Les relations actuelles entre le pouvoir de Conakry et la société Albayrak suscitent plusieurs interrogations. Tout porte à croire que la situation est liée au maintien prolongé d’Alpha Condé en Turquie. La junte exigerait de la société Albayrak, le renvoie immédiat de l’ancien Président à Conakry. Qu’en est-il réellement ?
Le 23 avril 2022, le Comité National du Rassemblement et le Développement-CNRD, annonçait la libération de l’ancien Président Alpha Condé. Mais dans le même communiqué, les autorités militaires de Conakry, ont levé un coin de voile sur un paradoxe qui laisse planer le doute sur ladite libération.
Récemment, à la faveur d’une conférence de presse, le porte-parole de la Présidence, le Colonel Amara Camara, s’est exprimé sur le cas de l’ancien Président Alpha Condé.
« Ce n’est pas le CNRD qui gère la situation du président Alpha Condé. C’est un citoyen qui aujourd’hui, a été inculpé comme beaucoup d’autres citoyens guinéens de crimes de sang. Donc, c’est une situation qui est gérée directement par la justice. Et le CNRD n’est pas la justice. Et c’est une chose que le CNRD compte rectifier dans ce pays, ne pas se substituer à la justice », disait-il.
Malgré ces déclarations, la junte au pouvoir semble de nos jours être dans une démarche de vas-en-guerre contre la société Albayrak, pour dit-on exiger le retour d’Alpha Condé au pays.
Selon nos informations, c’est en mai dernier que le Groupe ALBAYRAK a été sollicité par les autorités de la transition, afin de les aider à évacuer l’ancien Président Alpha Condé en Turquie pour des soins médicaux, ce dans un cadre purement humanitaire.
Cette demande, la société Turc partenaire de l’Etat Guinéen dans la gestion du port de Conakry, a répondu favorablement en affrétant un Jet privé pour l’envoi d’Alpha Condé à Istanbul.
Très malheureusement, à sa descente d’avion après 6h de vol, les responsables d’Albayrak venus à son accueil, ont constaté que l’ancien Président Guinéen ne disposait pas de son passeport.
La, un différend serait né entre la société et les autorités Turcs sur l’identité du Pr Alpha Condé, car aucun document ne le prouvait. Or, en Turquie comme partout ailleurs, excepté les personnes ayant le statut de réfugié, aucune personne ne peut entrer sur un territoire étranger sans passeport ou un document de voyage reconnu à cet effet. Pendant ce temps, l’état de santé de l’ancien Président Guinéen allait de mal en pis.
Nos sources nous apprennent qu’il a fallu l’intervention de la haute autorité Turc pour lui trouver un statut particulier pouvant le permettre de fouler le sol Turc et le faire admettre de toute urgence dans un hôpital.
Depuis, Alpha Condé suit son traitement dans le pays de Recep Tayip Erdogan.
Ce n’est que dernièrement, suite à la parution d’un article dans les colonnes de Jeune Afrique, dans lequel François Soudan a révélé quelques confidences de l’ancien Président Guinéen, que le CNRD aurait demandé aux dirigeants d’ALBAYRAK en Guinée, le renvoi immédiat d’Alpha Condé.
Le message aurait été transmis au concerné lui-même, qui n’aurait pas hésité d’opposer un « NON » catégorique sous prétexte qu’il était souffrant et qu’il ne s’occupait que de sa santé.
Suite aux insistances des dirigeants d’ALBAYRAK, Alpha Condé aurait fait une crise qui l’a fait admettre de nouveau à l’hôpital. Depuis, la société ne semble plus être en mesure de le ramener en Guinée contre son gré.
L’Etat Turc aurait affirmé qu’il n’est pas du ressort d’ALBAYRAK en tant que société privée de gérer la situation d’Alpha Condé, mais plutôt entre deux États. C’est depuis lors apprend-on de nos sources, que la junte Guinéenne aurait exigé d’ALBAYRAK un retour immédiat aux risques d’assister à la fermeture de la société en Guinée.
C’est ainsi que les travaux ont été arrêtés dans un premier temps le 7 septembre et le directeur d’Alport extirpé de son bureau ce lundi 12 septembre.
Selon une autre source très proche de la diplomatie turque, ce n’est pas le statut d’ancien Président qui fait qu’Ankara refuse de ramener Alpha Condé en Guinée. Mais plutôt son état de santé sous le poids de l’âge qui l’affaiblit de jour en jour.
Mamoudou Babila KEITA