Les artistes et les managers de la musique guinéenne notamment, urbaine vivent très souvent de la pluie et le beau temps mais aussi de la gloire, du désespoir, de la magie des succès commerciaux et de la descente aux enfers.
De l’ombre à lumière, on n’a l’impression qu’ils survivent des feux de la géhenne pour voir le voile se lever sur un ciel ensoleillé mais aussi, inversement, l’on assiste à la chute vertigineuse de bons nombres d’auteurs, compositeurs et interprètes qui pour la plupart, sont victimes de la boulimie insatiable de leurs maisons de productions et de leurs managers ou encore victimes de leurs propres ignorances de la règle du Game:
« la gestion de carrières, la maximisation du profit, l’harmonisation à la loi de la demande, être en main de créer de la valeur ajoutée à leurs œuvres et produits auxiliaires, bref ; créer, vendre et se maintenir.’’
Malheureusement, bons nombres de succès commerciaux finissent sur le tapis des échecs et croupissent sous le joug de la misère économique, des états dépressifs, des maladies, de la drogue, mais aussi (pour les plus opportunistes).
Les louanges démagogiques de hautes personnalités véreuses, l’arnaque, par la conception de faux projets aux budgets démesurés et fictifs, la prostitution de l’éthique par exemple, dans l’univers du rap en particulier et du hip-hop en général.
Parmi les succès inexploités tels des mines, on dénombre quasiment les artistes de la Oldschool morts mais vivants, créatifs mais grabataires, talentueux mais malades et sans argent pour se refaire une santé de fer. C’est à ce moment opportun que leurs anciens producteurs ou managers, tentent en vain de redorer le blason, de se refaire une image de sauveurs alors qu’ils sont les causes premières de la destruction du destin des misérables artistes aux lourds passés et aux futurs incertains.
Ces auteurs qui ont lutté pour la promotion de la justice sociale, la démocratie, l’essor économique, finissent souvent aux chevets des lits hospitaliers et incapables de payer les frais de santé et d’hospitalisation.
En guise d’illustrations, le rappeur Big-Dré (paix à son âme), a dans son célébrissime single « THUG LIFE » extrait de son unique album solo, connu un plein succès commercial, des dates de tournées et des concerts à travers le pays et dans la sous région. Cela entrainerait des entrées de caisses non négligeables permettant à l’artiste de s’offrir une résidence d’artiste au bras de mer de Yimbaya et à son producteur ‘’avare, avide, égoïste’’ et perdu dans les nuages des chiffres d’affaires. C’est la belle lune mais aussi des litiges de partages et des conflits d’intérêts comme un gros butin d’un film western, la ruée vers l’or causant ainsi une dualité sans qualificatif.
Les temps étaient nuageux pour le rappeur. La maladie telle l’orage dans le ciel, lui violente le physique. Big Dré connaitra alors une fin pénible suite aux coûts financiers d’une rare maladie.
Malik Kébé, ex patron, magnant du showbiz de l’époque, prendra le devant de la scène pour sauver la vie de l’artiste.
Elie Kamano, Moussa Mbaye et d’autres, s’offrent un spectacle de cotisations sous la lumière et la propagande des médias. Malheureusement, sur cette route de sauvetage, un conflit de leadership éclate entre les ténors et notre héro tire sa révérence après un bref règne sur le monde du rap guinéen, tout en bénéficiant de grandes funérailles ‘’inutiles’’ car l’artiste n’était plus.
Aussi, le légendaire « MAGIKA » du groupe Mifa Gueya, dépossédé de ses facultés mentales, erre dans les rues de la capitale, ambulant comme le vent de la malédiction. Il arpente les montagnes du fouta, mouvant comme le sable du désert, squattant les artères de Labé et de Pita, déboussolé par l’amas de stresse, la drogue dure et les soucis que génère la gestion du succès commercial (plus grosse vente de k7 en matière de musique urbaine).
Le co-auteur de Kondébili, est actuellement sans prise en charge médicale (psychiatrique) et on espère qu’il se rétablira sans propagande médiatique ni appels aux secours comme le cas précédent.
Des questions me taraudent l’esprit
Que se cache t-il derrière ces supposées actes de solidarité envers les artistes grabataires au chevet du désespoir?
La médiatisation des pseudo-bienfaiteurs qui tirent le salaire de leurs bienfaits dans les applaudissements de l’opinion publique est elle inutile?
Opportunité ou solidarité?
Telle est le flux des interrogations qui font de moi un sceptique anonyme.
Amonhotep Béavogui