Les représentants de l’union de défense des sinistrés du projet Souapiti étaient en conclave ce mardi 11 août 2020 au bureau d’organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH) à Conakry. Objectif, expliquer à l’opinion les conséquences de cette réalisation énergétique sur la vie des populations riveraines.
Au titre des dénonciations qui planent sur les concernés des 105 villages relevant de 4 préfectures différentes du pays, les avocats parlent de la violation des droits civiques, économiques, culturels et tant d’autres.
«Il y a des villages qui sont appelés à quitter complètement leur terre ancestrale, pour aller ailleurs. D’autres seront isolées. Pour l’ensemble de ces 5 villages le projet a communiqué sur un chiffre de 12355 affectées. Ce chiffre n’est pas vrai, connaissant les réalités, nous nous l’estimons 20.000 personnes affectées. Un autre problème, les biens des personnes n’ont pas été recensés. Nous savons que, c’est un projet d’intérêt national, mais à l’allure où vont les choses, nous sommes embarrassés et nous nous posons beaucoup de questions » a évoqué Maître Oumar Aïssata Camara, vice coordinateur de l’union pour la défense des sinistrés de Souapiti et le porte-parole.
En plus un autre point fort de cette rencontre, les avocats ont dénoncé des manœuvres de dilatations des équipes mises en place pour servir d’interface entre la population affectée et les partenaires exécutants du projet.
«Il y a 49 sociétés qui construisent des maisons sur les sites de réinstallation, nous avons compris que les 10 premières appartiennent aux responsables de ces projets. Et les autres aux personnes de leur choix. Et le plus marrant est que, les travaux réalisés par ces entreprises ne sont pas de qualité », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, conscient de l’importance de ce projet d’électrification d’une bonne partie du pays à travers le barrage Souapiti, un autre avocat de la poule parle d’un couteau à double tranchant vu son impact en terme de violation des droits humains.
«L’expropriation pour cause d’utilité publique la procédure a été violée, ce qui entraîne le cas de violation des droits humains, économiques, sociaux, et culturels, sont bafoués au niveau du site du projet Souapiti », a évoqué Maître Emanuel BAMBA de la ligue guinéenne pour les droits de l’homme.
Pour sa part, maître Alimatou CAMARA estime que les gens ont des droits fonciers légitimes et « dans ce cas, le code foncier domaniale est violé. Mais au-delà de ça, il y a certains engagements internationaux que la Guinée a pris en terme de gouvernance foncière, il y a un certain nombre de droits des communautés qui devraient être respectés. Il s’agit également de la restauration des moyens de subsistance, du cadre de vie pour qu’ils soient dans le cadre d’un développement durable », dénonce-t-elle.
Les avocats constitués pour la cause des sinistrés de Souapiti ont aussi évoqué que, si toute fois les autorités ne prennent pas leur responsabilité face à la revendication des populations riveraines, qu’ils comptent prochainement saisir la cour de justice de la CEDEAO contre l’Etat guinéen, pour non-respect des droits humains.
Maké Fofana