Le faible taux d’admissions au baccalauréat unique session 2019, est toujours au coeur des débats au sein de l’opinion publique. Les autorités éducatives et l’ensemble des acteurs système, se rejettent mutuellement la responsabilité. Chacun de son côté, profite des failles et manquements pour accuser l’autre. C’est le cas d’Aboubacar Soumah, qui accuse l’Etat d’être le responsable de la situation. Pour lui, cette régression exprime la volonté du gouvernement de fermer les universités privées. Une affirmation que dément le Porte-parole du Ministère de l’Education et de l’Alphabétisation.
La promulgation des résultats des examens nationaux notamment au BAC, semble être un long feuilleton qui est loin de connaitre son épilogue. Aucun acteur ne veut assumer la responsabilité de cet échec. Si le SLECG d’Aboubacar Soumah, estime que ces résultats entre dans la volonté de l’Etat à ne pas orienter les bacheliers dans les universités privées. Ansa Diawara, Porte-parole du MENA quant à lui évoque un argument contraire.
« Si une université privée dépend de l’Etat, en ce moment elle cesse d’être privée. Personne n’a construit son université pour être alimentée par l’Etat. On dit bien les universités privées, c’est pour des nantis. Auparavant, lorsque ces universités étaient implantées, il n’y avait pas de boursiers d’Etat. Mais c’est quand les gens étaient admis en masse, finalement que l’Etat n’avait plus d’espace, c’est en ce moment qu’il a recouru à ces universités-là.
Si l’école a une compétence, si elle forme bien, elle doit bien marcher. J’ai vu des gens orientés par l’Etat, qui refusent l’orientation de l’Etat et qui s’en vont dans les Universités privées. Donc, ça c’est des allégations mensongères. Allez-y prendre les fiches de note pour voir si on a mis la barre au niveau de 12 pour dire que ceux qui ont de 11,99 à 10, ne sont pas admis. C’est archi-faux », rétorque le porte-parole du MENA.
Dans l’extrait d’un entretien téléphonique qu’il a accordé à notre rédaction, le responsable chargé à l’information et à la documentation du MENA, explique que la baisse des taux d’admissions, résulte des analyses et leçons tirées au cours d’un entretien. Ces réflexions ont permis de lutter contre les fraudes afin de respecter les principes des examens.
« L’examen ce n’est pas le pourcentage. L’examen, c’est pour permettre à ceux-là qui ont eu le niveau de passer. C’est depuis 2011 que les études ont commencé à être mieux cerner en Guinée. Vous êtes en Guinée, si vous avez bien observé, dès qu’on disait examen, les enfants ne travaillaient pas du tout. C’est pendant l’examen qu’ils se mettent sur pieds la nuit pour déambuler souvent dans les universités, coins de révision à la recherche des sujets. Pour dire que le pétrole va tomber. Mais après le premier salon de l’éducation en 2011, cette situation de fuite de sujet a disparu. Les enfants ont compris que tous ceux qui vendaient des sujets étaient des fausses épreuves ».
Pour la petite histoire, continue-t-il :
« Le département choisissait trois épreuves types, trois variantes. Et ce sont ces trois variantes qui venaient aux centres. Donc, chaque délégué attendait le signal pour choisir entre l’épreuve A, B et C dans la même matière. Ça fait qu’on a coupé de fossettes sur les pieds des fraudeurs qui ne voulaient pas apprendre. Et les démarches pendant les nuits ont cessé. Vous voyez maintenant les enfants sont en train de prendre le sérieux. Et dans ce sérieux là aussi, les moyennes annuelles qui accompagnaient les enfants ont été supprimées », a-t-il rappelé.
Autrefois, les établissements publics étaient reconnus par les efforts conjugués aux différents examens. De nos jours, cette tendance connait une inversion. Pour cet acteur de l’éducation nationale, ce phénomène est dû à la floraison çà et là, dit-il, des écoles privées.
« Cette tendance est renversée parce qu’il y a plus d’écoles privées actuellement que d’écoles publiques. Vous pouvez compter ! Partout, les écoles privées foisonnent. Ce qui fait que les effectifs présentés par le privé, dépassent de loin ceux du public. Sinon ceux sont les mêmes professeurs qui donnent cours dans les publiques, qui viennent prêter service aussi dans les écoles privées. Parce que, lorsqu’un professeur a 18h de cours, il les dépenses en 6h par séance. Ce qui dit qu’il finira ses honoraires pendant trois séances et il part servir ailleurs », a fait savoir Ansa Diawara.
Et de préciser la différence entre les statistiques :
« La deuxième explication, quand on dit que telle école a fait 100% ou 80% de réussite par rapport au public, l’explication est simple. Par exemple, l’école publique présente 400 élèves, quant à l’école privée, elle présente 50 candidats. Sur les 50 candidats des écoles privées, quand 25 sont admis, ça fait les 50%. Et du côté de l’école publique, pour avoir les 50% sur l’effectif, il lui faut 200 admis. Donc, quand on a 100 admis à l’école publique, ça fait 25 % pendant que l’autre 25 admis des privées font 50%. Tous les 50 peuvent être admis et ça fait 100% », a-t-il expliqué.
Alors que des initiatives sont engagées pour l’alphabétisation des jeunes gens en Guinée, l’école guinéenne enregistre un faible effort dans ces derniers temps. Et malgré les réformes tant prônées par les autorités, le secteur éducatif guinéen laisse à désirer. D’autant, les syndicalistes qui luttent pour l’amélioration des conditions de vie des hommes de craies, assument-t-ils leur engagement dans la formation des apprenants ? Pour répondre à cette question, l’implication de tous les acteurs concernés, demeure une nécessité. Ne dit-on pas que tant vaut l’école, tant vaut la nation ?
Mariam KANTE