Dans son discours de nouvel an, le Président de la République, a dévoilé ses intentions aux acteurs de l’éducation Guinéenne. Au delà des reformes entreprises qu’il trouve louable, Alpha Condé dit vouloir aller au-delà des efforts consentis pour davantage reformer et perfectionner le secteur de l’éducation.
S’il y a un secteur qui rêvait déguster les premières délices du régime Condé, c’est bien celui de l’éducation. En 2010, l’arrivée du chef de l’Etat suscitait un grand espoir pour les hommes de craies qui ont nourri leur patience d’ange. Aujourd’hui, l’heure est presqu’à la récompense.
Chemin faisant, dans le courant du premier trimestre de 2020, le Gouvernement doit procéder à l’actualisation des primes en lien avec le statut particulier de l’éducation et prendre des dispositions pour préparer les Etats Généraux de l’Education.
« Pour impulser un coup d’accélérateur aux réformes engagées dans le secteur de l’éducation, j’instruis le Gouvernement de se pencher sur le problème de l’habitat pour les fonctionnaires, notamment celui des enseignants et des services de santé.
Dans le secteur de l’éducation, les économies réalisées lors de l’assainissement du fichier, serviront à améliorer la situation des enseignants, sans affecter l’indice salarial conformément au protocole d’accord signé par le Gouvernement et les partenaires sociaux en janvier 2019 », telles sont les bonnes nouvelles tirées de l’adresse du Président Condé.
Ainsi, à la curiosité de savoir comment la nouvelle est aperçue chez les autorités éducatives, nous avons joint au téléphone des structures syndicales, notamment le SLECG d’Aboubacar Soumah et le SNE.
Chez le syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée, ce discours du chef de l’Etat ne peut point les divertir. Aboubacar Soumah, droit dans ses bottes pour la réclamation de huit millions comme indice salarial, trouve une inadéquation et une incohérence dans la démarche du Président de la République.
« Le Président dans sa déclaration, a lui-même violé le protocole d’accord. Quand il parle de la conformité du protocole d’accord, lui-même dit que le résultat qui est engagé suite au recensement va servir pour améliorer les conditions de vie des enseignants, sans que cela n’affecte l’indice salarial. Or, dans le protocole d’accord, nous avons demandé ce qui doit être acquis, doit servir de salaire de base. Lui ( chef de l’état), il parle d’une augmentation qui n’affecte pas l’indice salarial. Donc c’est en contradiction de ce qui a été signé dans le protocole d’accord », fait remarquer Aboubacar Soumah.
S’agissant des logement sociaux pour le personnel enseignant, le Secrétaire Général du SLECG, affirme :
« Ces discours de logements sociaux, ça fait combien de temps on nous d’eux, où sont-ils ? Les logements qu’ils ont construit à la cité douane, vous savez combien coûte ces appartements là? Est-ce que cela est à la portée d’un travailleur lambda Guinéen ?», s’interroge le syndicaliste qui attend d’ailleurs jusqu’au 04 janvier, la réponse de son courrier adressé au gouvernement.
Au SLECG, l’espoir n’est pas rassurant. Par contre, le syndicat national de l’enseignement (SNE), perçoit une espérance de cette allocution. Cependant, il la prend avec de pincettes. Michel Pépé Balamou, a, dans son sa réaction, relaté les primes que bénéficient les hommes de craies. Ces primes et accessoires liées à la profession enseignante, dit-il, représentent une valeur dérisoire vu la conjoncture du pays. D’où leur motivation pour l’amélioration des conditions de vie de leur corporation.
« Le président de la République a parlé des logements sociaux, c’était l’un des acquis de la première république parce que, partout il y avait des cités fonctionnaires(…). Si aujourd’hui le chef de l’Etat a une volonté politique de les réaliser, nous ne trouvons pas un obstacle majeur, ne serait-ce qu’au moins ou à long terme, parce que nous savons que cela ne peut pas être possible immédiatement, mais ce qui peut être revaloriser, c’est les primes de loyer au niveau des enseignants. Également la prime d’allocations familiales », estime le numéro un du SNE qui ajoute :
« Nous nous demandons plus, parce qu’il faut penser à ceux qui vont à la retraite par rapport à la revalorisation de la pension. Pourquoi pas penser à la construction des maisons de retraite. Car, les enseignants qui sont au soir de leur carrière, en veulent au SNE, que nous ne défendons que les primes, alors qu’ils sont proches de la retraite », propose Michel Pépé Balamou.
Croyez-vous aux espoirs suscités par le Président de la République ?
« C’est un homme éminemment politique qui a tenu un discours politique. Nous considérons cela comme des intentions de bonne volonté, mais nous sommes en pourparlers avec l’inspecteur général du travail, effectivement sur ce point, le Président a fait déjà une fuite, tant mieux, mais n’empêche que nous au sein du SNE, que nous ne continuons à mettre de la pression sur l’inspecteur générale du travail pour qu’on puisse avoir satisfaction par rapport à nos points de revendications. Au cas contraire, nous aussi nous ne manquerons pas de nous faire entendre ».
Mariam KANTE