Le village de N’Diaredhi est perché sous la végétation verdoyante de Popodara situé à plus de 18 km du centre-ville de Labé. Ce village avec un climat doux et frais, la seule et l’unique activité des populations est le tissage. A quelques minutes de la rentrée du village, l’on peut comprendre le calme et la paix qui règnent. Ici, c’est l’histoire de toute une communauté, celle de toute une vie les ‘’Mabobhai‘’, les tisserands en français.
« C’est dans ce métier qu’on s’est marié, et construit et parvient à s’acquitter de la dépense familiale. Bref, on gagne toutes nos dépenses dans cette activité », souligne Aladji Samba Koula DIALLO, Tisserand.
À côté de son métier, Alpha Ousmane est l’imam du village. Sous un abri de fortune, il façonne et transforme la laine en pagne puis en habit. Il peut faire 1 pagne, parfois 2, 3 ou plus par jour. « Tous ceux-ci sont ma famille, on ne vit que de cela. On les habille, on effectue tous nos besoins avec ce métier, on ne connaît que ça, on ne cultive pas, on ne fait rien d’autre à part le tissage » affirme Alpha Ousmane DIALLO.
Le processus commence par la mise en rouleau du coton, avec le fer et le bois. Un coton acheté à 70 milles fg, et 80 milles le paquet. 2 choses ne manquent jamais dans ces ateliers, c’est le petit fourneau pour le thé, la radio pour la musique pour faire passer le temps, rarement les infos.
L’inquiétude de ces tisserands, c’est la concurrence déloyale des produits chinois. Mais, ils ont une chance, quand les Chinois utilisent le caoutchouc ou le Fareyaré, eux, ils ont le coton. Même si la clientèle se fait rare, ils parviennent tout de même à joindre les 2 bouts.
« Les produits chinois, nous fatiguent beaucoup. Mais Dieu nous aide car eux, ce sont les fils en caoutchouc qu’ils utilisent et nous, c’est le coton. N’eût été cela, on aurait abandonné ce métier », poursuit l’Imam tisserand.
À N’Diaredhi, chez les ‘’ Mabobhai’, chaque coin est utilisé pour tisser. Les enfants sont initiés dès le bas âge avant même de connaître le chemin de l’école. Ceux qui ont la chance de poursuivre les cours, le pratiquent parallèlement. C’est le cas d’Alpha Oumar en 8e année et âgé de 18 ans. Ces premières classes, il les a faites avec de la laine.
« C’est un héritage et j’aime beaucoup. Le cahier, la tenu, le bic, et le carburant pour aller à l’école, c’est ici que je lui enlève l’argent pour acheter. Tout ce qui concerne mon éducation vient de là »affirme Alpha Oumar DIALLO, apprenti tisserand.
Un héritage, un savoir-faire, jalousement gardé et difficile de s’en séparer. Selon eux, certains quittent d’autres localités pour venir apprendre le métier dans ce village.
« Il y ‘a certains qui abandonnent ce métier et pensent trouver mieux ailleurs. Mais ils partent souffrir et finalement, ils reviennent en disant qu’ils n’ont pas trouvé mieux que cela. Parce que chaque jour, vient avec son lot de bonheur », martèle Aladji Samba.
Des belles maisons sont visibles un peu partout dans ce village. Les habits des villageois sont pour la plupart confectionnés par eux. Parmi eux également, il y ‘a certains qui se sont spécialisés dans la vente et dans la distribution des dérivés du tissage.
Alseny BARRY