Organisé par “le réseau international des femmes d’aujourd’hui (TWIN)”, l’atelier d’élaboration du document de plaidoyer sur les droits à la santé sexuelle et reproductive (DSSR) a pris fin ce mercredi 14 octobre 2020. Durant deux jours, l’atelier a réuni une vingtaine de personnes issues des ONG de défense des droits de femmes, des leaders religieux, judiciaires et médicaux. Cette rencontre avait pour objectif, amender le plaidoyer relatif à la dépénalisation et la sécurisation de l’avortement.
Durant les deux jours de l’atelier les formateurs ont révélé la récidive dans la pratique de l’avortement clandestin en République de Guinée malgré son interdiction dans le code pénal. À tour de rôle, les différents acteurs ont évoqué les conséquences sociales et sanitaires qui découlent de l’avortement. Ils ont ensuite développé des arguments en faveur de sa dépénalisation et de sa sécurisation. Au terme de la rencontre, le document de plaidoyer a été mis à contribution pour amendement et des suggestions ont été directement adressées aux partenaires impliqués.
Pour Dr Mariamacire CAMARA, cheffe-section à la Direction de la santé de la ville de Conakry, l’avortement clandestin continue à proliférer à cause de l’inapplication des lois. Pour elle, cette initiative de TWIN vise à mouvoir la politique de la planification familiale afin d’éviter les grossesses indésirées et réduire la mobilité.
«Si nous regardons le contexte de santé publique, l’avortement clandestin est un vrai problème de santé. Au lieu de laisser cet acte évoluer qui peut entraîner la mortalité de la femme ou de la jeune fille…, je pense que nous devrions penser à mener des activités pour éviter cet avortement clandestin. L’idéal chez une fille, c’est de se préserver des rapports jusqu’à l’âge du mariage ou éviter les grossesses. C’est pourquoi TWIN voudrait mettre en place un document qui va élaborer en faveur de l’avortement sécurisé dans le sens légal et le sens médical », explique la gynécologue.
Moustapha BANGOURA, Imam du collège des Imams d’Almamya a rapporté des précisions religieuses sur la notion de l’avortement. Selon lui, la religion musulmane n‘interdit pas l’avortement et ne l’autorise pas aussi. Il s’engage à relayer les échanges et connaissances issus de l’atelier.
«L‘islam a une position très bien claire. Elle n’interdit pas l’avortement, mai ne l’autorise pas. Pour certaines jurisprudences islamiques, l’avortement interfère avec la volonté d’Allah. Seul, lui a le droit de vie et de mort. Mais considère l’avortement indésirable et non-répréhensible en moins de 120 jours. D’autres l’autorisent jusqu’à 40 jours. Au sortir de cet atelier, nous allons vulgariser ce qui a été dit ici. Parce que tout le monde n’a pas les mêmes informations. Il faut donc divulguer pour concilier les idées, les opinions pour le bien-être de la femme», rassure-t-il.
Comme recommandations, l’assemblée a énuméré la prise en charge médicale des victimes de l’avortement, l’insertion sociale des jeunes filles et femmes qui ont effectué l’avortement clandestin. Sensibilisation sur l’arrêt de l’avortement, promotion de la planification familiale, l’éducation sexuelle, etc.
Mariam KANTE