La crise qui mine le secteur éducatif guinéen aura bientôt deux ans et jusque là, l’affaire ne semble pas trouver son épilogue. Le feuilleton qui oppose les autorités éducatives et les syndicats concernés, s’explique par le non-respect des derniers accords obtenus le 10 Janvier dernier. Actuellement, un recensement au département de l’enseignement supérieur est engagé. Cette opération d’assainissement connaitra la présence des personnes neutres et les représentants du gouvernement. Une situation que ne digère pas le camp du principal meneur de cette grève (Le SLECG).
Ce n’est plus la levée de suspensions des salaires des grévistes, ni leur rétablissement dans leur droit qui sont à la marge des nouvelles revendications du Syndicat Libre des Enseignants Chercheurs de Guinée. C’est Plutôt la modification du comité de recensement pour l’assainissement du fichier du personnel enseignant du supérieur comme celui entamé au niveau du secondaire et technique. D’où la colère d’Aboubacar Soumah et son équipe de déclencher une autre grève illimitée qui a débuté ce mercredi, 10 avril 2019.
Joint ce mercredi par les animateurs de l’émission les « Grandes Gueule », le numéro 1 du SLECG ne décolère pas. Dans son allocution, il se réjouit en premier lieu de l’observation de leur mot d’ordre de grève, puis camper sur leur position avant de qualifier l’attitude du département concerné d’un « manque de foi ».
«Comme vous l’avez constaté aujourd’hui, la grève est observée sur toute l’étendue du territoire national. Les faits illustrant cela sont assez remarquables tant à Kaloum, qu’à Matam, gbéssia et partout à Conakry ici. Donc nous maintenons notre position.
C’est un manque de volonté manifeste du ministre à ne pas respecter le protocole d’accord qui est signé par le gouvernement. Je ne vois pas de raison qui puisse emmener le ministre à ne pas accepter la commission, car les critères de recensement qui sont définis, ne sont pas orientés vers une cible donnée. Il n’y a pas de ségrégation ni d’exclusion. Les mêmes critères de recensement à l’enseignement supérieur, secondaire et technique, sont les mêmes questions qu’on pose aux enseignants qui sont en face de nous.
Donc, je ne vois pas de raison qu’on fasse une ségrégation d’un élément, d’une entité quelle que soit. Ce sont des arguments que je qualifie de fallacieux », déballe Aboubacar Soumah chez les GG.
Intervenu au cours de la même émission, Abdoulaye Yero BALDE, ministre de l’enseignement supérieur rappelle que l’implication des recenseurs indépendants dans cette opération, est issue d’un accord obtenu lors d’une discussion entre le SLECG et la partie syndicale USTG.
« Il n’y a pas de grève des enseignants au niveau supérieur. C’est ce que le syndicat de l’enseignement supérieur a dit. Mais qu’ils sont prêts à ce que ça se passe comme le SLECG qui est préuniversitaire qui a dit, je veux que ça soit comme ça. Ils ont donné leur position et, je crois que c’est légitime. Puisque ces recenseurs sont des mêmes recenseurs, mais à l’intérieur du groupe, il y a des gens qui n’appartiennent à aucun syndicat. Je ne vois pas où est la difficulté pour que ces gens se fâchent.
Nous avons un accord avec Dr. Bano sur cette question et c’est à l’issue de cela que, lorsque j’ai reçu la liste des recenseurs de l’enseignement supérieur, je me suis mis en rapport avec le SLECG sur cette question et il a donné son accord oui, que parmi les recenseurs retenus, certains n’étant pas du SLECG, on peut les emmener à l’enseignement supérieur. C’est la même équipe, les gens ne viennent pas d’ailleurs. Et je ne sais pas pourquoi on revient sur cette histoire», s’interroge Yero Baldé.
Malgré cette sortie antagoniste des deux camps, le lancement de cet épisode nouvel de la crise dans le secteur éducatif, des inquiétudes et interrogations sur l’évolution de notre milieu éducatif restent planées. Cette instabilité ne sera-t-elle pas un frein à son évolution ?
Mariam KANTE