroviaire long de 670km reliant la préfecture de Beyla au Port de Morebayah en eau profonde dans la préfecture de Forecariah. Selon Mohamed Kaba, cela est difficilement réalisable à partir du moment où l’Etat réclame 15% dans la gestion du port en plus des 15% d’action dans les mines.
<<Depuis le temps de Sekou Touré ce projet était sur la table de discussion, et la Guinée a toujours œuvré que le minerai soit acheminé à partir de la Guinée. Et le Liberia voisin a presque fini son exploitation. Il y a l’infrastructure de transports est déjà à côté et c’est un grand atout pour l’exploitation du Simandou. >>
Pour Mohamed Kaba, la complexité de l’exploitation du gisement de Simandou, est liée au transport des minerais de Beyla jusqu’au port de Moribaya. Ce qui représente un coût énorme par rapport aux sites du Brésil et de l’Australie qui sont à proximité des points d’expéditions. C’est pourquoi, il conseille ceci.
<< A mon avis, si je suis un décideur je négocierai pour l’expédition à partir du Liberia pour essayer de rentabiliser d’avantage l’exploitation. >>
Selon Mohamed Nana Kaba, cet arrêt des travaux du projet Simandou, porte une atteinte grave à la crédibilité du pays. Ce qui n’encourage nullement pas les investisseurs miniers à se tourner vers la Guinée quel que soit le besoin.
Mamadoubabila KEITA