La réception du Président Alpha Condé ce jeudi 31 octobre, a lourdement impacté le fonctionnement des services publics de l’administration publique, y compris les hôpitaux de la capitale. Dans les différents départements sillonnés, la grande majorité des travailleurs et les chefs de services ont brillé par leur absence. Egalement, tous les bureaux étaient presque fermés.
Après plusieurs jours hors du pays, le président Condé a regagné Conakry ce jeudi. Au regard du contexte politique actuel du pays, ses partisans ont jugé utile de lui réserver un accueil chaleureux. L’objectif vise à montrer à l’opinion internationale qu’Alpha Condé a bel et bien le soutien « de la majorité de la population », notamment pour son projet de nouvelle constitution. Cette grande réception apparaît donc comme une réponse à la grande mobilisation des militants du FNDC il y a une semaine à Conakry.
Pour donner une parfaite réussite à l’événement, les ministres de la république, se sont tous bougés dans le cadre de la mobilisation. Conséquences, tous le personnel de l’administration centrale ont été amené à rejoindre la cause. Ainsi, durant toute la journée de ce jeudi, les services d’État sillonnés par nos reporters, présentaient une image désertique ou presque rien n’était fonctionnel.
Au ministère de l’éducation nationale et de l’alphabétisation où nos équipes sont arrivées aux environs de 9h, l’image donnait l’impression d’un jour non ouvrable. Un jeune cadre rencontré dans les locaux a sous couvert d’anonymat, exprimé toute sa déception face à la situation.
« Vous le voyez déjà, tout le monde est rentré. c’est vrai que le président mérite un accueil du à son rang, mais paralysé toutes les activités, je suis vraiment contre cette idée. Le développement d’un peuple repose sur l’éducation, notre ministère devrait faire exception tout en assurant le service minimum, mais tout est vide c’est vraiment grave. Je suis obligé de rentrer à la maison comme les autres », a déploré ce jeune cadre.
Après le département de l’éducation, nos équipes se sont rendues aux ministères des mines, de la santé et de la fonction publique. Dans tous ces lieux, le constat était le même. Tous les travailleurs avaient boudé le service pour être à l’accueil du président.
A l’hôpital Ignace Deen, le nombre de médecins était dénombrable au bout des doigts. Les patients hospitalisés étaient presqu’abandonnés à eux-mêmes. Cela a irrité la colère d’un jeune souffrant du diabète qui était venu pour ses soins.
« Je souffre du diabète, chaque matin, je me rends à l’hôpital pour voir mon soignant, mais aujourd’hui je suis venu trouver les médecins sont absents. Quand j’ai demandé, ils m’ont dit qu’ils sont à la réception du Président de la République. Je suis vraiment choqué, j’ai payé le transport pour ne rien, je suis obligé de retourner à la maison pour attendre demain bon sens de Dieu », se lamente Mamadouba Sylla.
Après le centre hospitalier d’Ignace Deen, nos équipes se sont rendues dans les lycées 2 Octobre de Kaloum, 1er mars de Matam et le lycée Kipé de Ratoma. Dans ces établissements scolaires, élèves et professeurs, tous avaient fui les lieux pour se rendre à l’aéroport à la demande des autorités du secteur.
Au grand marché de Madina, tous les commerçants acquis pour la cause de la nouvelle constitution, avaient aussi fermé leurs boutiques et magasins pour être à la dimension de la réception.
S’agissant de l’état de la circulation, la route le prince dans le fief de l’opposition, a connu sa respiration habituelle alors que l’ autoroute Fidel Castro, a tout au long de la journée, vibré au rythme de soutien à une nouvelle constitution.
Mamady Kansan DOUMBOUYA