Ce mardi 5 septembre 2023, marque le deuxième anniversaire de la chute du régime d’Alpha Condé. C’était la première fois dans l’histoire de la guinée qu’un Président en exercice soit renversé par coup d’Etat. À l’image de plusieurs autres coup d’Etat perpétrés en Afrique, c’est un officier très proche du Président qui a trahi sa confiance. Il s’agit du commandant du groupement des forces spéciales, une unité d’élite de l’armée créée dans le but de lutter contre le terrorisme. Contre toute attente, c’est le géniteur de cette force en attente qui va lui-même être victime de sa fabrication.
C’est au petit matin du dimanche 5 septembre 2021, que le Président Alpha Condé a été brusquement réveillé de son sommeil par des coups de feu retentissant qui ont envahi son palais. Alpha Condé, est mis aux arrêts après que sa garde ait été réduite à néant sans aucun secours. La fin de son règne est annoncée alors qu’il venait de s’offrir un 3e mandat à la tête du pays dans la plus grande contestation de ses opposants. Des contestations violentes qui ont engendré plusieurs morts, des blessés et des dégâts matériels importants.
Durant toute la matinée de ce jour, les spéculations fusaient de partout sur la situation qui prévalait dans la capitale guinéenne. Quelques heures après, une vidéo enregistrée annonçant la prise du pouvoir, s’est retrouvée sur les réseaux sociaux. Dans cette courte déclaration, le Colonel Mamadi Doumbouya, jusque-là commandant des forces spéciales, a dressé un bulletin de santé très critique de la gouvernance du Pr Alpha Condé.
« … La situation sociopolitique et économique du pays, le dysfonctionnement des institutions républicaines, l’instrumentalisation de la justice, le piétinement des droits des citoyens, l’irrespect des principes démocratiques, la politisation à outrance de l’administration publique, la gabegie financière, la pauvreté et la corruption endémique », ont été les maîtres-mots de cette adresse au peuple.
Pour rassurer la population afin de bénéficier de son soutien pour légitimer le coup de force, le patron des forces spéciales a pris des engagements solennels : « Nous appelons nos frères d’armes à l’unité afin de répondre aux aspirations légitimes du peuple de Guinée. Nous n’allons pas reprendre les erreurs du passé, nous allons nous concentrer sur le développement. »
Un peu plus tard dans la mi-journée, le colonel putschiste et sa troupe ont fait une apparition sur les plateaux de la télévision nationale pour réitérer la déclaration de la prise du pouvoir par l’armée à travers le Comité National de Rassemblement et du Développement (CNRD). Son discours fort et rassurant a de sitôt conquis la majorité des citoyens de Conakry qui s’imaginaient dans une ère nouvelle avec beaucoup d’espoir.
« La personnalisation de la vie politique est terminée. Nous n’allons plus confier la politique à un homme, nous allons la confier au peuple. Nous allons mettre en place un système qui n’existe pas. Il y a eu beaucoup de morts pour rien, beaucoup de blessés, beaucoup de larmes, alors qu’on aime tous, la Guinée », a-t-il déclaré.
Dans la même adresse, le nouvel homme fort, a précisé qu’il était temps pour les Guinéens de se comprendre, de se donner la main et de s’asseoir ensemble pour écrire une constitution adaptée aux réalités du pays, capable de régler les problèmes.
« Parce que si vous voyez l’état de nos routes, si vous voyez l’état de nos hôpitaux vous vous rendez compte qu’après 62 ans, qu’il est temps pour nous de se réveiller. Il faut qu’on se réveille, qu’on se donne la main et qu’on apprend encore à s’aimer comme on a l’habitude. Nous allons organiser une consultation nationale pour ouvrir une transition inclusive et apaisée », a-t-il promis.
L’autre engagement du lieutenant-colonel, a été celle-ci : « Plus, personne ne doit mourir pour rien. Les Guinéens ne doivent plus mourir pour la politique. Le Guinéen respecte sa parole, c’est ça la dignité l’harmonie entre le dire et le faire. J’espère que cette fois-ci, nous allons arrêter de se battre pour rien, car la Guinée est belle. Nous n’avons plus besoin de la violer, on a juste besoin de lui faire l’amour, tout simplement », fin de citation.
Deux ans après ces annonces et la prise de responsabilité, quelle évaluation fait-on du respect de ces engagements ?
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À suivre…
Mamoudou Babila KEITA