Pendant ce temps, les remarques de poursuivent; les patrons de ces industries numériques nous piquent de telle sorte que nous (utilisateurs) voulons désormais savoir ce qu’ils font réellement de nos données, qui augmentent chaque seconde leurs capitalisations en bourse.
Aujourd’hui, les utilisateurs de ces différentes plateformes demandent à ce que la lumière soit portée sur l’utilisation réelle de leurs données et qu’ils aient aussi leur droit de participation à la création de richesses de ces patrons (Jeff Bezos – Mark Zuckerberg – Larry page – Jack Ma…), qui sont parfois plus que nos États, c’est-à-dire une rémunération sur la valeur de ce que les utilisateurs produisent, comme richesse, pour les enrichir.
Depuis quelques années, environ deux décennies (20 ans), les utilisateurs, parmi lesquels les africains, ont compris que leurs données sont utilisées parfois par ces plateformes sans leurs consentements et même contre eux, non seulement pour des fins de publicités, mais également pour des fins politiques et économiques :
- elles savent mieux ce que nous (utilisateurs) voulons que nos États;
– elles connaissent mieux nos proches que nous-mêmes;
-elles décident parfois à notre place en influençant nos choix;
– elles jouent l’intelligence économique pour accorder plus de privilèges aux entreprises occidentaux que les nôtres sur le marché international ;
– elles envisagent de remplacer les monnaies physiques par les monnaies électroniques sans même préparer nos banques à cela, etc.
En effet, le tsunami du numérique de ces dix dernières années a totalement redéfini l’environnement des affaires: les affaires se traitent de plus en plus de façon électronique maintenant qu’en papier, ce à quoi l’Afrique n’était pas du tout préparée, et les premières victimes de cela, ce sont les africains et leurs économies. Ils n’ont ni électricité, ni internet, ni d’outils numériques.
A l’évidence, les affaires ne se font plus comme avant. Le numérique a créé son propre chemin pour permettre aux concepteurs des grandes industries numériques de se faire de l’argent avec moins d’efforts sans passer par les méthodes archaïques : D’une part, ce sont les algorithmes qui génèrent des « mégadonnées » ou « Big Data » (termes anglais) par l’intermédiaire des utilisateurs que nous sommes, bien-sûr ; d’autre part, ce sont les données générées par les algorithmes qui sont utilisées ou vendues selon la politique définie par leurs concepteurs, c’est-à-dire sans nous (utilisateurs).
Le continent africain de ce fait n’a pas vu venir cette vague numérique, comme je le disais plus haut.
Par conséquent, il ne sait pas trop comment se faire une place au-delà d’un simple consommateur afin qu’il se positionne bien dans cette nouvelle guerre, qui est à la fois économique, sociale et politique, bien que certains de ces pays de l’est commencent à se réveiller, tels que le Kenya et le Rwanda.
C’est la raison pour laquelle, dès le début de cette nouvelle stratégie économique, les asiatiques, en particulier la Chine qui a tellement compris l’enjeu qu’elle a fini par mettre en place ses propres réseaux sociaux de toutes sortes, à savoir les BATTX (Baïdu, Alibaba, Tencent, Tiktok, Xiaomi), Ont remarqués qu’il est moins risqué de confier ses informations aux industries numériques de chez soi qu’ailleurs. Quelle stratégie !
Ce faisant, la Chine est aujourd’hui l’un des rares pays au monde qui ont mis un accent particulier sur la guerre des données pour concurrencer les géants américains, d’où l’influence de TIKTOK sur les réseaux sociaux américains dans ces derniers mois, qui a même été finalement rachetée par une entreprise américaine. C’est pourquoi les américains, sous mandat de Donald Trump, ont interdit cette plateforme sur le territoire américain. Ensuite, les indiens ont emboîté le pas, c’est-à-dire ils ont fait la même chose chez eux.
Par ailleurs, les continents européen et océanique, quant à eux, ne sont que des simples spectateurs comme l’Afrique. Ces deux continents plus l’Afrique devraient se contenter d’abord de leur position de spectateurs jusqu’à ce qu’ils aient réellement pris connaissance de cet enjeu.
Toutefois, pour le cas particulier de l’Afrique, la situation est complexe. En fait, celui à qui elle fait toujours référence sur le plan politique et économique, le continent européen, n’est qu’un faux espoir dans ce jeu parce qu’elle-même ne sait plus par où commencer pour ce faire une place; toutes ses start-ups sont au-dessous de la concurrence.
Le continent africain, qui m’intéresse le plus, devrait donc se tourner vers les nouveaux maîtres de la technologie, à savoir les Etats-Unis d’Amérique et la Chine, non pas pour les imiter en construisant des centres d’incubateurs à l’image de la silicone Valley, mais pour se préparer à occuper une bonne place dans le futur (nanotechnologies, biotechnologie, robotique, intelligences artificielles fortes, etc.). Pour cela, Il doit miser sur sa jeunesse et non pas sur les start-ups; à souligner que Facebook n’était pas une start-up. Ensuite, cette jeunesse, bien qu’elle soit experte par excellence dans la consommation des produits de ces grandes entreprises du numérique, pourrait dans le temps bien jouer sa carte dans le futur quand elle aurait été bien formée et informée sur les enjeux.
Mais la question se pose de savoir comment le continent africain pourra parvenir à cela. D’abord, il est impératif qu’il gagne son combat de lutte contre l’analphabétisme, le manque d’électricité en diversifiant bien entendu ses moyens de production d’énergies, et enfin la pauvreté.
Somme toute, le continent africain est actuellement le seul continent où, sur le marché international, ce qui quitte chez lui en termes de richesses (matérielle et immatérielle) est plus important que ce qui quitte chez les autres vers chez lui. L’écart est immense et les conséquences sont dramatiques. En fin de compte, on peut se demander si, dans ses conditions, l’Afrique pourra se faire une bonne place à l’horizon 2050.
N’Famara CAMARA