La Guinée vient d’enregistrer de nouvelles victimes de violence policière. Dans la journée du 04 novembre 2019, alors que les militants du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) et les familles des victimes formaient un cortège funèbre pour aller enterrer les 11 victimes tombées sous les balles lors des manifestations du 14 octobre 2019, trois autres personnes, parmi lesquelles figurent Abdoul Rahim DIALLO, tailleur et Mohamed Sylla, élève, ont été fauchées par balles.
Les forces massées sur le parcours du cortège funèbre sont soupçonnées d‘avoir ouvert le feu suite à des altercations avec certains membres du cortège. Que cherchaient–elles là ? Seule la hiérarchie policière pourrait l‘expliquer dans la mesure où toute démarche pouvant conduire à des affrontements devrait être évitée en ces moments de tension. Dans la foulée, on fait aussi état de six blessés dont Alpha Oumar DIALLO et Amadou Billo DIALLO qui a reçu une balle au dos. Ce cas montre à suffisance que ceux qui ont tiré l‘ont fait de manière délibérée car en matière de balistique toute balle reçue au dos est la preuve que le tireur n‘était pas en état de légitime défense.
L‘Organisation Guinéenne de défense des Droits de l‘Homme et du citoyen (OGDH), encore une fois, condamne fermement l‘usage disproportionné de la force et s‘interroge sur les motivations réelles de ceux qui sément la mort au sein de la population. Voudraient–ils créer le chaos dans un pays qui n‘a que trop souffert des effets pervers du déficit de démocratie? Pourquoi c‘est toujours les pauvres citoyens qui paient le lourd tribut des errements politiques des uns et des autres ?
Outre le premier ministre, le ministre de l‘administration du territoire et le ministre de la sécurité, qui devraient répondre de ces « bavures policières », l‘OGDH en appelle : –A l‘esprit de responsabilité des forces de l‘ordre qui ne doivent pas perdre de vue que l‘exécution d‘un ordre manifestement illégal leur est individuellement imputable.
– Au Président de la République, au nom duquel agissent les donneurs d‘ordre, qui ne doit pas oublier que les plaies, grandement ouvertes, des événements du 28 septembre 2009 ne se sont toujours pas cicatrisées et que l‘histoire retiendra que sous son mandat d‘autres crimes ont été aussi commis. Il doit avoir le courage de dire non à ceux qui avaient entraîné le président Lansana CONTE dans l‘aventure d‘une nouvelle constitution et qui ont repris du service avec son élection en 2010. La Guinée est trop précieuse pour qu‘il la laisse plonger dans le chaos après tant d‘années d‘instabilité politique.
Le président de l’OGDH
DIALLO Abdoul Gadiry