<<Guinéen de l’ombre>>, est une rubrique de votre quotidien électronique, qui s’intéresse à la découverte des personnes et personnalités, ayant réussi dans un domaine quelconque et dont le parcours pourrait être une source d’inspiration et de motivation pour les jeunes qui ambitionnent être cités parmi les élites ou tout simplement des modèles. Cette foi-ci, nous vous faisons découvrir un compatriote Guinéen de haut rang et d’un parcours atypique. Un brillant scientifique et distingué cadre dont le savoir, hisse et honore dignement la Guinée à l’international même s’il reste moins connu dans le pays. Il est l’une des personnalités dont le nom continue à faire parler de la Guinée à travers le monde.
Ce Guinéen qui roule depuis plusieurs années sa bosse à l’étranger, se nomme Mohamed Beavogui.
C’est un fonctionnaire international, Sous Secrétaire Général des Nations Unies et Directeur Général de l’Agence Panafricaine de Gestion des Risques. Ce sexagénaire Guinéen, est né le 15 août 1953 à Porédaka, dans Mamou. Il est le fils de feu Koma Beavogui, un ancien diplomate Guinéen et de feue Hadja Laila, soeur aînée du feu Diallo Telly, premier Secrétaire Général de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA).
« De la lignée des grands hommes, naissent d’autres grands hommes »
Il faut rappeler que cet homme, scolarisé en 1960, fit ses études primaires et secondaires à l’école primaire et au collège de Coléah aux pieds de la presqu’île de Kaloum à Conakry. En 1972, il a obtenu son baccalauréat au lycée du 02 août, en maths mécaniques. Après cette admission, Mohamed Beavogui, a été orienté à l’Institut Polytechnique Gamal Abdel Nasser de Conakry. A la faculté de mécanique, le jeune étudiant aux grandes destinées, a fini par bénéficier d’une bourse d’études en URSS, ex-union soviétique (La Russie actuelle).
« J’avais terminé ma faculté de mécanique. A l’époque, les meilleurs de chaque classe, bénéficiaient des bourses d’études à l’étranger. Moi j’ai été envoyé à l’université de Saint Petersburg où j’ai été formé en tant qu’ingénieur mécanicien en conception en 1976. Je suis resté là-bas pratiquement jusqu’en 1979 pour mon master ».
Avec des yeux pleins de souvenirs, Mohamed Beavogui, que nous avons rencontré dans sa résidence à Conakry, se rappelle encore de ces beaux moments de sa vie estudiantine.
« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années »
Après ses brillantes études pratiquement finies en 1982, Mohamed Beavogui, aussitôt, remporte un concours des Nations Unies. Il est nommé au poste d’ingénieur au Centre Africain Régional au Nigéria. Ainsi démarre la carrière de fonctionnaire international.
« J’ai commencé par la Commission Économique des Nations Unies de l’Afrique. La mission que nous avions à l’époque, était de construire un Centre Africain de Conception et de Fabrication Technique qui serait le centre moteur pour le développement de l’industrie lourde sur le continent avec l’appui des Nations Unies. Pour la réalisation de ce projet, un centre a été installé au Nigeria, donc, j’ai été transféré au Nigeria. C’est là que j’ai travaillé pendant 4 ans. Nous avons construit des centres, nous avons mis en place toutes les infrastructures et les structures de formation ».
Fort de cet exploit, notre compatriote n’aura pas attendu longtemps pour voir sa vie empiler toute sorte de sollicitations. La convoitise s’étend sur tout le continent. Tout le monde voudrait profiter du génie du Guinéen.
Parmi la multitude de demandes, Mohamed Beavogui, a fini par mettre on expertise et son intelligence au service du Fonds Alimentaire Mondial (FAO), qui l’a recruté pour l’Afrique de l’Est en qualité de Conseiller Technique, puis Senior Chargé de Programme. Nous sommes en 1986. L’ingénieur mécanicien est amené à partager ses expériences dans le domaine de l’agroalimentaire, ce, durant un bon moment.
