C’est avec désenchantement, désillusion, mépris et regret, que nous constatons que ceux qui nous ont promis le meilleur, soient par malheur le vecteur de notre dissipation. C’est une évidence que les dirigeants des pays ambitieux se mesurent par la liberté de leurs presses. Parce que dès que l’information disparaît, dès que les libertés les plus basiques disparaissent, la pensée unique, la confusion…s’installent.
Arrivés au pouvoir le 05 septembre, les militaires ont fait montre de bonne volonté à faciliter le travail des hommes de médias qui jouent un rôle crucial pour la réussite de la transition. Les premières actions furent saluées : nouvelle maison de la presse, les maisons régionales de presse, la promesse du rehaussement de la subvention, entre autres initiatives qui ont suscité un espoir pour tous les amoureux de la liberté de la presse. Cela a considérablement permis à la Guinée d’obtenir des places importantes dans le classement de reporter sans frontières. Jusque-là, tout allait bien.
Malencontreusement, cette opération de charme n’était que cadeaux empoisonnés. Un nouveau vent a finalement pris le contrôle. Les journalistes dont le travail est d’informer et d’apprécier la gestion de l’administration, sont convoqués par la HAC, des sites internet restreints, les ondes des radios brouillées, et même une télévision privée retirée du bouquet canal sur ordre de la junte militaire. C’est un vent cette fois-ci violent, qui n’a pour mission que d’éteindre carrément la liberté de la presse.
Pourtant, c’est bien le contraire de l’idée de refondation qui a été vantée par la junte. À moins qu’on ne veuille une refondation dans le mauvais sens. C’est l’impression d’ailleurs que les citoyens ont. En réalité, cette liberté d’expression n’a pas besoin d’être refondée, elle doit plutôt être protégée.
Cependant, au jour d’aujourd’hui, cette liberté de la presse est piétinée par des personnes tapies dans l’ombre, qui ont des intentions inavouées. Pourtant, elles ne sont pas sans savoir que la presse a bien des avantages : elle permet de diffuser des informations et des idées auprès des citoyens afin de contribuer à une réserve de connaissances communes au sein de la population, d’améliorer le fonctionnement du gouvernement représentant les citoyens, en aidant ceux-ci à communiquer avec lui, de donner aux citoyens un moyen d’attirer l’attention sur les violations de leurs droits, de rapprocher le gouvernement du peuple, en aidant les décideurs politiques à mieux comprendre comment les gens perçoivent leur façon d’agir…
Il est important de rappeler que la liberté de la presse, la libéralisation des ondes, sont le résultat d’un combat de long galène mené par nos devanciers. Malheureusement ceux-ci ne pipent pas de mots sur ce qui se passe en Guinée. Au Sénégal par exemple, des intellectuels se sont fendus d’une déclaration pour protester contre un troisième mandat, sachant justement les conséquences. C’est une prise de position qui devrait guider ceux qui se sont battus contre vents et marées pour la liberté d’expression en Guinée. Par contre, il faut saluer le courage et la détermination des associations de presse et du Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée qui mènent des actions pour protester contre les actes liberticides.
Toutes les personnes d’ici et d’ailleurs, éprises de paix et justice, amoureuses de la liberté dans toutes ses facettes, doivent se lever pour défendre la liberté de la presse en Guinée. Ne l’oublions pas, tous ceux qui ont combattu la presse ont été combattus.
Par Mohamed Cissé, journaliste.