Il n’est pas rare de voir dans beaucoup de débats autour du développement des pays africains, les discussions se porter sur la diversité linguistique.
Certains pointent du doigt cette dernière dans le cadre du retard de nos pays. Selon eux, le fait que tout le peuple ne parle pas la même langue, constitue un grand handicap au développement de nos pays. Car, personne ne veut laisser sa langue pour parler la langue d’autrui.
Est-il vrai que cette diversité linguistique est un handicap réel ?
Dans les lignes qui suivent, nous essayerons de démontrer que la diversité linguistique n’est pas un handicap au développement, en aucun cas. Pour comprendre ce fait, essayons tout d’abord d’éclaircir le terme langue : la langue est un système d’expression orale ou écrite utilisé par un groupe de personnes (communauté linguistique) pour communiquer.
A travers cette définition, nous comprenons que la langue n’est qu’un moyen de transmission de message. Le canal du message peut être d’ordre oral ou écrit. Son contenu varie entre :
Information, dialogue, et savoir-être.
De par la nature des choses, il y’a plusieurs groupes linguistiques qu’on retrouve dans le monde. C.-à-d., chaque société ou communauté a sa propre langue. Malgré cette diversité linguistique, le monde fonctionne à merveille. D’aucuns le considère comme une richesse inestimable pour l’humanité.
Cependant, en Afrique, cette richesse (diversité linguistique) est considérée comme un problème majeur pour son développement. C’est l’une des raisons pour laquelle les pays d’Afrique noire particulièrement, utilisent les langues étrangères dans leur système éducatif, en mettant de côté leurs langues locales qu’ils considèrent comme problématiques. Or, paradoxalement, ce système nous amène vers le bilinguisme ou multilinguisme : soit c’est le Français-Anglais, soit c’est Espagnol-Anglais, Soit Arabe-Français, voir le français-Anglais-Espagnol ou Arabe-Français-Anglais.
La République de Guinée peut être un exemple parmi tant d’autres en Afrique.
Que nous soyons entre les quatre murs (écoles), ou que nous soyons dans les quartiers, pour l’un ou l’autre, nous constatons que c’est la diversité linguistique qui fait la règle. Car, nous pouvons trouver des personnes qui parlent plusieurs langues de leur pays sans être à l’école.
En guinée par exemple, ‘’les résultats de l’enquête montrent le développement plurilinguistique…, puisque seuls 523 enquêtés sur 2000 (soit à peu près un quart de l’échantillon) n’ont pas répondu à la question 18 « quelle (s) autres (s) langues (s) guinéenne (s) pratiquez-vous?, ce qui signifie que les trois quarts de l’échantillon sont bilingues. Les trilingues et les quadrilingues sont nombreux,… »” (Alpha Mamadou Diallo, Usage et Image des Langues en Guinée, 1999).
A cet effet, nous devons alors accepter la nature des choses et mettre des politiques en place pouvant institutionnaliser cette réalité dans laquelle nous vivons.
Entre 1968-1984, la République de Guinée fut un exemple dans ce cadre. Elle a été le premier pays de l’Afrique noire francophone à intégrer les langues nationales comme langues d’enseignement. Huit langues étaient codifiées, dont entre autres: le Malinké, le Pular, le Soso, kpèlè, kissi…
Chacune de ces langues étaient la langue d’enseignement d’une région ou d’une localité, parce qu’elle est la langue dominante là-bas. Après la mort du camarade Ahmed Sékou Touré, cette politique fut foulée au sol.
Cependant, nous pouvons refaire la même chose avec d’autres astuces pour une d’intégration linguistique effective et totale.
Comment pouvons-nous s’y prendre :
Réintroduire les 8 langues nationales dans les écoles comme langues d’enseignement selon la région ou la localité. A Mamou par exemple, La première langue est le Pular, donc celle-ci sera la langue d’enseignement. Mais, d’autres langues seront introduites dans le programme comme matière en fonction des étapes et le classement des langues dans cette région.
Si c’est le Malinké qui est la seconde langue la plus parlée, elle sera alors une matière dès la 7e année jusqu’en 10èmes année. Au lycée, une autre langue, selon le classement sera introduit comme matière. Ainsi, avant la fin du cursus secondaire, l’élève sera en mesure de s’exprimer et écrire 2 autres langues en plus de sa langue maternelle ou la langue de l’enseignement. Cela permettra aux guinéens de se rapprocher de plus et casser les barrières linguistiques qui pourraient exister.
Avec cette politique, nous parviendrons à faire les débats en langues nationales à l’hémicycle. Ceci ne sera pas une première dans le monde, puis qu’au parlement européen, les débats se font dans plusieurs langues de l’union. Avec cette politique également, le pays parviendra facilement à choisir la première, deuxième, troisième, quatrième etc. Langue officielle du pays en fonction du nombre d’interlocuteurs.
Il faut que nous sachions que la langue/les langues sont les véhicules de tout développement. Les autres nations se cachent très souvent derrière la science ou la religion pour imposer leur langue sur d’autres peuples.
Un peuple qui réussit à imposer sa langue sur un autre peuple d’une manière ou d’une autre, dominera ce dernier sur tous les plans: culturellement et scientifiquement. C’est dans ce sens que Cheik Anta Diop dit: “Aucun peuple sérieux ne peut prétendre se développer dans la culture et la langue d’autrui’’.
Ibrahima Loncebalitè Konaté, Sociologue, Auteur et traducteur en N’ko, Acteur de la Société Civile Guinéenne, Sekoutouréiste ou Panafricaniste.
Tel : 622198700/ Email : loncebalitaik@gmail.com
L’analyse n’est pas mal, et les proposées, bien soutenables.
Beau travail mon ami, que ça tombe dans des bonnes oreilles. Oreilles puissante et compétentes.
L’analyse n’est pas mal, et les solutions sont proposées, bien soutenables.
Beau travail mon ami, que ça tombe dans des bonnes oreilles. Oreilles puissante et compétentes.
Belle analyse et très bien argumentée. J’opte pour ton idée et ensemble promouvons la pour que tous les autres Guinéens aussi le comprennent comme nous. Force à toi frère