En prélude des scrutins législatifs et référendaires, le Chef d’Etat-major de l’armée de terre, a lancé une alerte à l’endroit de toutes les unités de l’armée de terre sur toute l’étendue du territoire national pour des patrouilles diurnes et nocturnes.
La fédération internationale de défense des droits humains (FIDH) et les ONG nationales de défense des droits de l’homme membres signalent que le déploiement des militaires risque de faire basculer le pays dans un cycle de violences et de répression incontrôlable.
Pour éviter le chaos, elles appellent l’Etat à caserner l’armée. «Étant donné que l’impunité quasi totale accordée aux membres des forces armées guinéennes depuis des décennies, la mise en alerte et le déploiement des unités de l’armée de terre dans tout le pays ne peuvent qu’alimenter le cycle des violences et de répression. Notre message est clair : les militaires doivent rester dans les casernes et ne pas interférer dans la vie politique et la séquence électorale en cours, déjà très controversées» ajoute Drissa Traoré, vice-président de la FIDH.
Depuis l’annonce de l’adoption de la nouvelle constitution, le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) a appelé à des manifestations qui ont été violemment réprimées par les forces de l’ordre, ce qui a engendré la mort de 37 personnes et plusieurs cas de blessés dont une dizaine par balles.
Des arrestations et détentions arbitraires, des menaces et intimidations contre des journalistes dans l’exercice de leur métier ainsi que des destructions d’édifices publics et de biens ont été remontés depuis le lancement du mouvement en octobre 2019, mentionne le président de l’organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH).
«Selon des sources concordantes, la plupart de ces victimes ont été tuées par balles et aucune mesure concrète n’a encore été prise par les autorités compétentes pour mener des enquêtes sérieuses et poursuivre en justice les présumés auteurs de ces crimes» insiste Abdoul Gadiry Diallo.
«La FIDH et ses ligues membres en Guinée condamnent les violences commises contre les manifestants, puis exigent la libération sans délai des militants du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) arrêtés, et demandent l’ouverture d’une enquête pour situer les responsabilités du récent cycle de violences »
Et enfin, la FIDH et ses ligues membres rappelle que la constitution guinéenne en ses articles 6, 9, 10 et 7 garantit respectivement le droit à la vie, le droit à l’intégrité physique et morale, l’interdiction contre les arrestations et détentions arbitraires, le droit de manifestation et de cortège, la liberté d’expression et oblige l’État à les respecter et à les protéger. «La république de Guinée est partie à la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la Gouvernance qui consacre le principe de l’alternance démocratique. L’État guinéen doit s’y soumettre».
Mariam KANTE