Louncény Camara, ancien Président de la CENI, ancien ministre et ancien député, est mort ce samedi en détention à Conakry. C’est au lendemain du renversement du pouvoir d’Alpha Condé, qu’il a été fait prisonnier par la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF), pour des faits présumés de détournement de derniers publics, de blanchiment d’argent, d’enrichissement illicite, etc. C’est depuis le 28 avril dernier, qu’il a été placé sous mandat de dépôt et conduit à la maison centrale malgré son état de santé à l’époque très fragile, selon des sources proches de sa famille.
Depuis des mois, plusieurs hauts dignitaires du régime défunt d’Alpha Condé, croupissent en prison. Ils sont accusés de détournement de deniers publics, blanchiment d’argent, d’enrichissement illicite, de faux et usage de faux en écriture publique et de corruption d’agent public. Ce sont notamment l’ancien Premier ministre Dr Ibrahima Kassory Fofana, l’ancien Président de l’Assemblée Nationale honorable Amadou Damaro Camara, l’ancien ministre de la défense Dr Mohamed Diané, l’ancien gouverneur de la Banque Centrale Dr Lounceny Nabé, etc.
L’un d’eux, Lounceny Camara, ancien ministre et ancien député, est mort ce samedi, 20 août 2022 en prison. Selon nos informations, son état de santé très « critique » avait été par plusieurs fois mis en avant par sa défense pour réclamer sa mise en liberté. Chose que le procureur spécial Aly Touré, n’aurait jamais accepté. Le même refus catégorique du procureur spécial de la CRIEF, a été opposé à la libération provisoire de plusieurs autres personnalités détenues sans aucun procès, notamment l’ancien Premier ministre Dr Ibrahima Kassory Fofana et l’ancien Gouverneur de la BCRG, Dr Lounceny Nabé.
Selon nos informations, le dossier dans lequel était accusé Lounceny Camara, est lié au projet de construction du futur siège de l’assemblée nationale.
Parlant de ce projet de construction du futur siège du parlement Guinéen, l’engagement avait été pris par la République Populaire de Chine de financer les travaux à hauteur de 40 millions de dollars. L’Etat Guinéen de son côté devrait débourser 15 milliards de nos francs. Ce montant de la contrepartie guinéenne, selon le parquet de la CRIEF, aurait été détourné. C’est justement dans ce cadre que Lounceny Camara, à l’époque député, a été inculpé en sa qualité d’ancien président de la Commission Aménagement de la 9ème législature, indique-t-on.
Pourtant, dans l’organigramme et dans le règlement intérieur dudit parlement à l’époque, Lounceny Camara n’apparaît nulle part parmi les ordonnateurs des dépenses encore moins parmi les signataires qui étaient les questeurs. Malgré cela, comme dans une démarche juridico-politique, le parquet de la CRIEF aurait trouvé d’autres prétextes à greffer aux accusations portées à son encontre. Il lui aurait été reproché d’avoir perçu 20 millions de francs Guinéens comme « pot de vin », des mains de l’entrepreneur Chinois qui devait exécuter les travaux. Ces accusations n’ont jamais été prouvées jusqu’au décès de Lounceny Camara dans la geôle.
Selon nos sources, la santé de l’ancien Gouverneur de la Banque Centrale Dr Lounceny Nabé, se dégrade aussi de jour en jour. Sa situation nécessiterait une prise en charge rapide et urgente afin d’éviter le sort qui a été réservé à l’ancien député.
Il faut rappeler que cela fait plusieurs mois que des personnalités d’Etat sont détenues à la maison centrale de Conakry sans aucun jugement. Des sources concordantes au sein de la CRIEF, avouent que le parquet spécial de ladite Cour, ne disposerait jusqu’ici d’aucun élément de preuve soutenable pour établir la culpabilité des personnes incriminées. Ce qui amènerait Aly Touré à tenir mordicus à leur maintien en détention, le temps pour lui de trouver des éléments avant d’aller au procès.
Or, les instruments juridiques internationaux ratifiés par la Guinée, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui dispose entre autres que : – que toute personne accusée d’une infraction dispose du droit à être jugé sans retard excessif.
Également, l’alinéa 8 de l’article préliminaire du code de procédure pénale, stipule que la liberté est la règle et la détention, l’exception. En dépit de toutes ces dispositions juridiques, le parquet de la CRIEF semble se livrer à une chasse aux sorcières contre des anciens gouvernants dont la liberté pourrait perturber le sommeil des membres du CNRD.