Monsieur le Président,
Je vous écris ces quelques mots, pour vous interpeller, pour attirer votre attention sur un certain nombre de réalités et sur l’évolution de la Transition en cours dans notre Pays, beaucoup de nos compatriotes l’ont fait, mais n’empêche, que je n’use ce droit de citoyen comme tout autre pour vous parler.
Monsieur le Président,
L’histoire récente de la Guinée est triste et tumultueuse, l’insouciance et le manque de patriotisme de ceux qui l’ont dirigée, l’ont conduit droit dans l’iceberg et dans l’abîme moral et politique en hypothéquant l’avenir de plusieurs générations dont la nôtre, C’est triste de le dire mais c’est la réalité. Depuis très longtemps, Monsieur le Président, le peuple de Guinée a été laissé à son triste sort, abandonné à lui-même par des politiques thuriféraires dont le seul projet est comment accéder au pouvoir pour mieux profiter de la Guinée, pour mieux se servir et non servir la Guinée et son peuple.
En prélude de ce qui suit, ça me fait pleurer, lorsque je vois l’état de notre pays, un pays gâté par la nature, qualifié comme étant château d’eau de l’Afrique de l’ouest et un scandale géologique. La Guinée a tout et elle manque de tout. Cela devrait interpeller la conscience collective des guinéens et ça m’amène à vous poserez cette gênante interrogation. Qui est le responsable de cette situation? Ou qui sont les responsables de cette situation? Qui, Monsieur le Président? En effet, les richesses de la Guinée n’ont jamais profité à ses filles et fils, au bas peuple que j’appelle les »vrais gens », pour illustration, regardez l’état de notre système sanitaire, de nos infrastructures, de notre réseau routier, de notre système judiciaire, de notre système éducatif, l’un des plus médiocre de la sous-région. C’est donc avec une révolte, le plus souvent, mais bien légitime, Monsieur le Président, que j’évoque cette désolante situation.
Monsieur le Président,
Je vous invite très respectueusement, à visualiser ceci avec moi. La formule est simple, pour “l’élite” dirigeante, pour éviter d’avoir un peuple qui connaît ses droits et devoirs, pour éviter d’avoir un peuple responsable et exigeant, a opté pour une politique obscurantiste en détruisant notre système éducatif et en le bafouant afin de se servir au lieu de servir sans être inquiété par le peuple. En détruisant notre système éducatif, “l’élite” dirigeante savait pertinemment que cela constituerait un véritable terreau-fertile, ouvrant la porte à toutes sortes de décadences morales des valeurs et des vertus lumineuses pouvant conduire aux peuples d’avoir des dirigeants responsables. Sur le même ordre d’idées, Monsieur le Président, tous les gouvernements qui se sont succédés en Guinée nous ont fait croire que l’éducation était une priorité;
Que la santé était une priorité;
Que l’électricité était une priorité;
Que la justice était une priorité;
Que la construction des infrastructures routières était une priorité;
Que cette expression me soit permise, c’est faux, nous avons été endormis par ce mensonge grotesque, éhonté et irresponsable de cette “Élite”, en guise d’exemple pour mettre à nue ce mensonge, combien de pour cent de notre budget national dans ces dernières décennies était alloué à la santé à la justice et à l’éducation? Puisque le budget est l’expression chiffrée de la politique d’un dirigeant, c’est la volonté politique en d’autres termes. Quelle tristesse!
Notre appareil judiciaire était à l’image de celle de L’URSS de Staline, où l’oppresseur, où le dirigeant avait toujours raison et avait un pouvoir de vie et de mort sur son peuple. Une justice injuste, caporalisée et totalement inféodée à l’exécutif occasionnant un degré de corruption qui dépasse l’entendement. C’est donc pour mettre fin à ce calvaire, à cette descente aux enfers de notre Pays, à ce désastre moral que vous et vos hommes ont pris vos responsabilités devant l’histoire pour mettre fin à ce système de prédation de nos richesses, à une corruption endémique et généralisée, à une répression systématique de toutes les voix discordantes où l’anormalité était perçue comme normale.
