La dernière semaine qui précède au début du mois saint du Ramadan, ressemble à une semaine festive, et craintive à la fois. Dans les boutiques de fringues, les mannequins ont mis le voile après 11 mois de robes, les bazins, les foulards et toutes sortes de sapes arabes, sont exposés dans les vitrines.
Les femmes s’affairent dans les marchés et les prix des denrées de premières nécessités, prennent leurs envols comme les fusées partent à la conquête de l’espace. Les marchandes conquièrent le cœur de la consommation obligatoire. Les prix grimpent au sommet du palmier et le panier de la ménagère est en passe de devenir un désert ou un grand vide. C’est la course éperdue vers le maximum profit.
La farine, le pain, le riz, les légumes, la pomme de terre, les fruits, la viande et le poisson, sont des produits des plus prisés. Aucune régulation des prix dans un pays où l’autorité de l’État est quasiment morte sous la dictature des prix. Ça craint grave pour les pauvres musulmans en quête de piété et de rédemption.
C’est le mois le plus commercial de l’année, suivi de Noël et des fêtes de fins d’années : la ruée vers l’or est impitoyable. Des embouteillages monstrueux aux raquettes policières, Conakry est pris en otage par les cortèges des nouveaux mariés. Il faut se marier avant le mois saint dit-on !
Sur les 2 autoroutes de la capitale, on constate un bordel sans qualificatif. Les mariages privés devenus des empiètements à la vie publique normale. Comment expliquer que les cortèges des mariés, lancent des injures aux usagers de la route juste pour se frayer un chemin et filer à la vitesse lumière. C’est une période de saignée financière et pour les plus intelligents, s’abstenir est une règle en or.
Des embouteillages monstrueux de Lambangny à Kaloum, perdurent de 18 heures à 1 heure du matin. On se croirait à Las Vegas du côté de Kipé, la rue est occupée par les couples jouissants des dernières nuits, les tapages sont nocturnes sous les rythmes endiablés du dance-hall, couronnés par l’alcool cohabitant avec la conduite automobile inconsciente.
Il y a trop d’argent à gaspiller dans ce pays et les restaurants aux menus luxueux sont des preuves par trois. Le sexe et la drogue ne sont pas absents à l’aube d’un mois dit « saint » où la privation en nourriture est obligatoire. Une partie de jambes en l’air sur des airs érotiques est à la mode, à un micron de ce mois craintif où les esprits s’agitent comme si c’était la fin du monde qui s’approchait ; comme si les trompettes de l’apocalypse retentissaient frileusement.
Un micron du ramadan, Conakry est une chaude patate, qui brûle les langues des concitoyens. Affaire à suivre tonton…
Bon courage.
AMONHOTEP BEA