La Guinée en passe d’être la plaque tournante du trafic de cocaïne en Afrique de l’ouest ?
En 2020, les services de renseignements Ouest africains étaient en alerte maximale. Ils ont été informés de l’arrivée prochaine d’une énorme quantité de cocaïnes en provenance de l’Amérique latine, pour les pays de la sous région africaine dont la République de Guinée. Le signalement d’un gros navire aux activités suspectes sera donné en mer continentale et qui contenait de la cocaïne. Le cartel, en complicité avec leurs dealers locaux ont pu faire entrer la cargaison illicite dans les pays ciblés sur la côte ouest africaine.
Il n’y a pas d’agences de lutte contre le narcotrafic fiable sans un service de renseignement efficace. Les renseignements donnés notamment par la DEA ont mis les services spécialisés des pays concernés en branle à l’effet de retrouver les quantités de cocaïne et mettre aux arrêts leurs auteurs.
Très vite, des saisies auront lieu dans certains pays de la sous-région:
– A Cotonou, le 30 Novembre 2020, sur un vol d’Ethiopian ET 917 une valise fouillée contenait 33 emballages de cocaïne ayant une masse de 4 kilogrammes 500 (4,5 kg)
– Le 23 Novembre 2020, sur un autre vol d’Ethiopian ET 917, une valise fouillée renfermait 17 emballages de poudre blanchâtre qui ont réagi positivement à la cocaïne soit 8 kilogrammes
– Sur le Vol SN du 29 Novembre 2020, 10 boules de cristaux translucides, de la méthamphétamine ont été saisies soit 9 kilogrammes en tout.
– En Janvier 2021 au Sénégal, la gendarmerie a saisi entre Somone et NGaparou un peu plus de 600 kg de cocaïne.
Il faut souligner que le 27 janvier 2007, la gendarmerie de Mbour avait mis le grappin sur un vénézuélien, un équatorien et un colombien qui aux yeux de tout le monde agissait dans l’aquaculture. C’était juste une activité écran car ils ont été interpellés à cause d’une saisie record de 1,2 tonnes de cocaïne, dont la valeur à l’époque s’élevait à 140 milliards FCFA
– En Gambie, le 09 janvier 2021, 3 tonnes de cocaïnes ont été saisies dans une cargaison de sel dans un conteneur de 118 sacs de poudre blanches et qui sont venus dans un cargo en provenance de Guayaquil en Equateur
– En Côte d’ivoire, à bord d’un navire marchand provenant du Brésil, en Février 2020, les services de sécurité ivoirienne vont effectuer la plus importante saisie de cocaïne dans l’histoire du pays 411 tonnes tout de même.
Alors vous vous demandez certainement et la Guinée dans tout ça ? Qu’est ce que nos services de renseignement et de sécurité ont fait ?
Trois individus venus du Mexique vont entrer en Guinée et prendre en location une villa à Nongo située au bord de la mer, qui appartiendrait à Madame Sacko, épouse d’un Général de l’armée hors de la Guinée. Installés, ils vont s’acheter un bateau lynx à plus de 100 milles dollars. Ce moyen de déplacement leur permettait selon les premières informations de l’enquête, de recueillir des cargaisons illicites en mer. En Guinée, ils auront pour complices des Guinéens dont deux connus des services de sécurité : (Mamady Kaba et Issa Kaba). Ils procéderont en toute impunité à leur trafic sans faire sourciller quiconque mais le hasard va se retourner contre eux.
Ils vont accuser un jeune guinéen qui leur servait de gardien d’avoir dérobé 1000 dollars dans la maison. Le jeune sera déposé à la BAC numéro 10 et soumis à une torture corporelle. Le jeune homme va déclarer aux agents de cette brigade anticriminalité qu’il y a bien pire qu’un vol de 1000 dollars dans cette cour. Il ajoutera qu’il y a de la drogue là-bas.
