L’inconscience a pris d’assaut nos consciences, nos réflexions sont devenues limitées, nos idées farfelues et tordues, nos raisonnements se centralisent sur notre propre personne, on ne veut plus rien admettre qui nous soit défavorable, plus rien qui soit contraire à nos intérêts personnels. Ça y est, le diagnostic est fait, il s’agit d’un syndrome égocentrique. Il nous conduira vers notre perte car il n’a aucune importance.
Dans la joie et l’amour, nos aïeux avaient vécu ensemble sans distinction aucune, c’est sûr qu’ils n’auraient pas apprécié le fait qu’on se soit ligué les uns contre les autres, hantés par un orgueil surdimensionné. Dans cette histoire, ce qui est flippant et lamentablement étrange, c’est quand la jeunesse s’évertue au jour le jour, à fragiliser le tissu social. Des jeunes, de surcroît des adolescents en deçà de 18 ans, ont actuellement la témérité de graver des propos potentiellement dangereux voire des injures publiques à l’encontre d’une ethnie sur des réseaux sociaux. Ça c’est très dommage pour un pays qui se veut paisible, sans parler des conséquences subversives que ça pourrait engendrer.
Je me serais évertué à croire qu’un jour la chaîne ethnocentrique guinéenne se serait brisée, si seulement elle se limitait à une certaine génération mais sa croissance est si rapide qu’elle a pu atteindre les jeunes et les tous petits. Et puisque nos ADN en contiennent aussi, c’est le moment d’adopter des bonnes attitudes pour freiner la génétique, quitte à observer un processus de transmission de comportements générationnels à nos progénitures.
Qu’on veuille nourrir un amour incommensurable dans son cœur pour son ethnie, tant mieux ! Mais aller jusqu’à croire qu’on peut se restreindre à elle seule, sous prétexte qu’elle est la meilleure, autant se voiler la face pour l’éternité. Et quand on est complexé, égoïste et négatif, on pense que le bonheur n’existe nulle part ailleurs que dans son coin. Cette triste vérité règne seulement dans la cervelle d’un ethnocentriste parce que sa vision du monde qui l’entoure ne va pas plus loin que le bout de son nez. Il est malheureux et il le sera parce que son cœur est astreint à supporter perpétuellement le poids de la haine et du mépris. C’est quelqu’un qui est en retard par rapport à l’évolution normale du monde auquel il appartient. Un vrai FOU !!!
La Guinée est une famille, une belle phrase pleine de sens qui a tendance à se banaliser car mal comprise par une population aveuglée par la rancœur. Un frère n’est pas toujours celui avec qui on vient du même milieu, mais c’est aussi celui qui nous aime, nous apprécie, celui qui est présent pour nous dans le malheur ou le bonheur. Qui d’entre nous n’a jamais apprécié quelqu’un qui ne soit pas de son ethnie ??? Personnellement, j’ai la chance d’avoir une myriade d’amis d’autres ethnies qui m’ont marqué par leurs bonnes attitudes. A ces braves gens, je donnerai tout mon amour et toute ma solidarité. A cause d’eux, je m’abstiendrai à haïr leurs ethnies parce que les bonnes et mauvaises personnes sont partout.
La Guinée est une famille, ce n’est pas facile à l’adopter mais nous pouvons le faire vraiment. Moi je suis Camara, Fodé Golden Camara l’est aussi. Au-delà de nos différences ethniques, nous avons le même patronyme, donc sûrement le même ancêtre. Quand on fouille bien dans l’histoire, on verra que Mohamed Cisse et Cisse Fode Moussa sont comme deux rayons lumineux divergents qui proviennent d’une même source lumineuse. On dit que Camara, Diallo, Traoré et Fofana sont synonymes alors : Ahmed Che Traore, Aïssatou Diallo, Sekou Fofana, Ousmane Camara sont frères et sœurs. Si Soumah, Barry et Keita sont identiques alors Abdoulaye Barry, Mohamed Doussou Keïta, Soumah Lettres et Moussa Keita forment une famille. Une autre similitude entre les voleurs Sylla, Conté, Bah et Condé, d’où le lien familial entre Sembene Ousmane Sylla Sos, Toubib Missira Bah, Mory Condé et Alya Conté.
Nous sommes tous religieux, musulmans ou chrétiens, on nous rabâche souvent que Dieu ne se trompe jamais. Alors, rendons nous à l’évidence pour une fois qu’il ne s’est pas trompé de réunir dans un même pays. Il l’a fait parce qu’il sait que nous sommes compatibles et interdépendants. Apprenons donc à vivre ensemble, à cultiver l’amour et l’impartialité. Ouvrons nos cœurs à la fraternité et libérons nos esprits au-delà de nos zones de confort. En dépit de nos différences de langues et de coutumes, nous avons un magnifique trésor en commun : la GUINÉE avec ses ressources faramineuses. Si nous l’aimons vraiment sans hypocrisie, tirons la de la torpeur en bannissant l’ethnocentrisme et le sociocentrisme, en valorisant notre devise : TRAVAIL-JUSTICE-SOLIDARITÉ.
Puisse Dieu bénir Nènè la Guinée. Amen
NB : Ce texte est ressuscité du plus profond de mes archives. Je l’avais écrit et publié le 15 sept 2017. Près de 3ans après, les mentalités n’ont toujours pas changées dans mon pays, donc j’en ai fait une sorte de 2e ÉDITION.
Naby Laye CAMARA, étudiant en médecine