Décryptage du discours de l’an du Colonel Mamadi Doumbouya. Après les vœux de bonne année et l’expression de ses aspirations, le géant providentiel a aussi fait cas du bilan de l’année écoulée et fait des projections futures. Acte 2 de l’analyse de cette adresse étouffée par les événements parodiques inattendus qui ont agité la nuit du réveillon.
Nous voici le deuxième acte de notre analyse de l’adresse à la nation du chef de la transition. Ceci pour dire que la promesse, quelle que soit la nature, est une dette pour celui qui en est conscient. Le respect de la promesse est l’expression de l’harmonie entre le dire et le faire. C’est aussi le sens de la dignité.
Pour revenir au discours de l’homme du 5 septembre, il exprime que durant l’année écoulée, les succès et satisfactions enregistrés suffisent à motiver pour en faire davantage et espérer mieux durant les douze prochains mois.
Monsieur le Président, à côté de vos succès et satisfactions, au sein de la population, on parle aussi de vos échecs et des déceptions dans la gestion de votre transition. On cite notamment les pratiques de corruption dans une course effrénée à l’enrichissement illicite galopant et insolent.
Les nombreux cas de détentions en violation des lois et conventions, font aussi l’objet d’interrogations dans l’indignation.
A Conakry et à l’intérieur du pays, des autorités de la transition ont les noms collés à plusieurs chantiers en construction. Les populations s’attendaient à des vérifications pour la confirmation de ces accusations, afin de voir des interpellations aboutissant à des sanctions ou condamnations. Mais il se dit aussi monsieur le Président, que vous aussi avez beaucoup de chantiers achevés et inachevés dans les cités de Kipé, Minière, Coyah, Dubreka, Kindia et Kankan pour ne citer que cela. D’aucuns estiment que c’est ce qui explique votre silence face aux multiples dénonciations.
En plus, il se susurre aussi que la gestion de votre administration, a fait apparaître plusieurs mots qui sont devenus des maux qui en rajoutent à la déception des populations.
Monsieur le Président, les défis sont nombreux, vous dites que vous en êtes conscient. De manière générale, vous dites que nous nous sommes améliorés en 2023, raison pour laquelle vous avez tenu à exprimer votre fierté d’avoir avec nous, contribué à cette avancée dite positive, dont on ne sait de quoi est-ce qu’il s’agit réellement.
La justice qui devrait servir de boussole, se trouve déboussolée et désorientée par le fait d’un ministre qui devrait être débarqué pour espérer faire évoluer les appréhensions et les frustrations dans la cité.
La CRIEF que vous avez créée pour réprimer les délits de corruption et de détournement, est elle-même accusée de n’être pas en train d’opérer dans l’intégrité.
Monsieur le Président, vous avez exhorté les Guinéens à magnifier et à ne jamais douter de l’avenir radieux de notre pays. Mais, à la suite des événements du 18 décembre dernier, votre silence a fait douter même ceux qui étaient dévoués à vous accompagner.
La crise de carburant qui s’empire de jour en jour, a presque enterré les espoirs et renforcé la conviction de ceux qui ont toujours douté de la capacité des hommes assoiffés que vous avez recrutés.
Dans votre discours, on note aussi qu’il y a eu des avancées considérables qui ont été réalisées dans notre processus de rétablissement du vivre-ensemble. Vous citez en exemple la concertation que vous avez organisé en 2021 et les journées de pardon et de vérité sans justice en 2022. Jusque-là, les citoyens s’interrogent sur les tenants et les aboutissants de ces activités.
Le cadre de dialogue que vous avez initié, n’a jamais réussi à faire participer toutes les sensibilités sociopolitiques. Elles sont pourtant intéressées à y participer mais avec toutes les garanties de sincérité dans l’inclusivité.
La scène de solidarité qui s’est organisée dans la cité au lendemain de l’incendie du dépôt de pétrole de Kaloum, est née de la volonté solidaire des citoyens indignés, face à l’inaction des autorités pour se faire remarquer aux côtés des sinistrés.
Monsieur le Président, voici donc le deuxième acte de notre analyse de votre discours que vous devez aussi écouter pour capitaliser afin de rectifier.
En attendant, nous vous souhaitons une bonne journée.
Mamoudou Babila KEITA