Monsieur le président,
Qui n’a pas salué votre coup de force réussi le 05 septembre 2021 ? Nous avons vu la liesse populaire survenue dans la capitale et dans l’intérieur du pays tout au long de cette semaine. Tout le monde y compris cette classe politique qui vous avoue aux gémonies actuellement, en vous prêtant des intentions de vouloir, vous éternisez au pouvoir. Oui, nous avons tous salué ce coup de force parce que Alpha condé et son système nous avait tellement opprimé, nous avait tellement opposé à telle point, qu’il était impossible voir impensable pour nous de n’est pas vous applaudir et de vous accueillir comme étant notre libérateur. (J’utilise modestement ce mot libérateur).
Monsieur le Président,
L’exercice dans lequel, vous êtes est extrêmement compliqué, les réformes que vous avez engagez sont courageuses et audacieuses, en se servant du sacro-saint principe de la réédition des comptes, Vous avez engagé une lutte sans merci contre la corruption, contre la gabegie financière en créant la CRIEF et en la rendant opérationnelle, cela dénote de votre bonne volonté pour aider et sauver ce pays.
Ceci dit, Monsieur le président, exigez le respecte de toutes les formes juridiques y afférentes à la matière, ainsi donc, en respectant, les formes, vous obtiendrez l’onction du souverain peuple de Guinée, le ciel vous bénira et vous apportera assistance, n’accusez personne mais que justice soit faites, car c’est en le faisant que nous construirons un pays solide et débarrassé de toute forme de corruption et d’impunité qui freinent son développement. Certes, depuis votre prise de pouvoir, tout n’est pas rose, le reconnaître est une responsabilité citoyenne et morale auxquelles je ne peux pas me soustraire. Cependant, les réformes engagées ne sont pas toute suite perceptibles sur le quotidien des guinéens mais dans le long terme, elles le seront, nous ne pouvons pas toute suite jauger en terme de résultat, le bénéfice de la lutte contre la corruption. Pour rappel, aucun pays au monde, je dis bien aucun ne peut se développer dans la corruption.
Monsieur le président,
Les dirigeants d’alors doivent nous rendre des comptes. Ceci est un impératif. Notre avenir, l’avenir de la Guinée et de plusieurs générations ont été hypothéqués par une catégorie de dirigeants en détournant le peu de richesses dont dispose notre pays. Toute ma vie, j’ai vécu en Guinée, la Guinée est l’un des rares pays au monde où un haut cadre de l’administration publique qui n’a aucune activité parallèle et qui a passé toute sa vie dans l’administration publique peut-être plus riche qu’un homme d’affaires, qu’un commerçant. Dire cela n’est pas une fadaise, ce n’est pas de la passion, ni de la haine non plus, mais une évidence. La corruption a affaissé notre pays.
Monsieur le Président,
Continuez cette lutte, ne vous laissez pas distraire par qui que ce soit, en faisant de la lutte contre la corruption votre cheval de bataille, en faisant ce sale boulot comme vous l’avez dit tout récemment, votre popularité a pris un coup, occasionné par le processus de la récupération des biens de l’Etat, en trimballent devant la CRIEF tous ceux qui sont liés à la corruption. La classe politique actuelle en connivence avec certaines organisations de la société civile en profitent en faisant de la récupération pour discréditer ce travail qui est le vôtre pourtant bénéfique et salvateur pour notre pays, c’est une question de l’avenir de notre pays et de notre génération, si jamais vous abdiquer à ce travail, a cette lutte, notre espoir sera foutu, notre rêve pour ce pays sera foutu, notre lutte sera vaine, nos frères et sœurs qui sont morts pour la Guinée, aurait perdu leur vie pour rien, vos hommes qui sont tombés le 5 septembre serait mort pour rien. Accepteriez-vous cela, Monsieur le président? Accepteriez-vous, de sacrifier tout notre effort, tout notre sacrifice pour la Guinée et pour son peuple? Monsieur le président, je vous laisse le soin, très respectueusement de répondre à cette troublante et lancinante question.
Monsieur le président,
Le peuple de Guinée n’est plus dupe, le peuple de Guinée n’est plus le même, depuis longtemps. Ce peuple n’est plus amorphe et insensible à la situation de notre pays. Les bandits à col blanc qui peuplent aujourd’hui les formations politiques, s’adossent à la politique dans le but d’échapper à la CRIEF et de n’est pas répondre de leurs actes. C’est pourquoi, ils tiennent coûte que coûte à saboter la transition, comme ce fut le cas en 2009 avec le capitaine, président Dadis Camara.
