L’une des mesures sanitaires et sécuritaires prises par l’Etat guinéen, contre le COVID-19, est l’interdiction des attroupements dans les lieux publics. Ce qui a abouti à la fermeture momentanée des établissements scolaires. Cet ajournement des cours suscite déjà des inquiétudes chez les différents acteurs du secteur éducatif en Guinée.
L’ensemble des acteurs éducatifs guinéens restent unanimes sur le retard que connaitra à nouveau le secteur de l’éducation. Surtout que celui-là ait déjà enregistré du recul temporaire les mois antérieurs. À cela s’ajoute les mesures du Chef de l’Etat interrompant les cours dans tous les établissements scolaires et universitaires du pays.
Rencontré dans les rues de Conakry, ces acteurs se sont confiés à la rédaction d’inquisiteur.net. Devant nos micros, ils nous ont témoigné à quel point cette décision leur hante.
Hasmiou Barry est un ingénieur et père de deux élèves. Il s’attend déjà à une note venant de l’école de ces enfants. Mais sauf qu’il se sent déjà déçu par l’attitude des autorités des écoles privées, qu’il trouve arnaquant.
«D’ailleurs c’est un grand retard, si les enfants restent encore à la maison pendant un mois ou deux sans aller étudier. Ensuite à leur retour les fondateurs nous amènent les notes de rappel, soi-disant de payer ces temps non consommés. Ça nous fait mal, très mal. Car nous, nous payerons ces frais sans qu’ils (fondateurs) ne payent les enseignants. Dans ce cas, c’est de la pure arnaque», nous a-t-il témoigné.
Généralement, les écoles privées exigent les payements des arriérés sous prétexte d’une prise en charge de leurs enseignants. Sauf que ceux-ci balayent d’un revers de main, cet argument.
Alpha Cissé dispense les cours de mathématiques dans une école privée de la place. Il témoigne n’avoir pas reçu son salaire en 2014, lors de l’épidémie du virus Ebola. D’où son pessimisme pour un salaire. Nonobstant, il plaide pour un accompagnement auprès des responsables de ces écoles privées.
«On ne peut pas espérer à un salaire venant de nos fondateurs ou Directeurs. Car nous sommes payés en fonction des heures dispensées par prestation. Si toute fois nous ne parvenions pas à exercer pendant des mois, on ne peut pas s’attendre à un payement de salaire. Quand même si les fondateurs ont les moyens, nous les plaidons à nous assister», se lamente ce professeur.
Du côté des autorités de ces écoles, l’espoir est peu reluisant, d’autant qu’ils sollicitent aussi l’aide du gouvernement.
«Cette décision devrait être suivie par des mesures d’accompagnement aux écoles privées venant de l’État. Nous savons qu’à des moments de ce genre, les enseignants du privé sont confrontés à d’énormes problèmes. Nous vivons de ce que nous donnons comme savoir dans des établissements. Si les cours sont suspendus, on ne gagne pas de salaire», explique Fodé Mamoudou Bangoura, Directeur d’une école primaire.
Mariam KANTE