La corruption, cette autre gangrène qui continue de façon croissante à infecter lourdement le processus de développement des pays africains, notamment la Guinée. Dans ce pays de l’Afrique de l’ouest, considéré comme un scandale géologique, aucun secteur de la vie publique nationale n’est épargné par les pratiques de corruption. La presse n’a de cesse de lever des lièvres, les chiffres sont assourdissants et les personnes indexées ne sont nullement inquiétées.
Alors que les autorités peinent à éclairer les lanternes sur nos précédentes révélations, des ONGs guinéennes évoluant dans le domaine de la santé, alertent le Fonds Mondial sur une pratique assimilée qui frise la corruption. Les mis en causes sont les membres de l’Instance de Coordination Nationale du Fonds Mondial en Guinée (ICN) et les responsables de Catholic Relief Services (CRS).
Les faits dont il s’agit, remontent au mois de juin 2020, lors de la mise en œuvre des activités du paludisme et le renforcement du système de santé dans cinq (5) régions administratives de la Guinée. Pour ce projet de santé publique, CRS a dû lancer un appel d’offre au mois de juin pour le recrutement des sous-récipiendaires dans les régions de Kindia, Mamou, Faranah, N’zérékoré et Kankan. L’appel visait à trouver des organisations non gouvernementales évoluant dans le domaine de la santé, capables de mener ces activités dans les régions indiquées.
Selon les informations, plusieurs ONGs guinéennes ont postulé à la demande. Après la sélection des gagnants, le principe aurait voulu que CRS donne des explications claires aux candidatures perdantes sur les raisons de leur échec pour une question de transparence et de clarté. Malheureusement, pendant que les postulants s’impatientaient dans l’attente des résultats, d’autres ONGs ont été aperçues en activité dans lesdites régions au titre du même projet pour lequel elles ont postulé. La situation a provoqué une vive indignation au sein des autres ONGs soumissionnaires.
Dans la région de Kankan par exemple, c’est l’ONG »Enfants du Futur’’ qui a été retenue pour la mise en œuvre du projet. Cela va susciter de nombreuses réactions car, l’organisation n’est pas connue dans l’environnement des ONGs opérant dans le secteur de la santé. Il va se révéler qu’elle ne dispose pas d’agrément à jour pour être récipiendaire au compte dudit projet.
Ci-dessous, le courrier du service SERACCO du gouvernorat de Kankan.
Ce qui va aboutir à la conclusion qu’elle est une ONG fictive, une sorte d’OVNI, montée de toute pièce. CRS est indexé d’être à la manette pour faire main basse sur la subvention destinée au projet et dont il a le lead, apprend-on des acteurs du domaine.
Pourtant, les principes du Fonds Mondial exigeraient des ONGs postulantes à ces projets pour être sous-récipiendaires, d’avoir des capacités opérationnelles et de gestion. Cela étant violé, plusieurs responsables d’ONG réunis en comité, vont alerter l’Instance de Coordination Nationale (ICN) dirigée par Dr Kèkoura Kourouma. Copie du courrier ci-dessous.
Celle-ci va procéder à la mise en place d’une commission d’enquête. Elle aura été découverte dans ses démarches comme un instrument au service de CRS. Ce qui naturellement, va lever le voile sur une prétendue complicité entre les deux entités CRS et ICN dans la gestion des projets du Fonds Mondial.
Ainsi, plusieurs réunions vont se tenir autour de la situation sans succès. Les responsables de CRS auraient menacé les ONGs frondeuses tout en les mettant en garde sur ce qui pourrait advenir si elles s’entêtaient dans leur réclamation.
Par ailleurs, CRS et l’ICN auraient demandé aux autres ONG bénéficiaires du projet, d’apporter leur soutien à « ENFANTS DU FUTUR ». Ci-dessous, la capture d’un mail intercepté et le formulaire de recommandation.
Finalement, la commission d’enquête de l’ICN va être dissoute à la faveur d’une rencontre tenue au mois de décembre 2020 à Coyah. Une autre a pris le relais avec la bénédiction de la vice-présidente de l’ICN Aminata Soumahoro.
Cette formule jugée douteuse, n’aura pas plu les ONGs qui ont fini par porter le problème auprès du Fonds Mondial. Une alerte sur la gestion faite de son projet en Guinée par CRS et l’ICN. Dans ce courrier daté du 12 janvier 2021, la Plateforme Démocratie Sanitaire et Implication Citoyenne, au nom des ONGs guinéennes, va solliciter du Fonds Mondial de dépêcher une mission en Guinée pour s’enquérir de la réalité des choses. Ci-dessous, la copie de la correspondance.
Car, un seul cas de fraude constaté dans l’attribution des contrats, annule carrément les activités dans toutes les régions concernées pour une reprise de la procédure. La réponse du Fonds Mondial à ces organisations Guinéennes, promettait une réponse à la requête au bout d’un mois.
