Alors que s’ouvre ce mercredi à Lyon (France) la conférence des donateurs du ‘Fonds mondial contre le VIH, la tuberculose et la malaria’, destinée à mobiliser les financements pour lutter contre ces maladies pour les trois prochaines années, l’organisation médicale humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) tire un bilan alarmant de la situation en Guinée. Dans ce pays, un grand nombre des besoins sont malheureusement encore non couverts et les fonds disponibles pour appuyer les programmes de prévention et traitement VIH ne sont pas à la hauteur de ces immenses besoins.
La lutte contre le VIH en Guinée accuse un grand retard par rapport au reste du continent et de la région. Entre 2010 et 2016, l’incidence (nombre de nouveaux cas) du VIH en Guinée n’a diminué que de 5%, alors que la région de l’Afrique de l’Ouest et Centrale enregistrait une baisse de 12%. Dans le reste de l’Afrique subsaharienne la baisse était même de 26%. Durant cette même période, les décès en lien avec le VIH ont augmenté de 7% en Guinée alors qu’ils ont diminué de 27% dans la région et de 37% dans le reste de l’Afrique1.
Les équipes de MSF, qui mènent depuis 2003 des projets de lutte contre le VIH dans le pays, sont chaque jour témoins des immenses difficultés et obstacles qui plongent le pays dans cette situation particulièrement grave.
« Les lacunes dans la réponse au VIH sont malheureusement présentes à tous les niveaux », alerte le docteur Christine Bimansha coordinatrice du projet VIH de MSF à Conakry. « La chaîne d’approvisionnement en médicaments essentiels est extrêmement faible, entraînant des ruptures parfois sévères dans de nombreux centres du pays. Les tests de charge virale ne sont souvent pas disponibles et les services de prévention de la transmission de la mère à l’enfant restent un défi majeur. Le fait que MSF ait à traiter chaque jour des patients en stade avancé de la maladie reflète l’ampleur de ces lacunes. »
Pour MSF, les obstacles à la lutte contre le VIH en Guinée sont également renforcés par la grande méconnaissance de la maladie et la stigmatisation culturelle qui perdure autour d’elle, ce qui freine d’autant plus le dépistage, le démarrage et l’adhérence au traitement.
« Beaucoup de personnes vivant avec le VIH dans le pays ne connaissent pas encore leur statut et sont en réalité à mettre sous traitement », poursuit le Dr. Bimansha. « Améliorer le travail d’information, de prévention, de dépistage mais aussi l’accompagnement psychosocial des personnes vivant avec le VIH s’impose urgemment. Malheureusement, les fonds disponibles pour relever ces défis restent dramatiquement. »
1 Rapport consultatif du BIG sur la mise en œuvre des subventions en Afrique de l’Ouest et Centrale
Le financement des programmes VIH est particulièrement problématique en Guinée. De par sa pauvreté et son contexte socio-économique, elle dépend fortement des financements extérieurs. Or, les bailleurs se font rares dans le pays et la majorité des acteurs impliqués dans la réponse au VIH sont tributaires de l’aide financière du Fonds mondial, unique grand donateur pour la Guinée.
« Par conséquent, l’avenir du pays dans ce domaine dépend fortement des montants qui seront alloués cette semaine au Fonds mondial et de la décision d’allocation du Fonds Mondial à la Guinée qui interviendra en décembre prochain», explique Arnaud Badinier, chef de mission de MSF basé à Conakry. « Il est illusoire de penser que la Guinée est en mesure d’augmenter à court terme ses financements publics pour répondre aux lacunes actuelles. Le Fonds Mondial doit donc impérativement être en mesure de renforcer son appui, et d’autres bailleurs devraient venir appuyer cette lutte dans le pays. »
En 2018, on estime à 4,400 les personnes décédées des suites du VIH en Guinée. Soit en moyenne une toutes les heures. Pourtant depuis plusieurs années déjà, le VIH/SIDA est une maladie traitable. Les patients ayant accès aux soins peuvent aujourd’hui mener une vie normale et un très grand nombre de décès sont évitables. Il est en outre possible d’enrayer la transmission et la propagation du virus grâce aux mesures de prévention et de sensibilisation adéquates.
« Si les efforts nécessaires de tous les acteurs de la lutte contre la maladie ne sont pas mobilisés, il ne sera pas possible d’accélérer la riposte dans le pays alors que moins de la moitié des patients ont aujourd’hui accès au traitement. Pire encore, il y a même un risque réel de recul par rapport à la situation actuelle », conclut Arnaud Badinier. « Toute baisse de financements aura inévitablement un impact désastreux. MSF appelle donc les donateurs – et notamment ceux alimentant l’enveloppe du Fond Mondial cette semaine – à faire preuve d’ambition dans leurs engagements financiers afin d’enrayer l’épidémie de VIH dans le pays et permettre ainsi à des milliers de personnes de mener une vie décente. »
FIN Médecins Sans Frontières est une organisation médicale humanitaire internationale présente en Guinée depuis 1987. Elle collabore avec le ministère de la Santé dans la prise en charge gratuite des personnes vivant avec le VIH depuis 2003. MSF offre à Conakry le dépistage, le traitement et le suivi du VIH, ainsi que des actions de promotion de la santé. L’organisation médicale appuie 8 structures de santé dont le CMC de Matam. Depuis décembre 2016, MSF a ouvert l’Unité de Soins de Formation e Recherche (USFR) au niveau de l’hôpital de Donka ou elle offre une prise en charge complète des patients à un stade avancé de la maladie.
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Mohammed BAH Chargé de Communication, RDC Médecins Sans Frontières Tél. : + (+224) 622 815 817 MSFOCB-Conakry-Com@brussels.msf.org