Malgré ses énormes potentialités agricoles, la Guinée vit toujours au dépens des produits importés dont les prix varient au jour le jour. La cherté de la vie tend à demeurer dans ce pays où l’agriculture se pratique dans les discours des politiques et sur les lèvres des citoyens qui tirent le diable par la queue. On est tous responsable de cet état de fait.
De Conakry à Yomou en passant Kankan, Labé et les faubourgs les plus reculés du pays, la cherté de vie rime avec le quotidien du Guinéen. Il n’arrive plus à s’en débarrasser. Dans les marchés, les bars, les gargotes, et même dans les bureaux, ‘’Tout !! Est devenu cher’’ est plus récité en longueur de journée qu’alléluia et la Fatiha.
Le Guinéen a tout compris à la veille du Ramadan et le carême. Il a crié, dénoncer partout sa peine au point que le nouveau maître de Conakry s’en est rendu compte.
Aussitôt, sous son ordre, le ministère du commerce s’est fendu d’un communiqué pour annoncer au Guinéen, la subvention de certains produits importés dont il consomme. Une frange partie du peuple optimiste a applaudi des deux mains cette mesure du pouvoir de Conakry croyant que les prix allaient maigrir pour le bien-être de la population. Mais hélas, en plus du poids du jeûne qu’ils observent, les fidèles musulmans et chrétiens guinéens, font face toujours à cette interminable cherté de vie.
C’est eux qui ont eu raison, ceux-là qu’on appelle pessimistes. Ils ont dit dès l’annonce :
vous verrez, ça ne changera pas. C’est les commerçants gourmands qui décident à la place de l’Etat quand il faut diminuer ou augmenter les prix. Ils ont toujours alerté : en Guinée, on a de beaux textes, mais l’applicabilité fait défaut. Le temps leur donne finalement raison.
En vérité, la Guinée ne mérite pas ce qu’elle vit aujourd’hui. Car en plus d’être un scandale géologique, ne dit-on pas qu’elle est aussi un scandale agricole ?
N’accusons pas à tort le CNRD, il n’est pour rien. Le mal du Guinéen ne date pas d’aujourd’hui.
Durant plus d’une décennie, le patron du navire jaune et son clan ont pillé, brouter à leur faim, l’argent du contribuable guinéen au nom d’une prétendue réforme de l’agriculture.
« Produisons guinéen, consommons guinéen ». Avec ce rêve, ils ont gonflé les chiffres, puis dilapidé les budgets agricoles.
Comment Comprendre que le Guinéen ne puisse pas manger à sa faim après plus de 10 ans de reine d’un régime qui a fait de la agriculture sa priorité ?
Comment Comprendre que le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest puisse manquer d’eau pour arroser ses pleines cultivables devant nourrir son peuple ?
S’il est vrai qu’une ressource humaine jeune constitue la plus grande richesse d’un pays, je me demande, à quoi sert alors cette potentialité humaine de la GUINÉE ?
Certes, les politiques ont échoué, mais ils ne sont pas les seuls responsables des difficultés que le peuple endure.
Ils sont aussi à la base, ces grands commerçants guinéens qui au lieu de se lancer dans la dynamique de la révolution verte, investir dans l’agriculture pour aboutir à l’autosuffisance alimentaire, préfèrent importer ce que produisent les autres pour ensuite se faire fortune sur la tête de leur compatriote.
Eh bien, s’il est vrai que la terre ne trahit pas, il est temps pour le grand guinéen d’opter pour la détermination dans l’action à fin d’aboutir à l’amélioration de sa condition vie.
A très bientôt !
Sékou Bourgeois CAMARA journaliste reporter.