Au port de Boulbinet, où nous nous sommes rendus à 7h. Les activités ont commencé pour certains depuis l’aube. Les pêcheurs reviennent souvent bredouille et finalement, toutes les autres activités virent au ralenti.
« Avant, quand tu partais en mer, tu obtenais beaucoup de poissons. Mais à l’heure-là quand tu pars, tu ne peux pas avoir beaucoup de poissons. Avec les filets ‘’Spadon’’qui ne sont utilisés qu’en Guinée nous empêchent d’avoir beaucoup de poissons. Parce que la plupart, ce sont les étrangers qui les utilisent, où les étrangers achètent des gros bateaux et donnent les filets aux Guinéens ‘’Spadon’’ pour aller à la pêche. Ce qui ne profite pas aux locaux », estime Ousmane SYLLA, Pêcheur au Port de Boulbinet
Certains parlent aussi de l’insécurité en haute mer avec les bateaux chinois, coréens et d’autres plus équipés et plus performants qui détruisent leurs filets.
« En haute mer, c’est difficile, car les bateaux chinois détruisent nos filets. Ensuite, quand on achète 30 bidons d’essence pour aller en mer, et imagine tu ne reviens qu’avec 4 casiers de poissons, sur une dépense de 8 millions, 10 millions de francs Guinéens, c’est insuffisant. Comment tu vas te sortir de ça. Donc le poisson est cher », s’indigne Alya CISSE, Pêcheur au Port de Boulbinet.
Pourtant, ces pêcheurs font parfois 5 jours au plus en mer. En partant, chaque pêcheur à son rituel. Certains des fétiches, d’autres des sacrifices, le tout avec la protection divine.
« Comme sacrifice, nous immolons un mouton et on donne à un imam. Il fait la bénédiction pour nous», souligne un jeune pêcheur.
A ce manque de poisson, s’ajoute la cherté du marché qui impacte tout le monde, les mareyeuses, et même les charretiers. Ibrahima BARRY, un charretier que nous avons rencontré sur place, a fait 16 ans au port de Boulbinet avec une seule charrette. Elle est son outil de travail, il transporte les provisions des pêcheurs avant le départ et le poisson au retour.
« Actuellement, les pêcheurs ne gagnent pas de poissons comme avant. Les dépenses sont lourdes, quand les pécheurs ne gagnent pas, nous on nous pardon » s’alarme Ibrahima BARRY, charretier.
Au port de Boulbinet, travaille des Guinéens, des Libériens, des sierra-léonais, et même des Ghanéens. Le plus frappant au-delà des pirogues, ce sont les ordures qui traînent dans la mer au vu et su de tous.
Alseny BARRY