On aurait cru à tout sauf à ce qui se passe maintenant sous la transition CNRD. Pour avoir fait leur travail, celui d’informer et de dénoncer, les médias guinéens traversent l’un des pires moments de leur existence. Alors que le triste souvenir de la restriction des sites d’informations reste encore en mémoire, le brouillage des ondes devient aussi la triste réalité du moment. Pendant ce temps, la justice continue de se faire décrier et la population se fait manipuler. Il faut savoir s’arrêter un moment pour se dire la vérité : trop c’est trop !
Nous savons que la vérité cesse d’être dans l’habitude du Guinéen. Cela part des dirigeants jusqu’au dernier citoyen. N’empêche, pour des raisons de valeur et de conviction, on se doit de dire la vérité, qu’elle plaise ou qu’elle blesse.
Il faut dire la vérité parce que les promesses du coup d’Etat ne sont pas en train d’être respectées.
Le 5 septembre 2021, dans sa première apparition publique, le tombeur d’Alpha Condé, a réussi à se faire porter dans le cœur des Guinéens. Son adresse était sans maladresse et les mots choisis, ont adouci les cœurs des uns et des autres.
Ce jour, les Guinéens dans leur majorité ont cru désormais tourner dos à tous les maux qui assaillent la vie de notre société, surtout quant au respect des libertés fondamentales. Même la presse qui est à l’avant-garde de la démocratie et de l’Etat de droit, a vu sonner l’ère du renouveau.
Plus le temps passe, l’on se rend compte que le serment du coup d’Etat est en train d’être violé. Le piétinement des droits des citoyens, l’irrespect des principes démocratiques et la personnalisation de la vie publique, autrefois dénoncés pour être éradiqués, sont restaurés et institutionnalisés.
Les erreurs du passé sont revêtues et érigées en règle du présent.
Les médias qui ont cru aux acteurs du moment pour donner un sens à leur action, sont en train d’être muselés. Plus personne n’a le droit de critiquer ou de dénoncer. Les sites en ligne qui ont persévéré ont été maîtrisés par une restriction sans aucune notification ni explication.
La liberté de ton des émissions sans passion est désormais scrutée pour être contrôlée. Les mots prononcés sont interprétés pour être réprimés. Plus rien ne doit être dénoncé ou critiqué au risque de se voir convoquer, auditionner et sanctionner.
Les radios qui ont choisi de ne pas se plier pour monnayer leur intégrité ont désormais des signaux brouillés pour ne pas être écoutées dans la cité. L’internet qui permet de donner plus de visibilité aux velléités des autorités est coupé. Nous voici le sale de la transition.
La liberté de manifester est confisquée et celle de s’exprimer est réprimée. La justice est caporalisée, manipulée et instrumentalisée. La population indignée s’est résignée. L’insécurité a dominé et des adolescents se font tuer. L’harmonie entre le dire et le faire considérée hier comme l’expression de la dignité, n’est plus considérée.
Finalement, nous sommes au regret de dire qu’il y a eu trop de sang coulé ; trop de larmes versé ; trop d’âmes sacrifiées ; trop de frustrations encaissées ; trop de violations orchestrées et trop d’injustice infligées. Bref, Trop de gâchis pour rien.
Mamoudou Babila KEITA, Journaliste.
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