A toi mes frère, je me moque totalement des considérations ethniques comme toi. Si tu veux me blâmer parce que je parle de la mort des frères Guinéens sans recourir à leur appartenance ethnique? Si veux que je dise qu’ils sont de telle ou telle ethnie? Détrempé toi. Ni toi, ni personne d’autre, ne peut m’amener à faire recours à l’ethnicité. Nous sommes Peulh, nous sommes soussou, nous sommes kpèlè, nous sommes malinké, nous sommes chrétiens, nous sommes musulmans, nous sommes animistes, nous sommes Guinéens tout court.
Ni toi, ni moi, personne n’a demandé à Dieu d’être né ainsi. Nous nous sommes vu dedans. Et ça c’est le fait de Dieu. C’est irrévocable. Vouloir s’opposer à ce choix divin, on devient disciple de Satan, le premier à désobéir son créateur. Si tu veux te victimiser dans l’ethnicité, moi je me victimise en Guinéen. Pourtant nous sommes tous Guinéens. C’est désolant!
Comment comprendre qu’ailleurs, qu’on dise qu’un Guinéen est mort. Et quand Guinée, qu’on dise qu’un peulh, un Soussou, un malinké ou un Guerzé est mort. Il faut qu’on arrête !
En France, Dr. Mamoudou Barry est mort. Il a été identifié Guinéen. Mais ici en Guinée, des esprits négatifs l’ont réduit à son ethnie. C’est la même chose qui se passe maintenant. Des frères Guinéens dans l’âme et dans l’esprit, sont en train de s’écrouler impuissamment aux crachats des canons tenus par d’autres Guinéens, pourtant nourris et entretenus par la sueur de chacun de nous. C’est inhumain. Il faut être sans âme pour ne pas être sensible à cela. C’est d’une cruauté extraordinaire et d’une injustice sans précédent, cela ne se mérite point pour quelque raison que ce soit. La vie humaine est sacrée, il faut la préserver.
Moi, en tant que Guinéen, je condamne fermement ce qui se passe maintenant dans notre pays. Tout au tant je condamne les connotations ethniques qu’on donne à la chose. Sortons de ces considérations qui risquent de nous coûter plus cher. Dénonçons les abus du système mais en Guinéens et non en ethnies. Personne n’y gagne !
Au cimetière, il n’y a pas de place réservée aux Soussous, ni aux peulhs, encore moins aux malinkés. A l’au-delà, selon nos croyance (Islam et Christianisme), personne ne sera jugé pour son appartenance à telle ou telle ethnie. Devant Dieu, on sera libéré ou retenu pour nos actes commis en tant qu’être humains, selon les époques des envoyés de Dieu. Alors si quelqu’un veut m’honorer. Si quelqu’un veut me respecter. Si quelqu’un veut m’aimer. Fais le en tant que Guinéen.
Et si tu veux me bannir. Si tu veux me tuer. Si tu venir me haïr. Fais également en tant que Guinéen. Jamais je ne pardonnerai à ceux qui me feront passer pour des considérations ethniques. Jamais je ne pardonnerai aussi à ceux qui vont me haïr dans des considérations ethniques. Je suis Guinéen et je le réclame vivement et jalousement.
« Mon ethnie »; « l’ethnie de lautre ». C’est l’expression d’une manipulation des acteurs politiques. C’est une prise en otage, c’est une exploitation de la conscience des Guinéens juste pour leurs causes et non la nôtre.
Quand nous étions opprimés par les colons, nous étions un peuple. Quand nous devenions indépendant, nous étions une nation. Mais aujourd’hui, par le fait de la politique et de la manipulation des politiciens, nous sommes devenus des groupes ethniques. Quelle régression !
Si malgré tout, tu veux t’identifier à une ethnie pour réclamer ta victimisation.
Moi je m’identifie en Guinéen pour te faire savoir que je suis aussi victime. Oui je suis victime. D’ailleurs, j’ai toujours été victime, sans jamais avoir droit à la justice. Mais je n’accuse aucune ethnie mais les dirigeants Guinéens qui ont créé le concept « ethnie » ou qui l’ont nourri et entretenu dans notre société.
Pour vous dire, en 91, alors qu’on était tout petit, ma ville natale N’zérékoré, s’est vue baignée dans un conflit intercommunautaire occasionné par des manipulations ethniques de certains dirigeants d’alors. Ce conflit, ma famille en a été victime. Mon oncle a vu arracher la vie de sa femme et de celle de son bébé innocent. Je suis une victime !
En 2008, précisément au mois de février, un autre conflit s’est éclaté sur base ethnique. Là aussi, mon père, le seul et unique frère à mon géniteur biologique, a été sauvagement abattu par des individus sans pudeur alors qu’il soufflait sa 63è bougie.. Ils ne se sont pas limités là. Son corps a été profané dans un dépotoir d’ordures. Il a fallu 7 jours après pour le retrouver. Tu t’imagines ? Qu’on enterre ton père dans les ordures sans te permettre de le voir.
Je suis une victime mon frère et peut-être plus victime que toi. Tu ne crois pas?
Alors imagine encore qu’entre août et septembre 2013, que le même conflit renaisse. Alors qu’on avait pas fini de cicatriser notre blessure. A l’époque, journaliste en vacances, j’ai faillit laisser ma vie. J’ai sauvé des vies sans aucune considération ethnique. Cela je l’ai fait en risquant la mienne. J’ai reçu des balles de fusil de chasse. Je suis une victime mais pas comme toi.
Moi j’ai su pardonner, sans oublier. Et jamais cela n’a impacté négativement ma relation avec mes semblables qui ont fait de moi une victime. Et dernière moi, plusieurs veuves et orphelins vivent encore sans justice. Mais notre foi en Dieu et en sa justice, nous a éloigné des bannissements ethniques. Alors mon frère, l’ethnocentrisme dans laquelle tu te baignes aujourd’hui, nous nous avons su tourner dos à cela en fondant notre espoir sur Allah, pour continuer à vivre en Guinéens et non en membres d’une communauté victime.
Nous continuons à vivre ainsi en attendant notre mort aussi, car nul ne demeurera éternel si ce n’est l’éternel lui-même.. En attendant, vivons en Guinéens, luttons en Guinéens, travaillons en Guinéens, réclamons en Guinéens
C’est en cela que réside notre bonheur et celui de nos progénitures, ainsi de suite.
Vive l’unité nationale !
Vive la paix !
Vive la justice !
Que Dieu protège notre pays de la fatalité
Le Guinéen Mamoudou Babila KEITA, Journaliste-Citoyen
Tel : +224 628231718
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