Aussitôt, la BAC 10 va descendre sur les lieux en prenant le soin d’informer la hiérarchie notamment les coordinateurs des BAC. L’effet de surprise aidant, les agents feront la découverte de 21 sacs contenant chacun 25 plaquettes de drogue dure, de la cocaïne pure pour un poids total estimé à plus d’une tonne. Ils vont également trouver sur place les deux expatriés mexicains. Par un tour de passe-passe dont seuls ces agents ont le secret, aucun des mexicains ne sera appréhendé. Ici, les différentes sources parlent de cash en dollars dont le montant varierait entre 30 à 450 milles dollars Américain.
Les 21 sacs seront embarqués, destinations la BAC 10. Mais en cours de route, 3 sacs vont se volatilisés. Les agents des BAC vont ainsi informer leur hiérarchie sur la saisie de 19 sacs de cocaïne contenant chacun 25 plaquettes.
Les pickups des coordinateurs des BAC vont se rendre sur les lieux et ils prendront les 19 sacs. Un officier de la police nationale se verra confier la marchande blanche mais cette fois-ci non pas 19 sacs mais 6 sacs selon des sources policières et judiciaires. Tout cela s’est passé entre le 04 et le 05 janvier 2021, et à cette date, il a fallu attendre le 14 janvier pour que la marchandise prohibée soit déclarée et mise à la disposition de la Direction Centrale de la Police Judiciaire. En lieu et place des 6 sacs de 25 plaquettes chacun, ce sont 100 plaquettes qui seront présentées à la presse.
Autre fait plus grave, lors de cette présentation à la presse, le Colonel Fabou, Directeur Central de la Police Judiciaire, va déclarer que suite à un test, la poudre blanche mélangée au réactif a viré au bleu. Ce qui signifie selon l’officier de police judiciaire, qu’il a pris le temps d’effectuer le test sur toutes les plaquettes de poudre blanche, mais il n’en est rien.
En Guinée, il existe un secrétariat général à la Présidence chargé des services spéciaux, de la lutte contre la drogue, du banditisme et des crimes organisés, qui a vu naître en son sein une nouvelle Direction du Renseignement Économique, Financier et Narcotique en abrégé DREFN. Cette direction qui mène toutes les enquêtes et saisies de cocaïne en Guinée, travaille efficacement sur le terrain avec l’ensemble des services de défense et de sécurité mais aussi avec l’Interpol, la DEA et la CIA. Elle est au centre du renseignement international en matière de drogue et du blanchiment des capitaux. Les responsables de la DREFN ont la parole rare, toutes nos tentatives pour les avoir ont été vaines. Or, ce sont eux qui sont à la manœuvre sur cette enquête titanesque, complexe et sensible.
Après la présentation des 100 plaquettes de cocaïnes par la DCPJ, la DREFN en tant qu’entité spécialisée, va prendre la main et ouvrir une enquête en profondeur. Elles vont relever que sur les 100 plaquettes présentées par la Direction Centrale de la Police Judiciaire, comme contenant toutes de la cocaïne, il y’a 32 qui sont composées de farine. La question qui se pose, c’est comment un officier du rang du colonel FABOU, formé à l’école du Colonel Tiegboro, moulé par le Général Baldé, peut faire une fausse déclaration à la presse ? N’a t-il pas donc pris le temps de tester une à une l’ensemble des plaquettes ? et pourquoi la présence de 32 plaquettes de farine alors que la quantité prise chez les mexicains était composée de drogue dure et pure ?
Les enquêtes sont en cours pour mettre le grappin sur tous les complices de ce coup de théâtre digne d’un film sorti d’Hollywood. Des agents de la DEA et de la CIA sont déjà en Guinée et tout porte à croire que les ramifications de cette rocambolesque saisie d’une tonne de cocaïne pure, compressée à quelques plaquettes, remonte à de hauts gradés de la police nationale.
Déjà, 9 commandants des BACS sont en prison, y compris le coordinateur général des BAC et son adjoint et d’autres arrestations vont certainement suivre, car c’est l’image de la Guinée qui est en jeu, sa respectabilité doit être assise vaille que vaille dans ce sale dossier de poudre blanche.
Affaire à suivre…
Mamoudou Babila KEITA