Le travail de la CRIEF n’est orienté contre personne, nous apprend on, mais tous ceux, qui sont liés à la corruption doivent répondre de leurs actes. En cela, nous croyons de toutes nos forces.
Monsieur le président,
Je compte déjà sur les dispositions pratiques et urgentes que le parquet de Conakry a mises en œuvre pour diligenter des enquêtes sérieuses afin de situer les responsabilités sur les crimes de sang commis dans notre pays. Des frères et sœurs guinéens ont été fauchés, tués et arrachés à notre affection et celle de leur famille. Leur tristesse est grande et je compatis à leur douleur, vous aussi j’imagine, Monsieur le président. Les auteurs de ces crimes d’une autre période doivent répondre de leur forfaiture et de leur criminalité. La vie humaine est sacrée et nul n’a le droit de l’ôter impunément.
Monsieur le président,
Sur la durée de la transition, le peuple de Guinée accepte le délai fixé par le CNT. C’est là que je voudrais, vous interpeller une fois de plus, vu la détermination des politiques à stopper l’élan des réformes que vous avez engagées. Je vous invite, très modestement à la sérénité, à la vigilance et à la retenue. Appelez vos compatriotes du CNRD, dites leurs qu’en interdisant les manifestations, pour d’éventuelles raisons objectives parce qu’il aurait des troubles graves et sérieux à l’ordre public et à la quiétude Sociale. Si les organisateurs décideront de braver cette interdiction, ne les réprimez pas comme ce fut le cas avec Monsieur Alpha condé, car personne ne devrait plus jamais mourir pour des raisons politiques en Guinée, apprenons-nous de nos erreurs du passé. Après vous pouvez devant la justice, poursuivre les organisateurs. Ne soyez pas comme ceux qui préfèrent l’ordre à la loi.
Monsieur le président,
C’est avec un cœur rempli d’émotions et d’inquiétudes que j’ai pris mon temps pour vous écrire, je vous prie de prendre le vôtre pour me lire, analyser mes inquiétudes et les prendre en compte, en cela, ayez la subtilité et la bonne volonté qui vous a toujours animé.
Loin de moi, l’idée de m’inscrire dans la logique habituelle des intellectuels de notre pays, qu’est la démagogie et ses travers et qui sont par ailleurs le sport favori de notre pays. La corruption des valeurs et des vertus est aux antipodes de mon éducation et de mon tempérament intellectuel, donc je ne peux pas m’inscrire.
Monsieur le président,
Si cette transition échoue, le bas peuple aura échoué, si cette transition échoue la Guinée aura échoué, c’est pourquoi je vous prie Monsieur le président, à la sérénité, accrochez-vous aux réformes nobles et salutaires que vous aviez engagées et continuez sur cette lancée pour le bonheur de notre pays et de son peuple.
Monsieur le président,
Assis devant mon poste téléviseur, la matinée du 05 septembre dernier, vous avez rappelé cette éloquente pensée de Monsieur Jerry Rawlin qui disait je cite: “lorsque le peuple est écrasé par ses élites, il revient à l’armée de lui redonner sa liberté”. Au début des réformes engagées par Jerry Rawlin, il a été vilipendé et mal compris, aujourd’hui, le Ghana et L’Afrique le célèbrent. Le Ghana est par ailleurs aujourd’hui, un pays de bon exemple en matière de démocratie et de bonne gouvernance, le Ghana le doit à Monsieur Jerry Rawlin qui a posé les véritables bases de son développement.
Monsieur le président,
Les politiques et un certain nombre »d’intellectuels » nous font croire que la Guinée a un problème d’élection et comme par magie, si les élections sont organisées tous les problèmes de la Guinée seront résolus. C’est malhonnête de leur part, c’est méchant de leur part, ils sont insensibles aux souffrances des guinéens et sont déconnectés de la réalité. Ils manipulent l’opinion publique nationale, mais c’est peine perdue.
Monsieur le président,
Continuez les promesses de réformes que vous aviez faites devant le peuple de Guinée, et après organisez des élections libres et transparentes dans le délai accordé par le CNT, en le faisant, vous rentrez dans l’histoire à travers sa grande porte.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération.
BALDE Mamadou Sanoussy
Diplômé en Sciences économiques et de Gestion