Développer une administration publique efficace, compétente et orientée vers l’avenir ainsi que des institutions étatiques solides mais allégées, est l’un des plus grands défis auxquels notre pays, particulièrement, est confronté du fait que la bonne gouvernance est l’un des facteurs les plus importants, sinon le plus important pour le succès de tout effort de développement.
Réformer l’administration publique guinéenne n’est pas une tâche facile et les difficultés à surmonter sont nombreuses.
Au cours de ces dernières années, le rajeunissement et la féminisation sont apparus comme des concepts clés de la gouvernance et de la modernisation. Partout donc, à toutes les échelles de la sphère de gouvernance, les jeunes et les femmes sont au cœur de toutes les réformes. Ils occupent, certes, les hautes fonctions de l’Etat, même si les défis restent constants en termes de résultats car, il n’y a d’administration publique que celle qui répond aux besoins existentiels des populations (notion de service public).
En effet, la Gestion des Ressources Humaines de l’Etat, qui consiste à, dans la délivrance de service public, confier les responsabilités à ceux qui en ont la capacité en termes de compétences, de probité (intangible), mais aussi le sens du caractère impersonnel de la chose publique, occupe une place de premier rang. Elle permet à l’Etat de promouvoir les talents sur la base du savoir-faire et d’une vision clairement établie.
Par constat, depuis plus de dix (10), des jeunes, pas les moindres, qui ont sacrifiés une bonne partie de leurs carrières à la cause de l’Etat, squattent les halls des départements ministériels en tant que stagiaires, contractuels, d’autres mêmes fonctionnaires (non postés), maîtrisant toutes les procédures administratives, ayant acquis les expériences nécessaires pour occuper les postes de responsabilités, étant au four et au moulin de tous les travaux, mais ne sont jamais vus, ni connus. Ils ne peuvent être dénichés car ils ne sont que des subalternes.
Ces jeunes dans l’administration publique qui, des années durant, sont la cheville ouvrières de toutes les procédures administratives, mais qui sont mis en paria quand il s’agit de promotion. Comment les appellera-t-on ? Les oubliés…..
Une administration efficace tient compte du développement de ces ressources humaines. Par la mobilité interne, les plus méritants, qui se sont familiarisés aux dossiers de routine, qui savent comment, par expérience, concevoir, planifier, organiser, mettre en œuvre et suivre les activités, doivent être mis en avant, prioriser.
Les dirigeants doivent saisir pleinement la relation étroite entre l’expérience et le talent de ces jeunes gens, et la performance à l’échelle de d’administration, puis considérer ces éléments comme des capitaux essentiels à la production de résultats. Il faut ainsi donner l’occasion à ces employés l’occasion d’évoluer, même pas sur la base de l’expérience uniquement, mais aussi et surtout, l’apprentissage.
Donner aux travailleurs les occasions nécessaires d’apprendre et d’étendre leurs affectations est une étape importante ; leur donner un moyen sur lequel ils peuvent modeler leur propre carrière (et particulièrement important, car cela aide à éveiller l’intérêt de ceux qui, autrement, ne croiraient peut-être pas pouvoir avancer dans une administration). C’est pourquoi les investissements à long terme peuvent créer un vivier de talents plus solide grâce à une meilleure marque d’emploi, une meilleure rétention et un recrutement plus efficace (le remplacement étant assuré par des internes qui maîtrisent déjà ce qui existe comme activité).
Les dirigeants publics doivent soutenir un objectif de fidélisation des travailleurs (les plus jeunes) à l’échelle de l’administration grâce à la mobilité interne. Bon nombre des administrations les plus performantes fixent explicitement des objectifs de promotion pour les employés internes et soutiennent ces mesures que les travailleurs acquièrent des compétences et le type de formation qui les aide à mériter une promotion. Les gestionnaires de personnels surtout (quasiment absents dans l’administration publique guinéenne) peuvent identifier les qualités qui feront des employés (stagiaires, contractuels, fonctionnaires non postés) exceptionnels pour des postes qui ne sont pas encore ouverts, afin que les candidats capables ou potentiellement capables puissent être identifiés et préparés. L’objectif est un effet d’entraînement, où les travailleurs à fort potentiel atteignent des niveaux toujours plus élevés au sein de l’administration, créant des opportunités ainsi que des exemples à suivre pour les autres.
Lier inextricablement la culture, le leadership et les RH peut accroître la mobilité interne, la fidélisation et la motivation des agents publics de l’Etat. Il faut lever le voile sur ces jeunes qui se démerdent pour accomplir les tâches quotidiennes des Ministères, qui y ont consacrés leurs jeunes énergies, leurs savoirs faires et leurs temps.
Ces oubliés ont pourtant une place de premier choix. Comme l’a dit le Colonel Mamadi Doumbouya lors de sa visite inopinée au Ministère de la fonction publique : « il n’y a pas d’école d’expérience, il faut donner la place aux jeunes dans l’administration ». Au-delà de ceux qui sont promus, il y a des internes, qui sont maintenus dans le statuquo.
Prenez-les en compte, car ils peuvent être utiles, ils le sont d’ailleurs.
Aboubacar Sidiki Kaba,
Sociologue, Spécialiste RH.
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