La Caisse Nationale de Prévoyance Sociale des Agents de l’Etat (CNPSAE), est un établissement public à caractère administratif doté de la personnalité morale, de l’autonomie financière et de gestion conformément à la législation et à la réglementation régissant les établissements publics. Elle a pour mission de mettre en œuvre la politique du gouvernement dans le domaine de la protection sociale au bénéfice des agents de l’Etat et leurs familles.
Autrement dit, la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale, s’occupe des pensions de vieillesse ; d’invalidité et de survivants ; des risques professionnels et des prestations familiales des fonctionnaires ; les contractuels de la fonction publique et les contractuels des collectivités locales.
C’est dans l’esprit de moraliser la gestion des pensions, afin de pouvoir offrir le minimum vital aux retraités de la fonction publique, que le Président Alpha Condé a initié la création de cette institution à l’image d’autres pays.
Le but visé est-il atteint ?
Sur le plan du paiement mensuel et régulier des pensions, on peut dire OUI. Mais est-ce que les bénéficiaires et leurs familles sont satisfaits du service ? Combien perçoivent-ils à la fin du mois ? Où en est-on avec le relèvement des pensions au niveau du SMIG ? Pour tenter de répondre à ces questions, nous avons mené des investigations auprès de plusieurs pensionnés et des agences de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale des Agents de l’Etat.
Au cours de nos enquêtes, il s’est révélé une magouille financière qui fait perdre à l’Etat plusieurs milliards de francs guinéens chaque mois. La complicité est si grande qu’on a du mal à déterminer les deux bouts. Cependant, il apparaît clairement de part et d’autre, de la manipulation, le désir du gain facile, la corruption et le détournement démesurés des richesses de l’Etat.
Par exemple, des retraités dont la pension réelle varie entre 150.000 et 300.000 francs Guinéens, se retrouvent aujourd’hui avec un bulletin de plus de 2000.000 francs guinéens. Sauf que, malheureusement, les ayant droits ne perçoivent jamais la totalité de ces montants.
Selon nos renseignements, ce sont des responsables de la CNPSAE qui proposent aux pensionnés, la possibilité d’augmenter leurs pensions. Les conditionnalités ne sont autres que la rétention à la source des 70 à 80% du montant pour une durée de 8 mois à un an. Cela se répartit entre les responsables de la direction générale de la CNPSAE et ceux des agences communales.
A titre illustratif, ces bulletins ci-dessous, sont celui d’un retraité dont la pension initiale était de 154.000 francs guinéens. Par la magouille des cadres de la Caisse de Prévoyance, il remplit de nos jours un bulletin de 2.434.000 GNF le mois, sans pour autant bénéficier de la totalité de cet argent.



De 154.000 en avril 2017, le pensionné a vu son bulletin changer progressivement pour se retrouver à 954.000 en mars 2021 ; 1.054.000 au mois de mai de la même année ; 1.254.000 au début d’octobre et 2.434.000 à la fin du même mois.
Cette magouille, les acteurs qui l’entretiennent, la justifient au nom du Président de la Transition.
« C’est le Colonel Doumbouya qui a fait cette augmentation après la prise du pouvoir le 5 septembre », apprend-on des pensionnés.
Pourtant, pour ce cas précis, jusqu’à l’augmentation du montant à 1.254.000, le pensionné ne recevait pas plus de 440.000 GNF/mois. Avec les 2.434.000, il percevait moins d’un million dans un premier temps et 1.500.000 à l’heure actuelle. Qui sont donc les bénéficiaires du reste de l’argent ? Il reviendra prochainement à la nouvelle directrice Aminata Diallo, de chercher à démanteler ce réseau mafieux et débarrasser son service de ces criminels financiers qui font saigner les caisses de l’Etat pour leur enrichissement personnel, égoïste, malhonnête et dévastateur.
Imaginer, combien il y en a comme retraités de la fonction publique ? Même si tous ne sont pas dans cette situation, il y a bien des milliers de personnes qui ont vu leurs pensions augmentées frauduleusement sur aucune base logique ou réglementaire.
A supposer, de Conakry à Youmou, qu’ils soient 2000 retraités à être dans cette situation d’augmentation de plus de 2 millions. L’Etat perdrait ainsi et de façon banale une somme de 4 milliards par mois. S’ils sont 5000 retraités, c’est une perte de 10 milliards par mois. A chacun donc de faire son calcul par rapport au nombre de fonctionnaires retraités pour se faire une idée du montant qui se volatilise chaque mois et chaque année du budget de l’Etat.
Hormis ces calculs et supposition, en décembre dernier, c’est une liste de plus de 6.000 fonctionnaires qui avait été officiellement communiquée pour le départ à la retraite. A quand le commencement du paiement des pensions de ceux-ci et combien en bénéficieront ils à leur tour ?
Parallèlement à cette pratique, une autre forme de détournement est signalée au niveau du même service. Certains cadres de la direction générale du Budget seraient complices de la pratique. Il s’agit notamment des années de départ à la retraite.
Parmi les fonctionnaires ayant fait valoir leur droit à la retraite en 2011, nombreux d’entre eux n’ont commencé à percevoir leurs pensions qu’en 2020 avec seulement 7 mois de rappel. Les montants des années écoulées auraient été décaissés et empochés par des cadres véreux qui entretiennent ce vol de deniers publics.
Pourtant, selon nos informations, dès le départ à la retraite, le Ministère du Budget produit des fiches de pension qui en principe doivent être jointes aux dossiers des pensionnés pour qu’ils sachent à quel moment commence le paiement de leurs pensions.
Malheureusement, en lieu et place de ce précède, ce sont les pensionnés eux-mêmes qui fournissent tous les documents liés à leur prise en charge. Ce sont entre autres, les derniers bulletins de salaire et l’arrêté d’engagement à la fonction publique. Or, tout cela devrait être réglé en amont entre les départements de la fonction publique et celui du Budget afin d’éviter des anomalies.
Pour finir, cette année, l’Etat prévoit une allocation Budgétaire de 1.600 milliards de francs guinéens pour le paiement des pensions des fonctionnaires retraités.
Affaire à suivre…
Mamoudou Babila KEITA