La fête de Tabaski est la plus grande fête du calendrier musulman. Appelée L’aïd el-Kébir en arabe, la Tabaski est fêtée deux mois dix jours après le ramadan. En guinée, elle est marquée par le déplacement massif des populations vers leurs différents villages. C’est une occasion de grandes jouissances et de retrouvailles. Ceux n’ayant pas eu cette opportunité, font aussi leur fête dans leurs différentes villes de résidence.
Pour la fête de ce dimanche, nombreuses villes de la Guinée, ont connu une journée de réjouissances merveilleuses. Mais la capitale Conakry, malgré tous les préparatifs et l’engouement qui régnaient la veille dans l’espoir de passer un dimanche de fête lumineux, ont été voués à l’échec. Pour cause, une forte et incessante pluie s’est abattue sur la ville durant toute la journée. Conséquences, aucune manifestation de célébration n’a pu se faire. Également, les lieux de prières n’ont connu aucune affluence. Peu de fidèles ont pu rallier les mosquées dans les différents quartiers pour acquitter de leur devoir.
Ce dimanche de Tabaski morose, s’est inscrit autrement dans la culture festive du pays. Contrairement aux célébrations habituelles, les quelques peu de citoyens qui se sont retrouvés dans différentes mosquées, n’ont prié qu’entre eux. Aucun responsable de l’administration publique qui officient les prières, n’a été aperçu, même les acteurs politiques à part ceux qui sont alliés à l’intérieur du pays.
Cette année, le chef de l’Etat a décidé de fêter cette Tabaski auprès de son homologue Burkinabè. Le premier ministre, quant à lui, séjourne actuellement à la Mecque pour ses obligations religieuses. Les autres membres du gouvernement, les leaders politiques et tant d’autres, résident actuellement à l’intérieur auprès des siens. C’est le cas par exemple du chef de file de l’opposition Cellou Dalein, qui a fêté à Labé et le président de l’ UFR Sidya Touré, à Boffa.
A Conakry, l’incessante pluie a commencé depuis la nuit du samedi. A cause de ce maussade moment, les habits de fête chèrement achetés dans les marchés, ont gardé leurs pliés peut être pour les jours qui suivent.
« Ma famille et moi, n’avions pas pu nous rendre à la mosquée à cause de cette pluie. Mais nous avons fait notre prière à la maison. Nous espérons que le Tout Puissant les exhaussera. Nous souhaitons une bonne fête à tous les musulmans », a exprimé Mamoudou Soumah, un citoyen de Matoto.
Dans les familles, les appels en direction d’autres quartiers de la ville, se passaient partout pour savoir si la réalité était de même. Tous ont fini par réaliser que Conakry est totalement sous le contrôle de la pluie. Cette situation a lourdement affecté la fluidité de la circulation. Seulement les femmes de ménages étaient aperçues en chemin de départ pour les marchés de condiments ou du retour à la maison.
Les salutations traditionnelles et les visites de courtoisie entre les familles, ont été impossibles. Ce sont les appels téléphoniques qui ont comblé le vide. L’immolation des sacrifices, se sont également déroulées sous cette pluie battante.
« Dans la grande famille, nous avons immolé deux bœufs et un bélier. Comme nous n’avons pas d’espace pour abriter les travaux, nous avons jugé utile de louer deux tentes que je vais déposer comme ça», nous raconte un jeune homme du nom de Fodé.
Mme Konaté, après sa cuisine, devrait rendre visite à ses parents avec des plats copieux, mais impossible.
« Je viens de préparer deux plats préférés de mon papa qui est venu fêter auprès de mes frères à gomboyah, mais jusqu’à présent, je ne parviens pas à sortir à cause de cette pluie », se lamentait cette dame aux environs de 13h.
Tout comme elle, plusieurs autres femmes se sont vues dans cette impossibilité de livrer des plats aux différents parents, amis et connaissances.
En Guinée, plus de 80% de la population, sont des musulmans. Dans toutes les villes, les fidèles profitent des grandes fêtes pour se réunir auprès d’ultimes repas et du thé. Ils discutent, rient, bref, ils se réjouissent du mieux qu’ils peuvent pour exprimer leur joie. Cette année, Conakry n’a pas connu cette sensation.
Les enfants les plus joyeux et profitants de ces fêtes, à travers les rondes de récoltes de leur « bonne fête » dans les familles et dans les lieux publics pour s’acheter des friandises, ont assisté impuissamment leur journée de traite s’évader sous la domination de la pluie.
Par cette journée pluvieuse, les risques d’inondations sont fort probables.
Mariam KANTE