Le Palais du peuple de Guinée, est l’un des premiers grands investissements de la République populaire de Chine en Afrique subsaharienne des années 60. L’édifice est un joyeux bijou qui a été témoin de plusieurs hauts faits de l’histoire de notre pays. En mai 1997, à travers le décret N°97/085, le feu Général Lansana Conté, a fixé ses attributions, son organisation et son mode de fonctionnement, sous l’autorité du Ministre Secrétaire Général de la Présidence. À titre onéreux, le palais du peuple abrite les conférences, réunions, colloques, foires, expositions et séminaires d’intérêt national et international.
Le Palais du peuple est dirigé par un Administrateur Général, chargé de coordonner et de contrôler l’ensemble des activités du palais. Il est assisté d’un service administratif et financier et de deux divisions, une technique et une autre chargée des conférences et spectacles. En ce qui concerne le service SAF, il est l’équivalent d’une direction des affaires administratives et financières, chargé de la gestion du personnel et de la gestion financière et comptable.
Selon les dispositions de l’article 30 du décret 059 portant attribution, organisation et fonctionnement de la Présidence sous cette transition, l’administration du palais du peuple, à l’image d’autres services rattachés à la présidence, fonctionne sur la base des subventions accordées par la présidence. Elle a l’obligation de verser les recettes qu’elle génère dans un compte séquestre ouvert à cet effet à la Banque Centrale.
Bien que cette subvention ne lui soit pas payée, mais le Palais du peuple a toujours généré des recettes issues des différents événements qui s’y passent. Elle fonctionne donc à travers ses propres ressources. Selon les informations venant de la Direction Générale du Trésor et sur la foi des documents que nous disposons, depuis la nomination de l’actuel Administrateur du palais en février 2022, ce sont seulement 15 millions francs guinéens qui ont été versés au trésor. Où sont parties les recettes ?
Pourtant, depuis la venue d’Ibrahim Camara à la tête, le tarif des locations a augmenté à plus de 200 %. Alors qu’il y avait déjà une grille tarifaire fixant par arrêté conjoint le coût des locations des espaces du palais. Pour la location de la salle des congrès, le prix a toujours varié entre 3000.000 et 3.500.000 francs guinéens. Actuellement, cette salle se loue aux promoteurs culturels et autres, entre 10 et 15 millions, sans aucune décision des autorités compétentes en la matière.
Malheureusement, en lieu et place du SAF habilité à recouvrer les recettes du Palais du peuple, c’est l’Administrateur lui-même et son assistant qui émettent les factures. Cela, en violation des textes juridiques qui régulent le fonctionnement du Palais du peuple.
Pire, dans l’organigramme du palais, ce poste d’assistant n’est aucunement mentionné. Mais le nommé Djibril Cissé, malgré son statut de fonctionnaire au Ministère de l’Habitat, exerce cette fonction d’assistant au Palais du peuple avec un salaire mensuel de 4000.000 francs Guinéens, apprend-on.
Pendant ce temps, les femmes balayeuses du palais, ne perçoivent que 200.000 GNF, mais rarement payés à temps. Pour preuve, jusqu’à date, certains nettoyeurs et techniciens de surface payés au même montant peinent à entrer en possession de leur argent. Les électriciens qui assurent la maintenance électrique du palais du peuple, sont aussi dans la même galère depuis plus de 8 mois.
Le SAF, un certain Alia Ousmane Camara, n’est plus associé à la gestion des finances du Palais. C’est désormais l’Administrateur Général Ibrahim Camara et son assistant qui signent à sa place pour toutes les entrées d’argent dont personne ne connaît la destination des montants.
Par ailleurs, le même décret 059 du Colonel Doumbouya, stipule que l’Administrateur Général du Palais du peuple, est nommé par arrêté du ministre Secrétaire général de la Présidence, sur proposition du Ministre Directeur de Cabinet. Les textes précisent que les contractuels de cette administration sont recrutés à la suite d’une sélection compétitive, après avis du Ministre Directeur de Cabinet. Le ministère de la Fonction Publique est associé à l’organisation de ces sélections.
Contrairement à ces dispositions, l’Administrateur Général a fait venir son assistant sans passer par cette procédure. Par la complicité des deux hommes, tous les autres travailleurs qui sont pourtant officiellement affectés au palais, sont écartés de la gestion.
L’autre fait étonnant, est le vol des matériels du palais, notamment les lampadaires électriques pour être emmenés ailleurs.
Aussi, les deux grands magasins dont les clés sont habituellement gardées par les techniciens chinois et le SAF, sont désormais confiées à une nouvelle recrue du nom d’Issiaga Bangoura. Des matériels sont régulièrement soustraits de ces magasins sur la base des bons de sorties qui ne seraient pas justifiés.
Qu’en est-il de la rénovation du Palais du peuple sur un contrat de 82 milliards de francs Guinéens, alors que les travaux et les équipements ont été fournis gratuitement par la Chine ?
A suivre…
Mamoudou Babila KEITA