En Guinée, la brume sur un éventuel 3ème mandat pour Alpha Condé, se dissipe peu à peu. Même si le principal concerné n’a pas encore clarifié sa position sur la question, le décryptage des faits et gestes qu’il pose, trahissent son ambition à peine voilée. Une ambition politique qui lui a déjà permis de doter le pays d’une nouvelle constitution en dépit des nombreuses contestations de son opposition et de la répression des manifestants.
Un coup de force dont l’une des conséquences est la possibilité pour l’actuel locataire du palais Sekoutoureyah d’y renouveler son bail. Avec la nouvelle constitution, les compteurs qui sont à zéro, renchérissent les affidés du pouvoir. Il est de notoriété publique que le président Alpha Condé, est un politicien roublard ; sur sa candidature à la prochaine présidentielle, il laisse encore une fois planer le doute, en mettant en avant le bouclier de la riposte contre la covid19. Cependant, au sein du parti présidentiel le RPG-arc en ciel, il se murmure qu’il est le cheval blanc pressenti à cette course démocratique qui promet d’être riche en rebondissements.
Ce deuxième coup de force pourrait connaître comme le premier, assez de contestations de rue, surtout de la part d’une opposition politique que le président Alpha Condé, taxe d’avoir des relents de putschistes. Et donc, pour se prémunir contre tout dérapage susceptible de faire vaciller son régime, la porte d’entrée de Kaloum, la commune qui abrite le palais présidentiel, sera tenue d’une main de fer par l’unité d’élite de l’armée guinéenne : les forces spéciales.
L’opinion publique a été marquée par le défilé au grand stade de Conakry, de cette force spéciale à l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance de la Guinée. Une force spéciale faite de gros bras, de malabars cagoulés qui dans leur procession lente et sûre, ont foutu la pétoche au public.
Les forces spéciales sont très spéciales car, discrètes, muettes, rapides, efficaces et n’interviennent pas pour des broutilles laissées ordinairement aux soins de la police et de la gendarmerie. Cette unité qui était discrètement gardée dans les localités de Forécariah, a désormais son siège en élévation à la porte d’entrée de Kaloum. Sur place, dans la cour du palais du peuple, sur la rive près de l’hôtel Onomo, les ouvriers sont à pieds d’oeuvre et le bâtiment sort de terre à une cadence rapide.
Selon des indiscrétions, dans un premier temps, les hommes de main du Président Alpha Condé auraient voulu déloger les bérets rouges du camp de Tombo au profit de son unité d’espoir « les forces spéciales ». Mais de ce côté, ils feront face à une résistance farouche, ce qui les aurait contraint à rebrousser chemin. Craignant donc des tensions entre les deux unités, les stratèges d’Alpha Condé ont finalement porté le regard sur une partie de l’esplanade du palais du peuple. Il s’agit de la partie contiguë à la mer sur la corniche sud. L’endroit abritait une société de métallurgie appelée « FERALUX ». Celle-ci a été très vite déguerpie des lieux.
Quid des évènements sur l’esplanade du palais du peuple. Puisque le nouvel abri des forces spéciales est le seul endroit qui renferme les latrines publiques pendant les spectacles et autres grands événements sur l’esplanade. Est-ce possible désormais? Ces soldats pourront-ils cohabiter avec le public ?
Affaire à suivre…
Mamoudou Babila KEITA