Les scrutins présidentiels de 2015 ont drainé une colossale perte chez les opérateurs économiques guinéens. Plus de 404 commerçants des communes de Matoto et Matam ont été victimes de vandalisme et de pillage au cours ces élections. Cinq ans après ces tragiques pertes sans enquête ni indemnisation, ces opérateurs dénoncent le manque de volonté des pouvoirs d’alors à ouvrir une enquête judiciaire. Aujourd’hui, ces hommes d’affaires réunis au sein d’un collectif exposent leurs difficultés courantes aux nouvelles autorités, puis demandent l’implication de celles-ci.
Dans les journées du 08 et 09 octobre 2015, rappellent les victimes, de groupuscules de jeunes mal intentionnés ont procédé à l’incinération systématique d’innombrables boutiques et magasins et kiosques commerciaux sis dans les deux communes.
« Contre toute attente, pendant la campagne présidentielle de 2015, précisément les 8 et 9 octobre de la même année, nos Boutiques, Magasins et kiosques commerciaux, sis dans les Communes de Matam et Matoto, relevant du gouvernorat de la ville de Conakry ont été systématiquement vandalisés, pillés, vidés de leurs contenus. Pire, certains totalement calcinés. Sauf omission, nous avons enregistré 404 victimes avec des pertes de 144.738.718.894 francs guineens », affirme Ibrahima TALL, président des victimes de 2015.
Depuis lors, les démarches devant aboutir à l’ouverture des procès judiciaires sont sans succès. Pendant l’accalmie, ces opérateurs disent avoir réactualisé le dossier au niveau de l’ancien régime. En compagnie du groupement organisé des hommes d’affaires (GOHA), un consensus a été obtenu entre le pouvoir d’alors et les victimes. Cependant, les victimes ne semblent pas être rassurées de la démarche du GOHA.
« Dès le départ, le GOHA nous a assisté, mais vu qu’ ils ont voulu une solution négociée avec les politiciens, ce qui n’était pas notre vision, on a dit forcément, qu’il fallait aller vers la justice. Parce que pour nous, il faut que ça s’arrête. Mais si ces gens-là (GOHA) parviennent à obtenir gain de cause, et qu’on parvienne à débloquer des fonds pour dédommager les victimes, en ce moment qui serait responsable (coupable) ? Donc, c’est ce que nous, nous, on n’a pas pu comprendre parce qu’il faut responsabiliser les gens dans notre pays pour que ça cesse. Si personne n’est responsable (coupable), on n’ira nulle part. Il faut que chacun prenne sa responsabilité », souhaite le collectif.
Malgré le départ du régime Condé, ces opérateurs économiques quant à eux, ne décolèrent toujours pas. Avec l’arrivée des nouvelles autorités, ils invitent les parties impliquées à assumer leur responsabilité.
« Nous, nous pensons que les communes sont des collectivités locales, donc ils ont le pouvoir, ils ont été élus. Par conséquence, s’ils ne font pas leur travail, on a le droit de leur demander des comptes. Car nous pensons que c’est de leur défaillance que cela est arrivé », martèle le président des victimes de la présidentielle de 2015.
Mariam Kanté