L’Instance de Coordination Nationale du Fonds Mondial en Guinée, porte d’entrée du Fonds Mondial dans le pays, dans la logique des choses, a été créée pour résoudre la question en toute transparence sans aucune intervention du Fonds Mondial. Alors qu’un courrier lui a été adressé le 16 décembre 2020 pour l’informer du prétendu cas de fraude et de corruption. Pourquoi avoir gardé le silence ? Est-ce pour des raisons de complicité ou de laxisme ? En tout cas pas pour manque de moyens puisque le président de l’instance à lui seul, disposerait d’un budget de plus de 30 millions de francs guinéens rien que pour le carburant.
Au regard de la tournure que prenait la situation, CRS principal accusé, va s’offrir les services d’un inspecteur de police. Informé de la nouvelle par les autorités, le comité des ONGs frondeuses va chercher à entrer en contact avec le nommé enquêteur. Avec surprise, elle découvre que le nommé inspecteur n’est personne d’autre qu’un certain Amadou Konaté, qui avait la charge par le biais de CRS, de superviser les moustiquaires de Kankan qui ont été détournés pour être vendus au Mali. Ainsi, le Ministère de la santé va être saisi à son tour. Voir la lettre ci-dessous.
Fraude, corruption, conflit d’intérêt, népotisme et laxisme, ce sont entre autres les accusations portées à l’encontre de CRS (Catholique Relief Services) dans son appel d’offre et l’attribution des contrats. En lieu et place des organisations nationales d’office sous-récipiendaires, ce sont des organisations fantômes et d’autres internationales qui ont été recrutées.
Comme deuxième exemple, sur les 5 sous-récipiendaires du projet susmentionné, deux organisations internationales ayant le statut de récipiendaire principal, ayant donc des contrats directs avec le Fonds Mondial, auraient été faites sous-récipiendaires par CRS. Il s’agirait notamment de Plan Guinée et de Child Fund. Ce qui serait totalement contraire à la logique des choses. Celles-ci, avec leur statut de PR, ne devraient nullement travailler sur les projets du Fonds Mondial destinés aux communautés à la base, un travail exclusivement dévolu aux ONGs nationales.
A Kindia aussi, Chil Fund qui ne travaillait plus dans les communautés depuis 2012, aurait fait attribuer le contrat de sous-récipiendaire dans le cadre de ce projet à une de ses fédérations locales dénommée « MOUNAFAGNY ». De même pour l’ONG ‘’l’Enfants du Futur’’, soupçonnée d’être une organisation de CRS. Une manœuvre qui leur permettrait de récupérer dans le dos de la main, l’argent qu’ils éjectent au nom du Fonds Mondial.
Cela se serait illustré dans la répartition des épaves de motos d’un projet antérieur. La fédération « MOUNAFAGNY » de Kindia centre, aurait bénéficié de plus de 20 motos contre 5 pour les ONGs nationales disposant de représentations dans plusieurs villes du pays.
Pour tous ces faits, le 14 janvier 2021, les ONGs nationales évoluant dans le domaine de la santé, à travers DES-ICI, vont rédiger un mémorandum à l’attention du Ministre de la Santé sur ces supposés cas de fraude et de corruption entretenus par des ONGs internationales avec la complicité de CRS et l’ICN au détriment des organisations nationales. Ce document sollicite également une enquête de moralité autour de CRS par rapport à ses appels d’offres.
Dans ces différentes requêtes, la société civile mondiale à travers les organisations intervenant dans le domaine de la santé, va se mobiliser pour soutenir les ONGs guinéennes face à la « fraude et à la corruption » qui portent gravement atteinte à leur existence et à leur fonctionnement. La Coalition Mondiale pour la Lutte contre le Palu, est en première ligne de ce combat. Les speakers des 26 pays engagés dans la lutte contre le Palu, la Tuberculose et le Sida, sont également associés à cette démarche. L’ISA (Impact Santé Afrique) n’est pas en reste.
Toutes ces organisations vont attirer l’attention du Fonds Mondial sur la magouille qui caractérise la gestion de sa subvention en Guinée par CRS et l’ICN. Elles affirment que si rien n’est fait, on assistera à l’enterrement progressif des ONGs guinéennes, qui pourtant, offrent des milliers d’emplois aux jeunes Guinéens. Ce qui va porter gravement atteinte à la loi L013 des organisations non gouvernementales en Guinée.
A rappeler que ce projet de paludisme et du renforcement du système de santé, est financé à hauteur de plusieurs dizaines de millions de dollars et d’engins roulants pour chacune des organisations chargées de la mise en œuvre des activités dans les 5 régions concernées.
Par ailleurs, toutes nos tentatives auprès des différentes structures mises en cause dans ce dossier, sont restées vaines. Aux dernières nouvelles, le responsable pays de CRS en Guinée, aurait pris la fuite pour échapper au mandat d’arrêt décerné par le tribunal de Conakry 1 dans une affaire de détournement de moustiquaires.
Affaire à suivre…
Mamoudou Babila KEITA
Bonsoir monsieur Mamoudzou,
Nous espérons que vous allez bien.
Nous venons à travers le présent sollicité le droit de réponse à votre publication au sujet de la dénonciation faite sur l’ONG Enfant du Futur.