<< Les FAO m’ont découvert au Nigéria. Donc, ils m’ont proposé d’aller travailler avec eux en Afrique de l’Est, dans un projet de développement technologique agro-alimentaire. Je suis resté près de huit ans. Après l’Afrique de l’Est, j’ai couvert le Burundi, le Rwanda, l’Est du Congo avant d’être affecté à Rome en 1992 comme fonctionnaire principal du FAO »
En compagnie de cette institution internationale, le Guinéen Mohamed Beavogui, s’est vu à nouveau sollicité par le Bureau des Nations Unies. Une nouvelle offre élargit ses services à d’autres horizons du monde.
« Après les FAO, j’ai eu une offre pour aller à New York au bureau des services d’appui aux projets des Nations Unies. J’ai travaillé là-bas pendant près de cinq ans, puis j’ai été transféré à Abidjan au compte de la même institution. Là, j’étais responsable de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale. Le bureau d’appui des projets des Nations Unies, étant un bureau de gestion de projets, c’est ainsi que j’ai géré l’appui de la communauté internationale en Côte d’Ivoire, lors de la crise de 1999-2000 y compris l’organisation des élections en Côte d’Ivoire »
« C’est par le mérite, que viennent les honneurs »
En 2001, Mohamed Beavogui, a reçu l’invitation de se présenter comme candidat au poste de Directeur Afrique pour le FIDA.
<< Je me suis donc présenté et j’ai réussi. J’ai donc déménagé en 2001 à Rome cette fois ci au FIDA comme Directeur. Le FIDA a duré 16ans >>
Cet homme qui est aujourd’hui Sous Secrétaire Général des Nations Unies, est également le Directeur de l’Agence Panafricaine de Gestion des Risques. Une agence qui aide les pays Africains à gérer les désastres provoqués par les risques climatiques (sécheresse, inondation etc.)
Les exploits réalisés par Monsieur Mohamed Beavogui, en dehors de la Guinée, l’ont valu la proposition du poste de premier ministre, chef de gouvernement pendant la crise de 2007 en Guinée.
« J’avais été contacté, mais c’est un contact très spécial. D’abord je n’étais pas à Conakry tandis-que tous les autres y étaient. Personnellement, j’ai été contacté par les syndicats, la société civile. Ils voulaient savoir si je n’allais pas refuser leur proposition. Si l’on me demande, je serais très ravi de servir mon pays, ai-je répondu. Mais la volonté de Dieu a voulu que ça soit mon grand frère Kouyaté que j’ai connu à l’université et nous avons travaillé ensemble à New-York »
« Le patriotisme est la plus puissante manifestation de l’âme »
Malgré qu’il ait vécu toute sa vie à l’étranger, Monsieur Beavogui, garde amour fou pour la culture de sa Guinée natale. A la différence de plusieurs cadres Guinéens de la diaspora, l’homme reste toujours fidèle aux enseignements ancestraux de son pays notamment ceux des murs et la religion musulmane.
Sur sa situation familiale, retenez que notre fierté est marié et père de quatre (4) enfants dont deux filles. L’une d’elles, Aïssata Beavogui, est l’actuelle Directrice Générale de Guinea Alumina Corporation (GAC).
« L’éducation reste la clé de réussite d’une nation »
C’est dans cet esprit que Monsieur Beavogui et son épouse, se sont pleinement investis dans l’éducation de leurs enfants. Mariama Laila Beavogui, la cadette d’Aïssata, est ingénieure diplômée de Boston. Quant à Abdoulaye le fils ainé et Thierno Souleymane, le benjamin, sont tous deux diplômés de Binghamton Western à New York. Ils évoluent dans le domaine de l’informatique et les finances à New York, aux Etats-Unis.
Monsieur Mohamed Beavogui, jusqu’à ce jour, reste l’un des brillants cadres africains les plus sollicités pour leurs expertises à travers le monde. Malgré les multiples opportunités qui peuvent encore l’éloigner de sa patrie, l’homme semble désormais tout abandonner pour faire son Come Back très prochainement et définitivement pour se mettre au service de la nation et de la servir pour le restant de sa vie.
Mariame DIALLO