Après plus de 2 ans de soif de démocratie ; plus de 2 ans d’absence de l’Etat de droit ; plus d’une année de réclamations d’un véritable dialogue censé être l’oxygène de la transition en cours ; près de 2 mois de lamentations des Guinéens pour le rétablissement de l’internet, des radios dont les signaux sont brouillés et des télévisions coupées des bouquets de diffusion, les diplomates se réveillent. Un réveil tardif mais visiblement favorable pour faire entendre le cri de cœur des Guinéens auprès de la communauté internationale qui semble avoir abandonné la Guinée depuis le 5 septembre 2021, au profit de la Françafrique.
Comme on le dit, la fin de l’espoir est le commencement de la mort. Or, ce sont les individus qui meurent, mais le peuple, lui, vit, survit et demeure. Ceci étant une évidence qui s’impose à tous et aux circonstances des moments et événements du temps, le peuple de Guinée, malgré les difficultés qu’il croyait vaincues depuis le 5 septembre 2021, reste débout et confiant.
Sa quête de liberté dans la dignité reste inaliénable quel que soit les hommes et les systèmes politiques qu’on voudra lui imposer. Raison pour laquelle, depuis 2 ans, ce peuple martyrs de Guinée, malgré les désespoirs, continue de lutter pour ses aspirations les plus légitimes telles que : la restauration de la démocratie et l’instauration d’un État de droit.
Mais il faut reconnaître que cette lutte ne se mène jamais dans la solitude. Comme on le dit : aucun pays ne peut évoluer en vase clos. La Guinée et les Guinéens ont donc besoin des autres, du monde extérieur, bref, de la communauté internationale pour l’aider à gagner pacifiquement cette lutte.
Et c’est pourquoi, entre 2008 et 2009, sous la transition militaire du CNDD, la communauté internationale s’est tenue aux côtés du peuple souverain de Guinée, pour l’instauration de la démocratie après 24 ans de dictature de feu Général Lansana Conté.
Cette communauté internationale dont on parle, à travers ses représentations institutionnelles, diplomatiques et consulaires, a usé de toutes ses capacités pour permettre à la Guinée d’aller vers un scrutin démocratique.
Les pressions, dénonciations et indignations, n’ont jamais manqué pour mettre à rude épreuve le gouvernement du Capitaine Moussa Dadis Camara. A cette époque, des ministres ont été contraints de démissionner au risque d’être catalogués.
En 2020, dans sa quête de rallonge à la tête du pays, Alpha Condé lui aussi, n’a pas échappé à la pression de la même communauté internationale à travers les lobbyings de la diplomatie Française pour écourter le mandat d’un homme qui a promis de couper le cordon ombilical avec l’ancienne métropole.
Depuis l’avènement du CNRD le 5 septembre 2021, pour dit-on marquer la fin de ce qui a été qualifié de « dictature », la communauté internationale a visiblement cessé d’exister en terre guinéenne. A la différence des autres putschistes de la sous-région, le chef de la junte guinéenne, le Colonel Mamadi Doumbouaya, semble bénéficier de toute la bienveillance des occidentaux en faveur d’une France en perte de notoriété dans ses anciennes colonies d’Afrique.
Pourtant, les pratiques dénoncées pour évincer Alpha Condé au pouvoir au nom de la démocratie, se sont empirées, amplifiées et institutionnalisées. Les citoyens brimés et réprimés dans leurs droits, ont longtemps crié mais leur voix n’a jamais porté.
Les occidentaux qui sont prompts à se faire entendre pour dénoncer les violations orchestrées contre les populations, ont choisi de se taire pour observer indifféremment les Guinéens en train de se lamenter dans la déception. Chacun a eu l’impression que les coopérations bi et multilatérales ont désormais changé de règles pour ne servir que la cause des gouvernants qui sont aux ordres de leur État, que de servir la volonté et les intérêts de notre peuple.
Le Quais d’Orsay de la France de Macron qui a toujours joué le rôle de gendarme dans les affaires Guinéennes, est visiblement plus sensible aux appels des autorités de Conakry qu’aux cris de cœur des Guinéens. La politique de tutorat semble désormais actée pour rassurer le CNRD du soutien de la France.
Maintenant que leurs représentations diplomatiques compris la nécessité de se réveillés pour réclamer aux côtés des citoyens, la libération de l’internet, le respect de la liberté de la presse, des droits de l’homme, la justice et la bonne gouvernance, la population attend à ce que des démarches sérieuses soient entreprises pour contraindre les autorités à entendre raison.
La gouvernance doit être au service du peuple et non au service d’un groupe d’individus contre le peuple.
Mamoudou Babila KEITA