Il n’est de secret pour personne, la question sur un éventuel 3ème mandat pour Alpha Condé, est au cœur de tous les débats politiques actuellement en Guinée. La tension ne cesse de monter entre les promoteurs et les opposants. Les uns multiplient les actions de soutien à une révision constitutionnelle, et les autres, bataillent sur tous les fronts pour empêcher une quelconque modification de la constitution en faveur d’un 3ème mandat. Le front national pour la défense de la constitution (FNDC) est créé.
Dans ces bruits de cloches et de tambours, personne n’a encore entendu la voix du président Alpha Condé, se déterminer si oui ou non il veut d’un troisième mandat. Pourtant, les journalistes jusque-là, continuent de lui poser la question. Et l’éternel élément de réponse que donne l’actuel locataire de Sekoutoureya est : « C’est au peuple de décider ».
Justement, c’est cette réponse d’Alpha Condé, qui laisse planer le doute. Aussi, malgré les discussions houleuses qui se font aujourd’hui autour du sujet, le principal concerné semble moins préoccupé et garde visiblement sa sérénité.
N’empêche. De nombreux citoyens se réservent le droit de regard, d’analyse et de questionnement sur cette actualité. Est-ce Alpha condé va t-il tenter de briguer un troisième mandat ?
Cette question, de l’ombre à la lumière, il est difficile de la répondre. Toutefois, en 2020, le mandat présidentiel d’Alpha Condé arrivera à terme. Mais les suspens gagnent du terrain, les signaux se renforcent et les commentaires se demolissent sur toutes les lèvres.
Du camp de la mouvance présidentielle, les intentions n’ont jamais manqué depuis 2014. Pour la première fois, à Nzerekore, c’est l’ancien directeur de la police nationale à la personne de Bangaly Kourouma, qui avait donné le ton au cours d’une assemblée du parti au pouvoir. Il a été suivi de Salimou Cissé au siège national du RPG arc-en-ciel. Aussi, l’actuel ministre des sports, Bantama Sow, l’a évoqué au même siège. Depuis lors, la promotion d’un troisième mandat pour le RPG, est devenue un objectif phare. Selon un de ses responsables, le retard du congrès du RPG-arc-en-ciel serait dû à cela.
Du côté des opposants, les soupçons et les discours de condamnation contre les promoteurs d’un troisième mandat et l’éventualité d’une modification de la constitution, n’ont jamais manqué dans les QG des différents partis politiques. Le chef de file de l’opposition républicaine, Cellou Dalein Diallo, ne veut même pas entendre de ses oreilles ce sujet de 3ème mandat. Il l’a fait savoir à maintes reprises dans les assemblées hebdomadaires de L’UFDG et même dans ses sorties médiatiques.
Le président du Bloc Libéral entonne toujours la même chanson comme tous les autres opposants. Ainsi, pour joindre l’acte à la parole, plusieurs mouvements d’opposition sont créés individuellement et collectivement au sein des partis politiques.
La société civile guinéenne malgré la dissension qui règne en son sein, s’oppose dans sa majorité à ce projet de nouvelle constitution. Plusieurs points de presse ont été organisés pour avertir, interpeller et dénoncer les manoeuvres en cours au sein du gouvernement et du parti au pouvoir. Au delà de ces sorties, des mouvements sociaux anti troisième mandat se montrent de plus vient actifs sur le terrain. Tous encadrés et soutenus par les acteurs du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC).
Sur le même sujet, les diplomates accrédités en Guinée, semblent avoir eux aussi leur position. A l’occasion de leur présentation de vœux de nouvel an, ils ont par la voix de leur porte-parole, l’ex ambassadeur de la Russie en Guinée, soutenu que la constitution n’est pas synonyme de Coran ou de Bible qui ne sont pas modifiables contrairement à tous les autres textes réfléchis et écrits par les hommes. Certains par après, se sont désolidarisés de la déclaration faite en leurs noms. Par contre, d’autres sont restés marbres.
Autre événement évocateur, c’est la fête de 8 mars dernier. Une fête qui a été une aubaine pour certaines femmes de soutenir le projet et d’autres de s’opposer. La discorde est grande.
Un autre fait qui a suscité assez d’indignations, c’est l’arrestation de certains jeunes à Coyah pour avoir humilié les promoteurs du 3ème mandat par des slogans hostiles à leur vocation.
Malgré tout, Alpha Condé lui-même reste silencieux. Mais pourquoi?
Pourtant, ceux qui sont devenus présidents au moment que lui, ont clairement déclaré leur position en faveur du respect de leurs constitutions et des principes démocratiques. Il s’agit notamment de Mamadou Youssoufou du Niger et Allasane Dramane Ouattara de la côte d’ivoire.
Lui voudrait-il vraiment faire plaisir aux promoteurs du troisième mandat ou il va choisir la grande porte pour pouvoir laisser son nom dans les anales de l’histoire de la démocratie en Guinée?
La réponse à cette question, n’est pas pour longtemps. Attendons 2020 pour êtres édifiés.
Mamady Kansan DOUMBOUYA