Décembre 2023 – Décembre 2024 jour pour jour, la junte militaire en Guinée, conformément au calendrier qu’elle a librement élaboré et soumis à l’approbation de la CEDEAO, doit rendre le pouvoir à un président civil élu pour marquer la fin de la transition permettant ainsi le pays de rejoindre le concert des nations et d’amorcer son développement socioéconomique tant voulu pour le peuple.
Mais pour l’instant, la priorité semble être ailleurs car le silence et la réticence dont fait preuve le CNRD et son gouvernement face à cette brulante question renforce d’avantage le doute au sein de la population. Les discours populistes et souverainiste qu’ils prononcent sans cesse et les actions à grandes pompes de constructions des infrastructures de développements sont illustratifs de cet état de fait. Selon eux, leur priorité c’est d’abord le social, en suite l’économie et en fin la politique, comme pour dire que le retour à l’ordre constitutionnel ne sera effectif que lorsqu’ils auront terminé de régler tous les problèmes que la Guinée connait depuis son indépendance.
Dans sa stratégie de confiscation du pouvoir, justifiant ainsi un éventuel glissement du calendrier de sortie de la transition, le CNRD et son gouvernement ont sciemment créé un climat de méfiance et de défiance avec les acteurs sociopolitiques majeurs sans la participation desquels un retour à l’ordre normal ne sera pas possible. Au lieu de mettre un cadre de dialogue inclusif et sincère qui rassure ces acteurs, la junte a opté pour la violence et l’intimidation de ces derniers contre lesquels d’ailleurs, elle a engagé des actions judiciaires pour, selon elle des faits de crimes économiques ou de troubles à l’ordre public. D’ailleurs il faut rappeler au passage que le CNRD et son gouvernement ont interdit toutes formes de manifestations sur la voie publique jusqu’à nouvel ordre.
De nos jours, rien ne permet aux citoyens et aux partenaires de la Guinée de savoir avec exactitude quel est le niveau d’exécution du chronogramme de la transition et par ricochet la date des élections présidentielles. De plus en plus le pouvoir du CNRD et son gouvernement se radicalise, obligeant ainsi toutes les voix dissonantes à se taire au risque de se faire bâillonner. C’est dans cet environnement délétère que vit actuellement les populations où l’internet est coupé, les médias sont brouillés d’autres retirés des bouquets canal+ et de startime sur injonction de la Haute Autorité de la Communication (HAC) qui invoque la nécessité de sécurité nationale, privant ainsi des millions de téléspectateurs de leur droit à l’information et faisant perdre à ces médias et à d’autres entreprises dépendantes de l’internet des milliards de franc guinéen.
Alors qu’à la prise du pouvoir, le colonel Mamadi Doumbouya avait promis de restaurer l’autorité de l’Etat en rectifiant le fonctionnement des institutions républicaines, à moraliser la gestion économique du pays et à restaurer les libertés publiques confisqués par l’ex président de la République Alpha Condé, puis rendre le pouvoir à un gouvernement civil et cela, dans un délai de deux ans, malheureusement cette promesse semble être renvoyée aux calendres grecques. Pire, les conditions de vie et de sécurité des populations se sont nettement dégradées du fait de la mal gouvernance et de la corruption qui sont érigées en système de gouvernance. Aujourd’hui rien ne présage un lendemain meilleur pour la Guinée qui risque de plonger dans un cycle de violence sans précédent du fait d’éventuelle confrontation entre ces multiples mouvements sociaux qui naissent ça et là pour dénoncer l’attitude dictatoriale de la junte qui veut à tout prix confisquer le pouvoir, et les forces de défenses et de sécurité qui sont déterminées à réprimer toutes formes de constatations du pouvoir en place.
Pour en rajouter davantage à la polémique, le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation a décidé de s’attribuer la responsabilité d’organiser les élections qui, jusque-là était dévolue à la commission nationale électorale indépendante (CENI) après avoir dissout cette dernière sans aucune raison valable. Il faut rappeler que la CENI a été instituée pour élaguer l’influence de l’exécutif sur le processus électoral qui était exclusivement géré par l’administration publique. Donc nous pouvons affirmer sans risque de se tromper que cet acte du ministre constitut un recule grave dans le processus de démocratisation du pays. Dans son obstination à vouloir tout contrôler dans le processus du retour à l’ordre constitutionnel, le ministre du MATAD a perdu ses soutiens les plus inconditionnels qui se sont vue écartés par ce dernier au profit de son clan, dans la mise en place des structures de suivi des recommandations issues du cadre de dialogue. Face à ces comportements unilatéralistes sur fond d’arrogance, les coalitions des partis politiques et des plateformes de la société civile jusque-là, favorable à la conduite actuelle de la transition ont fini par se taire car n’ayant plus d’arguments solides pour continuer à défendre le CNRD et son gouvernement face aux adversaires de ces derniers.
A bout de souffle, les populations qui continuent de crouler sous le poids de la pauvreté sembles être fatiguées de ces longues années de lutte contre un système dont les pratiques malsaines sont très profondes et difficiles à changer. Dès fois l’on se demande à quoi ont servis tous ces douloureux sacrifices consentis par le peuple durant toutes ces décennies de lutte pour l’avènement d’une véritable démocratie et d’un Etat de droit en Guinée ?
C’est pourquoi, l’on se demande encore s’il faut continuer à se battre malgré tout ou bien baissé les bras et s’en remettre à la volonté divine ?
La majeure partie des citoyens penses que cette situation ne changera pas et donc qu’il ne sert à rien de continuer à sacrifier les enfants d’autrui et d’occasionner la destruction des biens publics et privés dans des manifestations de rue, il faut plutôt laisser ceux qui gouvernent faire ce qui bon les sembles jusqu’au jour où Dieu va décider de les enlever au pouvoir.
Par contre, il y a toujours une minorité qui continue de croire à la lutte malgré toutes ces conséquences humaines et matérielles que cela engendre. Ce changement tant voulu par le peuple n’arrivera que de par la lutte, pour cette minorité des citoyens, notre pays ne pourra pas faire l’exception surtout que tous les peuples qui ont réussi à faire tomber les dictatures les plus cyniques l’on réussi à travers la révolution populaire. Certes le chemin est long et le sera davantage, mais cela en vaut la peine car le prix de la dictature est plus cher que celui de la liberté.
Donc luttons, luttons et luttons encore par ce que les dictatures le plus puissant ne sont pas construite par les tyrans le plus forts, mais par ceux les subissent et ne font rien pour les en empêcher.
Pour finir, il est évident que la junte militaire au pouvoir en Guinée n’est plus disposée à organiser les élections dans le délai impartis pour rendre le pouvoir à un gouvernement civil, ce qui constitut une trahison à l’endroit du peuple. Ainsi en voulant se comporter comme un pouvoir élu, elle crée les conditions crise sociopolitiques qui risque d’affecter sérieusement la paix et la quiétude social dans le pays. C’est pourquoi, tous les fils et filles de la nation doit se mobiliser pour empêcher encore une fois, une nouvelle dictature s’installer dans notre chère patrie.
Par Saikou yaya Diallo, Juriste-consultant, Responsable juridique du FNDC